Hôte de la COP22 à Marrakech du 7 au 18 novembre 2016, le Maroc est un acteur majeur du développement durable en Afrique et dans le monde. Il est vrai que ce pays, dont certaines régions sont très arides (notamment les provinces du sud), dans lequel le secteur agricole, réel levier de croissance, reste vulnérable aux aléas hydriques, est par exemple directement concerné par le changement climatique. Ce n’est donc pas un hasard si le royaume est signataire de la convention-cadre de 1992 sur le climat et s’il a accueilli la COP7 (à Marrakech déjà) en 2001 ou ratifié le protocole de Kyoto en 2002.
Mais c’est bien d’une prise en compte globale de la dimension du développement durable qu’il s’agit dans la Charte nationale pour l’environnement du 22 avril 2010, un texte initié par le discours du trône prononcé par le roi Mohammed VI en 2009. De manière très juste, le souverain marocain envisageait alors à la fois « la sauvegarde des espaces, des réserves et des ressources naturelles », mais aussi celle des « vestiges et autres monuments historiques » qui font tout autant partie de cet environnement qu’il faut considérer « comme un patrimoine commun de la nation, dont la protection est une responsabilité collective qui incombe aux générations présentes et à venir ». Et le monarque chérifien demandait alors une « politique de mise à niveau graduelle et globale, tant au niveau économique qu'au plan de la sensibilisation », « avec le concours des partenaires régionaux et internationaux ».
Élaborée de manière participative, cette Charte de 2010 a notamment eu comme conséquence juridique une loi-cadre publiée en 2014 qui pose trois principes majeurs de l’action des pouvoirs publics : l’intégration de la protection de l’environnement aux politiques publiques et aux projets de développement ; celle de la contrainte du changement climatique aux mêmes ; enfin, la prise en compte de la croissance verte comme dynamique.
Mais c’est bien d’une prise en compte globale de la dimension du développement durable qu’il s’agit dans la Charte nationale pour l’environnement du 22 avril 2010, un texte initié par le discours du trône prononcé par le roi Mohammed VI en 2009. De manière très juste, le souverain marocain envisageait alors à la fois « la sauvegarde des espaces, des réserves et des ressources naturelles », mais aussi celle des « vestiges et autres monuments historiques » qui font tout autant partie de cet environnement qu’il faut considérer « comme un patrimoine commun de la nation, dont la protection est une responsabilité collective qui incombe aux générations présentes et à venir ». Et le monarque chérifien demandait alors une « politique de mise à niveau graduelle et globale, tant au niveau économique qu'au plan de la sensibilisation », « avec le concours des partenaires régionaux et internationaux ».
Élaborée de manière participative, cette Charte de 2010 a notamment eu comme conséquence juridique une loi-cadre publiée en 2014 qui pose trois principes majeurs de l’action des pouvoirs publics : l’intégration de la protection de l’environnement aux politiques publiques et aux projets de développement ; celle de la contrainte du changement climatique aux mêmes ; enfin, la prise en compte de la croissance verte comme dynamique.
Les pouvoirs publics en action
Un an après la Charte nationale, la Constitution marocaine adoptée en juillet 2011 mentionne les notions de « droit à un environnement sain » et de « développement durable » (art.31). Sur le plan international, le Maroc participe aujourd’hui à la quasi-totalité des organisations onusiennes ayant trait à l’environnement, comme il est partie à plus de 80 accords multilatéraux traitant des diverses dimensions environnementales. Mais contrairement à d’autres États, le Maroc a réellement agi pour mettre en œuvre ces textes.
Sur la base des rapports de son Comité national des indicateurs de développement durable (CNIDD), il a établi des documents de planification, comme sa Stratégie nationale pour la protection de l’environnement et le développement durable (SNPEDD), son Plan d’action national pour l’environnement (PANE) ou son Plan national de lutte contre le changement climatique (PNCC). Il a ensuite renforcé ses organes d’évaluation, dont l’Observatoire national de l’environnement du Maroc (ONEM) et ses Observatoires régionaux. Il a enfin créé des instruments financiers adaptés, comme ses Fonds nationaux de l’environnement, de dépollution industrielle ou de développement énergétique.
L’énergie est justement un domaine où le royaume chérifien est en pointe. Faible émetteur de CO2, il met en œuvre des stratégies efficaces dans le domaine des énergies renouvelables (éolien, solaire…) et a remporté en 2015 le prix de la Conférence des Nations-Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) pour sa politique en la matière. Initiée en 2010, celle-ci a fixé l’objectif de 42 % d’énergies renouvelables – éolien, solaire et hydroélectricité – dans le mix énergétique marocain d’ici 2020, ce qui veut dire, pour les programmes éolien et solaire, une puissance de 4 000 mégawatts, le seul éolien devant permettre d’assurer 14 % de la consommation totale d’électricité du pays. Touchant à l’énergie, avec l’hydroélectricité, mais aussi à la nécessaire sécurisation de son alimentation en eau potable, le Maroc s’est engagé dès les années 1960 dans la création de barrages. Sa Stratégie nationale de l’eau envisage maintenant, à l’horizon 2030, la construction de 60 barrages supplémentaires.
Reste que dans les deux cas que nous venons d’évoquer, le Maroc, s’il met en œuvre des grands chantiers qui frappent les observateurs étrangers, de ses champs d’éoliennes à ses centrales solaires, n’oublie pas le micro-développement. Sur le plan énergétique par exemple, les paysans sont invités à utiliser des pompes solaires en lieu et place de celles consommant des énergies fossiles. Sur celui de la gestion en eau, le « Projet d’intégration du changement climatique dans la mise en œuvre du Plan Maroc Vert » (PICCPMV) forme les petits agriculteurs à des technologies faiblement consommatrices en eau.
Sur la base des rapports de son Comité national des indicateurs de développement durable (CNIDD), il a établi des documents de planification, comme sa Stratégie nationale pour la protection de l’environnement et le développement durable (SNPEDD), son Plan d’action national pour l’environnement (PANE) ou son Plan national de lutte contre le changement climatique (PNCC). Il a ensuite renforcé ses organes d’évaluation, dont l’Observatoire national de l’environnement du Maroc (ONEM) et ses Observatoires régionaux. Il a enfin créé des instruments financiers adaptés, comme ses Fonds nationaux de l’environnement, de dépollution industrielle ou de développement énergétique.
L’énergie est justement un domaine où le royaume chérifien est en pointe. Faible émetteur de CO2, il met en œuvre des stratégies efficaces dans le domaine des énergies renouvelables (éolien, solaire…) et a remporté en 2015 le prix de la Conférence des Nations-Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) pour sa politique en la matière. Initiée en 2010, celle-ci a fixé l’objectif de 42 % d’énergies renouvelables – éolien, solaire et hydroélectricité – dans le mix énergétique marocain d’ici 2020, ce qui veut dire, pour les programmes éolien et solaire, une puissance de 4 000 mégawatts, le seul éolien devant permettre d’assurer 14 % de la consommation totale d’électricité du pays. Touchant à l’énergie, avec l’hydroélectricité, mais aussi à la nécessaire sécurisation de son alimentation en eau potable, le Maroc s’est engagé dès les années 1960 dans la création de barrages. Sa Stratégie nationale de l’eau envisage maintenant, à l’horizon 2030, la construction de 60 barrages supplémentaires.
Reste que dans les deux cas que nous venons d’évoquer, le Maroc, s’il met en œuvre des grands chantiers qui frappent les observateurs étrangers, de ses champs d’éoliennes à ses centrales solaires, n’oublie pas le micro-développement. Sur le plan énergétique par exemple, les paysans sont invités à utiliser des pompes solaires en lieu et place de celles consommant des énergies fossiles. Sur celui de la gestion en eau, le « Projet d’intégration du changement climatique dans la mise en œuvre du Plan Maroc Vert » (PICCPMV) forme les petits agriculteurs à des technologies faiblement consommatrices en eau.
Un acteur écouté et pionnier du développement durable
On sait enfin que le développement durable repose sur trois piliers : environnemental, économique, mais aussi social, et l’un des meilleurs exemples est sans doute ici l’Initiative nationale de développement humain (INDH). Lancée en 2005 par le roi Mohammed VI, elle a permis de réaliser en dix ans 38 341 projets, bénéficiant à plus de 9,7 millions de personnes – dont 50 % en milieu rural -, mis en œuvre par 18 000 acteurs locaux.
C’est donc un acteur écouté et pionnier du développement durable qui aura reçu la COP22, un acteur qui peut être un exemple en même temps qu’un partenaire pour d’autres pays africains. La politique africaine du Maroc, l’un des caps essentiels qu’a fixé pour son pays le roi Mohammed VI, autour de la notion de développement Sud/Sud, est en effet nécessairement concernée par cet aspect du développement durable. Il y a, par exemple, au sein du ministère de l’environnement marocain, un centre de compétence sur les changements climatiques qui travaille avec plusieurs pays africains pour les accompagner dans leurs politiques de gestion des déchets, de traitement des eaux usées ou d’économie circulaire.
Dans cette Afrique au développement fragile, le Maroc peut donc montrer comment intégrer les objectifs internationaux en mêlant grands projets structurants et micro-projets locaux, et rappeler que c’est bien l’homme qui reste au cœur de la notion de développement durable.
C’est donc un acteur écouté et pionnier du développement durable qui aura reçu la COP22, un acteur qui peut être un exemple en même temps qu’un partenaire pour d’autres pays africains. La politique africaine du Maroc, l’un des caps essentiels qu’a fixé pour son pays le roi Mohammed VI, autour de la notion de développement Sud/Sud, est en effet nécessairement concernée par cet aspect du développement durable. Il y a, par exemple, au sein du ministère de l’environnement marocain, un centre de compétence sur les changements climatiques qui travaille avec plusieurs pays africains pour les accompagner dans leurs politiques de gestion des déchets, de traitement des eaux usées ou d’économie circulaire.
Dans cette Afrique au développement fragile, le Maroc peut donc montrer comment intégrer les objectifs internationaux en mêlant grands projets structurants et micro-projets locaux, et rappeler que c’est bien l’homme qui reste au cœur de la notion de développement durable.
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Christophe Boutin est professeur des universités. Extrait du bulletin de novembre-décembre 2016 de l'Observatoire d'études géopolitiques (OEG).
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