Economie

Le commerce équitable à l'honneur, l'Afrique à la traîne

Rédigé par Christelle Gence | Mardi 6 Mai 2014 à 18:30

La Quinzaine du commerce équitable se déroule actuellement dans toute la France jusqu’au 18 mai, dans un contexte où le secteur renoue avec son dynamisme d’avant-crise. En France, les ventes ont enregistré une progression de 9 % en 2013. L'Afrique, quant à elle, reste en marge de cette manne.



Le coup d'envoi de la Quinzaine du commerce équitable a été lancé le 3 mai dans toute la France et gardera ses portes ouvertes jusqu’au 18 mai, à l'heure où le secteur renoue avec son dynamisme d’avant-crise. Ses acteurs organisent à cette occasion animations, expositions et autres ateliers autour de cette thématique, pour « célébrer la consommation responsable et rêver d’un monde plus juste, plus solidaires et plus équitable », expliquent les organisateurs de la 14e édition de cet événement.

En 2013, les ventes de produits estampillés Fairtrade/Max Havelaar ont atteint 355 millions d’euros en France. Un chiffre d’affaires en hausse de 9 %, qui confirme la reprise de 2012 (+ 12 %), alors que le secteur semblait avoir atteint un pallier entre 2009 et 2011. Au niveau mondial, le secteur représenterait plus de 5 milliards d’euros d’échanges (2012).

Favoriser les producteurs du Sud

Le commerce équitable vise à rééquilibrer les échanges commerciaux entre les pays du Nord et les producteurs défavorisés des pays du Sud pour leur assurer de meilleures conditions de vie. Les produits issus du commerce équitable sont censés garantir le respect des producteurs, en leur versant un niveau de rémunération supérieur à celui des cours du marché, souvent très bas. Ils doivent permettre d’autres mesures sociales, comme la mise en place de formations.

L’idée d’un tel principe a fait son chemin au cours du XXe siècle, mais c’est la création de la marque Max Havelaar, en 1988, qui va permettre l’essor du commerce équitable. Dans le monde, environ 1,5 million de producteurs et travailleurs bénéficieraient du commerce équitable dans 70 pays d’Afrique, d’Asie et surtout d’Amérique latine.

Les produits alimentaires représentent près des trois quarts des ventes. En volume, les produits les plus vendus sont le café (40 % du total), le cacao (20 %), la banane (7 %), le coton (6 %) et le thé (5 %). Le débouché du prêt-à-porter semble disparaître, de même que celui de l’artisanat, en perte de vitesse.

L'Afrique en marge

En marge du commerce international (2 % des échanges mondiaux), l’Afrique est de plus en plus à l'écart dans le secteur du commerce équitable. Les acteurs historiques du commerce équitable tendent à se désinvestir du continent noir au profit de régions plus « sûres » commercialement, notamment l’Asie. La question de la fiabilité commerciale et de la marge réalisée sur les produits est régulièrement avancée par ceux qui se désengagent, qui pointent également des coûts de transport plus élevés.

Traditionnellement centré sur les produits de l’artisanat, le commerce équitable africain pâtit aussi du désintérêt des importateurs pour ce secteur de niche. En Europe, le nombre de partenaires africains, producteurs d’artisanat de commerce équitable, a diminué de moitié ces dix dernières années.

L’Afrique pourrait pourtant profiter des avantages du commerce équitable, en réorientant les labellisations vers les productions agricoles. L’agriculture occupe entre 70 et 80 % de la population active africaine. Une grande part des revenus d’exportation dépendent de quelques matières premières, dont les prix internationaux sont bas et instables (coton, café, thé, sucre, cacao…), rendant les économies fragiles. Le commerce équitable demeure un secteur sous-exploité et peu accessible à un très large public avide du low-cost mais offre une véritable alternative à la consommation à promouvoir pour s'assurer de consommer juste.