Au Maroc, la récitation du Coran se fait selon la lecture (qirâ’a) dite « de Warsh (d’après Nâfi‘) ». Il s’agit de l’une des deux versions actuellement les plus en usage dans le monde musulman avec celle dite « de Hafs (d’après ‘Âsim) ». Majoritaire, cette dernière a reçu en 1923 une sorte de sanction officielle en étant adoptée pour l’édition égyptienne standard.
Il existe au total 14 lectures admises du Coran, parmi lesquelles 7 sont considérées comme canoniques. Néanmoins, ces quatorze variantes ne différent pas fondamentalement entre elles et n’affectent donc pas, globalement, le sens du Texte.
Les différences sont d’ordre phonétique — kuffâr / kuffêr, « mécréants » —, morphologique — ‘amilat / ‘amilat-hu, « ce que fit » —, lexicographique — kabîr, « grand » / kathîr « nombreux » — et plus rarement syntaxique — wa-bi-l-Zubur wa-bi-l-Kitâb / wa-l-Zubur wa-l-Kitâb, « (avec) les Psaumes et le Livre ».
Très tôt, le Coran a été conservé sous une forme orale et mis par écrit, du vivant même du Prophète ou peu après sa mort. Les différentes sourates ont été en effet recueillies et mises en ordre pour la première fois par ses Compagnons. C’est sous le règne du troisième calife, ‘Uthmân (644-656), que sera établi le recueil qui servira de Vulgate (al-Mushaf al-Imâm).
Cette recension, néanmoins, n’était jamais que l’une de celles qui existaient pendant les quatre premiers siècles de l’islam. D’autres « lectures » (qirâ’ât) ou « recueils » (masâhif), attribués à plusieurs Compagnons du Prophète, étaient en usage. Les plus fréquemment cités sont ceux d’Ibn Mas‘ûd à Koufa, d’Abû Mûsâ à Bassorah, et de Ubayy en Syrie.
La Vulgate ‘uthmanienne s’imposera péniblement, notamment à Koufa. La première version, écrite en hijâzî, ne comportait ni voyelles, ni points diacritiques : treize lettres servaient ainsi à transcrire une trentaine de sons. Ce sera là une première source de divergence à partir d’un texte voulu pourtant normatif, plusieurs combinaisons de sens étant possibles pour une même série de lettres.
Il existe au total 14 lectures admises du Coran, parmi lesquelles 7 sont considérées comme canoniques. Néanmoins, ces quatorze variantes ne différent pas fondamentalement entre elles et n’affectent donc pas, globalement, le sens du Texte.
Les différences sont d’ordre phonétique — kuffâr / kuffêr, « mécréants » —, morphologique — ‘amilat / ‘amilat-hu, « ce que fit » —, lexicographique — kabîr, « grand » / kathîr « nombreux » — et plus rarement syntaxique — wa-bi-l-Zubur wa-bi-l-Kitâb / wa-l-Zubur wa-l-Kitâb, « (avec) les Psaumes et le Livre ».
Très tôt, le Coran a été conservé sous une forme orale et mis par écrit, du vivant même du Prophète ou peu après sa mort. Les différentes sourates ont été en effet recueillies et mises en ordre pour la première fois par ses Compagnons. C’est sous le règne du troisième calife, ‘Uthmân (644-656), que sera établi le recueil qui servira de Vulgate (al-Mushaf al-Imâm).
Cette recension, néanmoins, n’était jamais que l’une de celles qui existaient pendant les quatre premiers siècles de l’islam. D’autres « lectures » (qirâ’ât) ou « recueils » (masâhif), attribués à plusieurs Compagnons du Prophète, étaient en usage. Les plus fréquemment cités sont ceux d’Ibn Mas‘ûd à Koufa, d’Abû Mûsâ à Bassorah, et de Ubayy en Syrie.
La Vulgate ‘uthmanienne s’imposera péniblement, notamment à Koufa. La première version, écrite en hijâzî, ne comportait ni voyelles, ni points diacritiques : treize lettres servaient ainsi à transcrire une trentaine de sons. Ce sera là une première source de divergence à partir d’un texte voulu pourtant normatif, plusieurs combinaisons de sens étant possibles pour une même série de lettres.
Le système d'Ibn Mujâhid
Au début du Xe siècle, le système graphique précis introduit par al-Hajjâj (694-714) est devenu d’un emploi généralisé. Paradoxalement, les différences s’accentuent. La rivalité entre les savants est grande, chacun prétendant détenir la vocalisation, et donc la lecture correcte.
Un personnage jouera ici un rôle central. Il s’agit de Abû Bakr Ibn Mujâhid (m. 936), qui entreprendra la réforme la plus importante après la recension du calife ‘Uthmân. Comprenant qu’il était désormais devenu impossible de réaliser une uniformité absolue, il entreprit de réduire le nombre des lectures acceptables. Il choisit donc sept professeurs de Coran bien connus du VIIIe siècle et déclara que leurs lectures avaient toutes une autorité qui manquait aux autres. Sa décision était notamment fondée sur le hadith dans lequel le Prophète dit que le Coran lui a été révélé en « sept ahruf » ou « variantes de lecture ». Il développera cette théorie dans son traité al-Qirâ’ât al-sab‘ (Les Sept Lectures). Elle sera adoptée par les vizirs Ibn Mukla et ‘Alî Ibn ‘Îsâ et rendue officielle en 934.
Au-delà de la légitimation hadistique (en amont) et politique (en aval), le système de Ibn Mujâhid correspondait à la situation de facto. Chacune des lectures retenues correspondait en effet à l’un des grands centres d’études coraniques : Médine (Nâfi‘), La Mecque (Ibn Kathîr), Bassorah (Abû ‘Amr), Damas (Ibn ‘Amîr) et Koufa (‘Âsim, Hamza et al-Kisâ’î).
Première parution de cet article le 11 février 2012, dans Zaman France
Un personnage jouera ici un rôle central. Il s’agit de Abû Bakr Ibn Mujâhid (m. 936), qui entreprendra la réforme la plus importante après la recension du calife ‘Uthmân. Comprenant qu’il était désormais devenu impossible de réaliser une uniformité absolue, il entreprit de réduire le nombre des lectures acceptables. Il choisit donc sept professeurs de Coran bien connus du VIIIe siècle et déclara que leurs lectures avaient toutes une autorité qui manquait aux autres. Sa décision était notamment fondée sur le hadith dans lequel le Prophète dit que le Coran lui a été révélé en « sept ahruf » ou « variantes de lecture ». Il développera cette théorie dans son traité al-Qirâ’ât al-sab‘ (Les Sept Lectures). Elle sera adoptée par les vizirs Ibn Mukla et ‘Alî Ibn ‘Îsâ et rendue officielle en 934.
Au-delà de la légitimation hadistique (en amont) et politique (en aval), le système de Ibn Mujâhid correspondait à la situation de facto. Chacune des lectures retenues correspondait en effet à l’un des grands centres d’études coraniques : Médine (Nâfi‘), La Mecque (Ibn Kathîr), Bassorah (Abû ‘Amr), Damas (Ibn ‘Amîr) et Koufa (‘Âsim, Hamza et al-Kisâ’î).
Première parution de cet article le 11 février 2012, dans Zaman France
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