Depuis décembre 1999, la Turquie est officiellement candidate à l’UE (Union Européenne).Toutefois elle ne répond pas à toutes les exigences imposées par l’UE en ce qui concerne les critères démocratiques et l’application des droits de l’homme.L’un des obstacles non négligeable est qu’il s’agit d’un pays majoritairement musulman (95% de la population) ce qui n’est pas forcément bien vu par des Etats Membres plutôt « Chrétiens ».
Recep Tayyip Erdogan: un pro-UE
M. Erdogan, chef du parti de la justice et du développement (AKP) a fait de l’adhésion de la Turquie au sein de l’UE son cheval de bataille.
Pourtant il n’a pas toujours été de cet avis : « Il y a vingt ans, j‘étais moi aussi contre l’UE. Mais aujourd’hui, j’ai changé d’avis. Le plus important, a propos de l’adhésion ce sont les valeurs universelles telles que la démocratie, les droits de l’Homme, les libertés et le respect du droit » déclarait- il au quotidien Zaman.
Suite à la réunion du conseil national de sécurité turque du 28 février 1997, les dirigeants militaires et civils du pays avaient recommandé au gouvernement de prendre des mesures contre l’Islam politique. Le Premier ministre, Necmettin Erbakan (dirigeant d’un mouvement islamique) a donc démissionné en juin 1997 et a vu son parti être dissous en janvier 1998.
Après la période du 28 février 1997 le dirigeant du parti à compris qu’il valait mieux dissocier sa religion et ses aspirations politiques aussi a-t-il affirmé le 4/11/02 : « Nous ne sommes pas un parti fondé sur la religion. L’AKP, avec son identité conservatrice et démocratique, a rassemblé les votes de la droite centriste ».
Cet épisode devrait rassurer les états membres de l’UE qui ont toujours eu peur d’un Islam politique.
Des réactions encourageantes suite à la victoire de l’AKP :
A l’annonce des résultats de l’élection, la Grèce a immédiatement félicité Recep Tayyip Erdogan pour son écrasante victoire. Le Premier Ministre grec l’a d’ailleurs invité en Grèce lors d’un entretien téléphonique. Serait-ce un premier pas quant à la résolution du conflit greco-turc ? C’est ce qu’espèrent les Etats-Unis…
D’ailleurs, le secrétaire d’Etat américain adjoint des affaires politiques, Marc Grossman, en visite à Athènes a appelé la Turquie « à saisir l’opportunité » du prochain sommet européen pour « qu’une solution à Chypre (île divisée entre la Turquie et la Grèce) devienne de plus en plus proche ».Les Etats-Unis souhaitent poursuivre leur coopération avec la turquie. En effet ce pays constitue un emplacement stratégique en cas d’opération militaire contre l’Irak, c’est pourquoi ils désirent que la Turquie « reste lié à l’occident ».
Selon la ministre espagnole des affaires étrangères, Ana Palacio, « aucun obstacle » existe à l’intégration d’un pays islamiste modéré comme la Turquie dans l’UE, qui n’est pas « un club chrétien ».
Les bonnes résolutions de la Turquie ont besoin d’être prouvées
Javier Solana, chef de la diplomatie européenne est du même avis : « Nous devrons juger le prochain gouvernement turc à ses actes. Si nous prenions des décisions ou faisions des déclarations sur le simple fait qu’un parti est « islamiste », modéré ou pas, nous ferions une grande erreur. Les Européens ne peuvent pas se déterminer sur cette seule base. Encore une fois, il faut juger sur les décisions et les actes qui seront ceux du gouvernement d’Ankara ».
La commission européenne est « prête à coopérer »avec Ankara et considère que le vote doit être respecté par tous. Elle encourage la Turquie à poursuivre les réformes dans le domaine de la démocratie et des droits de l’Homme. Pour Günter Verheugen le commissaire européen chargé de l’élargissement, la libération des prisonniers politiques et l’élimination de la torture seraient « un signe que le processus de réformes en Turquie est à prendre au sérieux ».
Pourtant aucune date n’est arrêtée concernant l’ouverture des négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE.