Le Président du Mali Amadou Toumani Touré (ATT) et ancien général, qui affirme avoir définitivement troqué l'uniforme pour des vêtements civils, effectue en France sa première visite officielle à l'étranger depuis son élection en mai 2002.
Le dossier délicat qu’il a présenté hier concerne l’immigration clandestine qui fait débat au sein du gouvernement français.
Visite à Montreuil
ATT est venu saluer hier les Maliens de Montreuil qui espèrent un changement après la visite de leur président. La vie dans les foyers est à la limite du vivable. Certains s’étonnent même d’avoir quitté leur région natale, leur famille et ce, dès le plus jeune âge pour vivre dans ces conditions. Dans le foyer Bara de Montreuil la sur-occupation est manifeste. Des lits pliables traînent un peu partout, dans les couloirs, non loin de la cuisine et dans la cour, tandis que dans les chambres, les lits sont entassés. 'Officiellement, le foyer peut accueillir 410 personnes. Mais d'année en année, les communautés ont grossi et nous sommes aujourd'hui probablement plus de 700', commente Traoré Doumbé, un des délégués. A l'entrée du foyer, de petits étals ont été installés pour la vente de cigarettes, de savons, de bouteilles de lait et quelques autres produits 'de dépannage', comme les appellent les résidents. Dans la cour, quelques hommes font griller des épis de maïs qu'ils vendent 50 centimes, 'pour se faire, disent-ils, un peu de sous'. 'Je rappelle qu'on ne s'exile pas par plaisir, mais pour tenter d'échapper à la misère et aider les familles restées au pays (...) Mais, en même temps, l'émigration vide le pays de ses forces vives', a affirmé hier ATT, sous les applaudissements des quelques 500 maliens enthousiastes.
Mais les immigrés touchés par des conditions précaires de travail ne cache pas leurs inquiétudes : 'Mes femmes et quatre enfants sont restés au Mali, je ne veux pas qu'ils viennent ici, ils sont mieux là-bas. Je veux juste travailler pour pouvoir les nourrir et aider mon village mais c'est difficile quand on n'a pas de papiers', confie l'un d'entre eux, arrivé en janvier. 'J'ai manifesté à Bobigny avec les sans-papiers mais je ne sais pas si ma situation va être régularisée', ajoute-t-il.
'C'est nous qui faisons vivre la région de Kayes. Avec l'envoi d'argent, nous contribuons à son développement, nous aidons à la construction d'écoles, de cliniques, de dispensaires, nous faisons le devoir de l'Etat', affirme M. Coulibaly responsable du foyer Bara.
La question de l’immigration au gouvernement
Le ministre de l’intérieur M.Sarkozy s’est exprimé samedi à propos de l’immigration : 'Mon idée est qu'il ne doit exister que deux catégories d'étrangers : ceux qui ont la vocation à s'intégrer en France et à qui nous devons donner les moyens de sortir de la clandestinité, et ceux qui n'ont pas vocation à rester, qui ont fait l'objet d'une décision d'expulsion, décision qui doit alors être exécutée', a-t-il souligné. M. Sarkozy a annoncé qu'il proposera en octobre au Parlement un texte qui donnera au gouvernement 'les moyens juridiques d'endiguer les phénomènes qui, à juste titre, exaspèrent les Français'.
Les sans-papiers attendent et craignent une réaction répressive du gouvernement de droite q’ils ont déjà connus.