Politique

Le FN et les Jeunes Identitaires, même combat

Rédigé par Leïla Belghiti | Mardi 9 Mars 2010 à 00:07

J − 6 pour les élections régionales. Les campagnes battent le plein, et chacun y va de sa manière. Le Front national (FN) a, lui, choisi le terrain le plus facile et en même temps le plus porteur, qui le mène d'année en année (depuis plus de quinze ans) vers une popularité croissante auprès des Français. Un parti trop « vieux jeu » pour certains jeunes, qui préfèrent se rallier au grouspuscule des Jeunes Identitaires, un mouvement qui prône le « combat » contre l'immigration.



Cette année, le FN y va franco, en menant une campagne d'affiche « antimusulmans », telle que l'a qualifiée la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA). L'affiche « Non à l'islamisme », un presque copier-coller de l'affiche du parti d'extrême droite helvétique, représentant une femme en burqa et une France aux couleurs algériennes, minée de missiles, a fait l'objet d'un dépôt de plainte, fin février, par l'agence de communication suisse.

D'abord diffusée par le mouvement jeunesse du FN en Provence-Alpes-Côtes-d'Azur et désormais visible partout en France, l'affiche a également fait l'objet d'un dépôt de plainte par la Licra, déboutée lundi après-midi par le tribunal de grande instance de Marseille.

Le FN se réjouit de la décision : « Le président du tribunal de Marseille a consacré le droit pour le Front national, dans une campagne électorale, de faire connaître son opinion sur l’islamisme », a déclaré le parti. « Même si le tribunal ne nous a pas suivis, cela aurait été une honte pour nous de ne pas poursuivre une telle affiche qui est une caricature du message politique, une incitation à la haine raciale », a déclaré à Reuters l'avocat de la LICRA, Me Michel Pezet.

La LICRA déboutée, c'est au tour de SOS Racisme de tenter le coup, en portant plainte directement contre la personne de Jean-Marie Le Pen, leader du FN. Celui-ci devra donc comparaître pour une première audience, devant le tribunal correctionnel de Paris, le 6 mai 2010.

Les Jeunes Identitaires, un grouspuscule d'extrême droite

L'extrême droite n'a pas qu'un visage. Le mouvement des Jeunes Identitaires, dont les idées se rapprochent du Front national n'a pas d'étiquette politique. Fondé en septembre 2002 et jusqu'alors très discret, il multiplie cette année les actions sur le terrain.

Samedi 6 mars, ils défilaient aux côtés de la Ligue du Sud, à Marseille pour « lutter contre l'islamisation de cette ville » et la construction de la Grande Mosquée. Dimanche, une soixantaine de manifestants ont envahi le restaurant Quick de Villeurbanne. Ils sont entrés puis ressortis avant que la police n'arrive. « Nous sommes tous des mangeurs des cochons », « On est chez nous », criaient-ils, portant pour la plupart un masque de cochon, en guise de protestation contre le caractère halal des hamburgers et des chicken du restaurant.

Implanté dans plus de 16 Régions en France, ce grouspuscule se donne pour objectif de « défendre notre terre et notre peuple, autant menacés par la peste que représente l'immigration-invasion que par le choléra mondialiste, nous appelons solennellement tous les jeunes Français et Européens fiers de leurs racines et de leur héritage à rejoindre nos rangs. Parce que l'heure du combat pour la survie et la libération de notre peuple a sonné (...) », peut-on lire sur leur site Internet. Des idées franchement tirées du Front National, mais soutenues par des jeunes. Les graines semées, les plantes ont poussé...

À trois semaines des régionales, le Front national recueillerait 9 % des intentions de vote (résultat 2004 : 8,3 %), devant le Front de Gauche (6 %) et le MoDem (5 %).