Sur le vif

Le cardinal Jean-Marie Lustiger est mort

Rédigé par Laila Elmaaddi | Lundi 6 Aout 2007 à 12:09



Le cardinal Jean-Marie Lustiger archevêque de Paris de 1981 à 2005, est mort dimanche à Paris, à l'âge de 80 ans, des suites d'une grave maladie.

Il est décédé à la Maison Médicale Jeanne-Garnier (XVème arrondissement), un établissement de soins palliatifs dépendant de la fondation des Dames du Calvaire où il avait été admis le 23 avril.

Né juif, Aaron Lustiger a adopté le catholicisme en août 1940, à l'âge de 14 ans, prenant alors le prénom Jean-Marie. "Il s'est converti pour des raisons spirituelles personnelles, pour une quête spirituelle et ça ne l'a jamais empêché de manifester son affection et sa solidarité avec les juifs", a remarqué lundi Richard Prasquier, le président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France). "Par son authenticité, il est arrivé à conquérir" le respect du monde juif, respect qui se donne souvent "avec réticence devant quelqu'un qui s'est converti".

L'ambassadeur d'Israël en France, Daniel Shek, a rendu hommage "à la figure emblématique du dialogue judéo-chrétien". Dans un communiqué, il décrit le cardinal Lustiger comme un "grand ami" de l'Etat hébreu. "L'homme de conviction et de parole qu'il était et son humanité faisaient de lui un être qui tenait une place toute particulière dans le coeur des Israéliens".

"Dans la question des relations entre l'Eglise catholique et le judaïsme, le rôle du cardinal Lustiger a été fondamental", salue le cardinal Georges Cottier, interviewé à Rome par "Le Figaro". "Il est devenu le principal artisan de l'amitié judéo-chrétienne", ajoute-t-il en notant que cela revêt aussi une dimension théologique et que "le cardinal a été l'un des hérauts de ce lien théologique".

L'Islam de France a aussi rendu hommage à cet "homme de coeur et d'esprit". "Mgr Jean-Marie Lustiger a toujours été pour nous, musulmans de France, un homme d'une bienveillance éclairée et d'un conseil sage et prudent", se souvient Dalil Boubakeur, recteur de la grande mosquée de Paris. "Avec tous les évêques de France, il sut trouver des mots forts pour l'accueil de l'étranger et le combat pour la tolérance", rappelle le président du CFCM (Conseil français du culte musulman).

"C'était un homme profondément compatissant, d'abord, avant tout", a rappelé Mgr André Vingt-Trois, qui lui a succédé en 2005 à l'archevêché de Paris. Lors d'une conférence de presse lundi matin, il s'est souvenu de son "intelligence brillante et fulgurante et particulièrement aiguë".

L'archevêque de Lyon, Mgr Philippe Barbarin, a également salué "une intelligence vaste, immense". "Je rends grâce à l'extraordinaire énergie spirituelle qu'il avait", a-t-il déclaré sur RTL, tout en notant que ce "feu spirituel" pouvait parfois "brûler" ceux qui se trouvaient alentour. "Ce n'était pas toujours facile, dit-on, la collaboration avec lui. Mais la beauté de ce qu'il mettait en place se voyait assez rapidement et ensuite entraînait l'adhésion des autres", a témoigné le Primat des Gaules.