Mohamed Garne
Cet homme là est un guerrier. Un dur. Il ne lâchera rien. De sa naissance, résultat d’un viol collectif, à sa jeune vie d’homme perturbée par son passé jusqu’à sa maturité, Mohamed Garne, de la vie, a largement fait ses classes. Un apprentissage douloureux mais qui a marqué cette personnalité qui mène depuis bientôt deux décennies, un combat que d’aucun qualifierait d’homérique. Contre l’Etat qui a longtemps nié les crimes de la guerre d’Algérie, et les bouleversements qu’ils ont entraînés. Contre l’amnésie collective, qu’une loi d’amnistie s’attache farouchement à protéger. Contre l’injustice du passé, enfin, qui semble resurgir dans son présent.
Les stigmates du passé
Tout commence en Algérie, le 19 avril 1960, dans le camp de détention de Theniet al-Had, lieu sinistre où l’armée française a détenu des millions d’algériens. Capturée dans la montagne, la mère de Mohamed, Kheira, est ramenée au camp où, plusieurs jours durant, de nombreux soldats français, « des tas » dira-t-elle, la violeront et la tortureront. De ce viol naîtra Mohamed. Forcée à l’avortement par les soldats, qui iront jusqu’à lui infliger des coups de pieds dans l’abdomen, elle parvient à mettre au monde l’enfant qui lui sera retiré.
Placé dans différents orphelinats, Mohamed ne retrouvera sa mère que vingt-huit ans plus tard. Après d’émouvantes retrouvailles, il ignore encore ce viol et décide d’entamer une recherche de paternité. Quant il découvre le crime originel, il aura, quelques années plus tard, ces mots pour sa mère, « maman, j’aimerais te dire merci de m’avoir porté durant ces neufs longs mois, alors que tu savais que j’étais le fruit de la haine et non pas l’enfant désiré… ».
Le temps est alors à la justice. Mohamed commence un long parcours juridique du combattant qui le mènera, au bout de treize années, à la reconnaissance de son statut de victime de guerre. La cour d’appel de Paris lui accordera une pension d’invalidité de 30 % pendant trois ans. Elle ne suivra pas les conclusions du psychiatre des armées, le professeur Louis Crocq, qui réclamait un taux d’invalidité à 60 % pour lésions fœtales, séparation arbitraire de la mère et de l’enfant et la révélation des conditions de sa naissance. Seule la première d’entre elles sera retenue par la cour. Mais la victoire est là. « Je suis la première victime de guerre en Algérie, je suis le premier qui a osé défier l’Etat. Je dédie cette victoire aux peuples français et algérien qui ont souffert tous les deux. Quarante ans de silence et brusquement on rouvre ce douloureux, c’est fantastique ! », dira-t-il fièrement.
Placé dans différents orphelinats, Mohamed ne retrouvera sa mère que vingt-huit ans plus tard. Après d’émouvantes retrouvailles, il ignore encore ce viol et décide d’entamer une recherche de paternité. Quant il découvre le crime originel, il aura, quelques années plus tard, ces mots pour sa mère, « maman, j’aimerais te dire merci de m’avoir porté durant ces neufs longs mois, alors que tu savais que j’étais le fruit de la haine et non pas l’enfant désiré… ».
Le temps est alors à la justice. Mohamed commence un long parcours juridique du combattant qui le mènera, au bout de treize années, à la reconnaissance de son statut de victime de guerre. La cour d’appel de Paris lui accordera une pension d’invalidité de 30 % pendant trois ans. Elle ne suivra pas les conclusions du psychiatre des armées, le professeur Louis Crocq, qui réclamait un taux d’invalidité à 60 % pour lésions fœtales, séparation arbitraire de la mère et de l’enfant et la révélation des conditions de sa naissance. Seule la première d’entre elles sera retenue par la cour. Mais la victoire est là. « Je suis la première victime de guerre en Algérie, je suis le premier qui a osé défier l’Etat. Je dédie cette victoire aux peuples français et algérien qui ont souffert tous les deux. Quarante ans de silence et brusquement on rouvre ce douloureux, c’est fantastique ! », dira-t-il fièrement.
L’histoire se répète
En 2002, le destin de Mohamed, comme une lointaine réminiscence, bascule à nouveau. En plein cœur de Paris, il intervient en faveur d’une personne menottée et malmenée par des policiers. Il se retrouvera au poste, puis après plusieurs heures, transféré au service psychiatrique de la police.
Entre temps, il affirmera dans une lettre adressé à Nicolas Sarkozy, avoir subi des violences physiques et psychiques des policiers. Il sera reçu par l’IGS, qui après avoir observé son état physique, lui accordera une interruption temporaire de travail (ITT). Bien décidé à ne pas en rester là, il saisit à nouveau la cour européenne des droits de l’homme.
Il écrit aussi un livre où il raconte son combat, Lettre à ce père qui pourrait être vous, aux éditions Lattès. Un combat qu’il poursuit avec l’espoir de tourner la page.
« Tout ce que je souhaite c’est retrouver notre honneur afin de faire notre deuil et pouvoir tourner cette page triste de notre histoire. »
Entre temps, il affirmera dans une lettre adressé à Nicolas Sarkozy, avoir subi des violences physiques et psychiques des policiers. Il sera reçu par l’IGS, qui après avoir observé son état physique, lui accordera une interruption temporaire de travail (ITT). Bien décidé à ne pas en rester là, il saisit à nouveau la cour européenne des droits de l’homme.
Il écrit aussi un livre où il raconte son combat, Lettre à ce père qui pourrait être vous, aux éditions Lattès. Un combat qu’il poursuit avec l’espoir de tourner la page.
« Tout ce que je souhaite c’est retrouver notre honneur afin de faire notre deuil et pouvoir tourner cette page triste de notre histoire. »