De gauche à droite, Anouar Kbibech, président de Rassemblement musulmans de France (RMF), Dalil Boubakeur, président du CFCM et recteur de la Grande Mosquée de Paris, Abdallah Zekri, président de l’Observatoire national contre l’islamophobie, Ahmet Ogras, président du Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF) et Moulay el Hassan el Alaoui Talibi, aumônier national des prisons.
La « Convention citoyenne des musulmans de France pour le vivre-ensemble », en gestation depuis des mois à la direction du Conseil français du culte musulman (CFCM), a été présentée à la presse, mercredi 4 juin, à la Grande Mosquée de Paris.
Dalil Boubakeur, président du CFCM, Ahmet Ogras, Anouar Kbibech et Abdallah Zekri, membres de la direction de l’instance, ainsi que Moulay El Alaoui Talibi, l’aumônier national des prisons, étaient présents lors de la conférence de presse. Le document de 14 pages (à télécharger à la fin de l'article) y était présenté comme une « référence » qui doit être distribuée aux mosquées de France.
« Au bout de 10 ans, il y avait un besoin de répondre à des questions récurrentes », indique à Saphirnews Ahmet Ogras à la tête du Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF).
Dalil Boubakeur, président du CFCM, Ahmet Ogras, Anouar Kbibech et Abdallah Zekri, membres de la direction de l’instance, ainsi que Moulay El Alaoui Talibi, l’aumônier national des prisons, étaient présents lors de la conférence de presse. Le document de 14 pages (à télécharger à la fin de l'article) y était présenté comme une « référence » qui doit être distribuée aux mosquées de France.
« Au bout de 10 ans, il y avait un besoin de répondre à des questions récurrentes », indique à Saphirnews Ahmet Ogras à la tête du Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF).
« Un message d’union des musulmans »
La convention découpée en deux grands chapitres (« Les musulmans au sein de la société française » et « Le CFCM et les attentes des musulmans de France ») aborde des sujets vastes allant de la citoyenneté à la bioéthique musulmane, en passant par les rites alimentaires, l’islamophobie, la femme musulmane, ou encore le dialogue interreligieux. Le contenu, très généraliste, apparaît bien maigre. Mais les responsables du CFCM assurent que chaque article sera développé. Ce n’est qu’« un début », insistent-ils.
La charte est d'abord présentée comme un document ayant « pour but de rappeler la place du citoyen français de confession musulmane au sein de la communauté nationale, ses droits et ses devoirs », selon les termes de Chems-Eddine Hafiz, autre membre du bureau exécutif du CFCM, qui précise que toutes les fédérations composant l'instance ont participé à sa rédaction.
« C’est un message d’union des musulmans. Un message d’expression de leur vérité. L’expression de la meilleure connaissance de leur religion, de leurs pratiques, des aspects de la religion musulmane qui est d’abord une religion de tolérance, de vivre-ensemble, de paix, qui veut apporter au contexte français un élément de progrès et de jeunesse, de paix, de dialogue et d’ouverture », argue de son côté Dalil Boubakeur, ajoutant que la Convention sera également portée à la connaissance des pouvoirs publics.
Sa rédaction semble affaire de communication. Le CFCM, souvent critiqué par les musulmans par son inaction, veut montrer, par là, qu’il agit.
La charte est d'abord présentée comme un document ayant « pour but de rappeler la place du citoyen français de confession musulmane au sein de la communauté nationale, ses droits et ses devoirs », selon les termes de Chems-Eddine Hafiz, autre membre du bureau exécutif du CFCM, qui précise que toutes les fédérations composant l'instance ont participé à sa rédaction.
« C’est un message d’union des musulmans. Un message d’expression de leur vérité. L’expression de la meilleure connaissance de leur religion, de leurs pratiques, des aspects de la religion musulmane qui est d’abord une religion de tolérance, de vivre-ensemble, de paix, qui veut apporter au contexte français un élément de progrès et de jeunesse, de paix, de dialogue et d’ouverture », argue de son côté Dalil Boubakeur, ajoutant que la Convention sera également portée à la connaissance des pouvoirs publics.
Sa rédaction semble affaire de communication. Le CFCM, souvent critiqué par les musulmans par son inaction, veut montrer, par là, qu’il agit.
Des colloques sur le radicalisme
La « Convention Citoyenne des Musulmans de France pour le vivre-ensemble » du CFCM.
Le moment choisi pour présenter la convention est plus qu’opportun, car il intervient au moment où, une fois de plus, les yeux sont rivés sur la communauté musulmane après l’arrestation de Mehdi Nemmouche, un « jihadiste » ayant fait un séjour en Syrie, soupçonné d’être l’auteur de la fusillade au Musée juif de Bruxelles.
D’ailleurs, mercredi, l’échange avec les journalistes bascule rapidement et essentiellement sur le radicalisme. L’instance se saisit de l’occasion pour marteler que l’islam n’a rien à voir avec les actes reprochés au suspect de Bruxelles. « Les musulmans refusent d’être les otages de quelques brebis galeuses », lance Anouar Kbibech, président du Rassemblement des musulmans de France (RMF).
Le CFCM ne cache pas son inquiétude de voir des jeunes musulmans sombrer dans le radicalisme, qui fait l'objet d'un article dans sa convention. « Ce phénomène de radicalisation nous interpelle. Il y a une vraie prise de conscience qui nécessite de faire du préventif et de l’éducatif », poursuit M. Kbibech, faisant savoir que le RMF organise un colloque sur le sujet en septembre prochain. Ex-membre de cette fédération proche du Maroc, Mohammed Moussaoui a également choisi de se pencher sur la question. L’ancien président du CFCM, à la tête aujourd’hui de l’Union des mosquées de France (UMF), a ainsi lancé des « états généraux sur le radicalisme religieux ».
Au-delà de ces initiatives éparpillées, le rôle des aumôniers musulmans de prison, lieu fréquent de radicalisation, est essentiel, note M. El Alaoui Talibi. Mais avec seulement 170 aumôniers musulmans en France, l’aumônier national explique que leur mission pâtit du manque de moyens.
Tout en faisant remarquer que les cas de radicalisation pouvant mener à des actes terroristes menés au nom de l’islam restent « isolés », le CFCM déclare vouloir lutter contre l'instrumentalisation du religieux notamment à travers le volet de formation des imams.
D’ailleurs, mercredi, l’échange avec les journalistes bascule rapidement et essentiellement sur le radicalisme. L’instance se saisit de l’occasion pour marteler que l’islam n’a rien à voir avec les actes reprochés au suspect de Bruxelles. « Les musulmans refusent d’être les otages de quelques brebis galeuses », lance Anouar Kbibech, président du Rassemblement des musulmans de France (RMF).
Le CFCM ne cache pas son inquiétude de voir des jeunes musulmans sombrer dans le radicalisme, qui fait l'objet d'un article dans sa convention. « Ce phénomène de radicalisation nous interpelle. Il y a une vraie prise de conscience qui nécessite de faire du préventif et de l’éducatif », poursuit M. Kbibech, faisant savoir que le RMF organise un colloque sur le sujet en septembre prochain. Ex-membre de cette fédération proche du Maroc, Mohammed Moussaoui a également choisi de se pencher sur la question. L’ancien président du CFCM, à la tête aujourd’hui de l’Union des mosquées de France (UMF), a ainsi lancé des « états généraux sur le radicalisme religieux ».
Au-delà de ces initiatives éparpillées, le rôle des aumôniers musulmans de prison, lieu fréquent de radicalisation, est essentiel, note M. El Alaoui Talibi. Mais avec seulement 170 aumôniers musulmans en France, l’aumônier national explique que leur mission pâtit du manque de moyens.
Tout en faisant remarquer que les cas de radicalisation pouvant mener à des actes terroristes menés au nom de l’islam restent « isolés », le CFCM déclare vouloir lutter contre l'instrumentalisation du religieux notamment à travers le volet de formation des imams.
Le CFCM face au manque de moyens
Reste qu’autour du CFCM naissent « beaucoup d’attentes » alors qu’il a « très peu de moyens », selon ses responsables. La « Convention citoyenne des musulmans de France pour le vivre-ensemble », qui a vocation à être distribuée dans toutes les mosquées, apparaît dans ce contexte.
La charte a l'utilité d'apporter des réponses globales à une société sur des questions qui sont régulièrement posées aux musulmans quant à la présence et la visibilité de l'islam en France et, dans le même temps, de présenter leurs attentes quant à un traitement égalitaire de leur culte, en réaffirmant le principe de non discrimination entre les citoyens et la nécessité de lutter contre l'islamophobie.
En revanche, son usage dans les lieux de culte pose question. « Tous les imams auront la charte. En cas de questionnement de la communauté, ils pourront répondre », assure M. Boubakeur. Difficile de croire qu’un tel document puisse être brandi par les religieux habitués à répondre aux questionnements des fidèles autrement, d'autant que le contenu de la charte apparaît des plus naturels pour une majorité de musulmans. Si l’intention d’apporter un socle commun aux musulmans de France est là, l'initiative ne suffira pas au CFCM pour gagner en crédibilité auprès d’une communauté toujours aussi critique à son égard.
Téléchargez la Convention citoyenne des musulmans de France pour le vivre-ensemble du CFCM ici :
La charte a l'utilité d'apporter des réponses globales à une société sur des questions qui sont régulièrement posées aux musulmans quant à la présence et la visibilité de l'islam en France et, dans le même temps, de présenter leurs attentes quant à un traitement égalitaire de leur culte, en réaffirmant le principe de non discrimination entre les citoyens et la nécessité de lutter contre l'islamophobie.
En revanche, son usage dans les lieux de culte pose question. « Tous les imams auront la charte. En cas de questionnement de la communauté, ils pourront répondre », assure M. Boubakeur. Difficile de croire qu’un tel document puisse être brandi par les religieux habitués à répondre aux questionnements des fidèles autrement, d'autant que le contenu de la charte apparaît des plus naturels pour une majorité de musulmans. Si l’intention d’apporter un socle commun aux musulmans de France est là, l'initiative ne suffira pas au CFCM pour gagner en crédibilité auprès d’une communauté toujours aussi critique à son égard.
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