'Les amis de Médina ' organise ce jeudi 3 mars 2005 une journée d’études sur un sujet d’actualité. Cette association créée autour du magazine culturel ex-La Médina, orienté vers les questions de l’Islam, s’intéresse à la question du financement du culte musulman en France. Maintenant que le Conseil français du culte musulman (CFCM) fait partie du paysage islamique hexagonal, se pose la question du financement. Une fondation pour financer le culte musulman, est proposée par le ministre de l’Intérieur, Dominique de Villepin. D’une part cette fondation prétend créer les conditions d’une autonomie financière de l’Islam en France. Mais d’autre part, son organisation annoncée montre clairement que le ministère n’entend pas lui accorder cette autonomie. La fondation de M. De Villepin est-elle une solution ou une illusion ?
L’idée que le culte musulman en France est financé par pays et des donateurs étrangers est une idée profondément installée quoique souvent justifiée. Et les regards sont tournés vers chacune des grandes fédérations qui siègent au CFCM. Certes, des chancelleries étrangères interviennent dans le financent du culte musulman en France. Mais la jeunesse musulmane de France est en rupture avec cette pratique. D’une part cette jeunesse n’a pas de relation de dépendance aux chancelleries concernées et n’aspire pas à en créer. Mais d’autre part cette jeunesse déborde de projets novateurs que seule une atmosphère d’islamophobie tend à étouffer dans l’œuf.
Le marché du Halal, les produits propres à la consommation du musulman, se développe dans une belle anarchie artistique pleine d’initiatives. Les livres et les vêtements se vendent comme de petits pains sous le label Halal. Sans parler des restaurants et des destinations touristiques. Mais les acteurs économiques musulmans doivent souvent lutter contre des peurs irrationnelles et déraisonnables qui voguent sur un contexte international post-11 septembre pour faire valoir leurs projets. Dans la ville de Créteil (94) par exemple, où une association s’est constituée autour d’un projet de mosquée, le Crédit Agricole a subitement décidé de clôturer le compte où cette association versait les dons reçus. Le fait que le projet soit un lieu de culte musulman a suffi pour éveiller la méfiance de la banque. Dans un tel contexte, l’idée d’une fondation, même sous le contrôle de l’Etat laïc, apparaît comme une bouée de sauvetage à laquelle les acteurs musulmans de France semblent vouloir s’accrocher.
Mais comment le culte musulman est-il donc financé ailleurs ? La journée du 3 mars compte répondre à cette question après avoir exposé les aspects historiques et théologiques de la question. Ensuite viendront d’autres exposés sur les nouvelles formes de financement du culte musulman en Europe. Pour finir sur le cas français, les interventions de la journée comptent analyser les possibilités de financement qu’offre la loi de 1905.
Organisée de main de maître par M. Hakim El Ghissassi, fondateur et directeur de publication du magazine ex-La Médina, cette 5e journée d’études a le soutien de l’Institut de l’Islam et des Sociétés du Monde Musulman (IISMM). Les interventions se tiendront dans la salle Maurice et Denys Lombard au 96 du boulevard Raspail, dans le sixième arrondissement de Paris (métro : saint Placide ou Notre Dame des Champs). Les inscriptions sont reçues sur le site www.sezame.info ( 20 € par personne et 10 € pour les étudiants).
Programme de la journée
9h Ouverture de la journée
Daniel Rivet, directeur de l’IISMM
9h10 Rapport Introductif
Hakim El Ghissassi, journaliste
9h30 Aspects théologiques, historique et juridique du waqf
Le waqf entre normes juridiques et pratiques sociétales
Intervenant, Randi Deguilhem, CNRS, IREMAM
Discutant, Jean-Philippe Bras, professeur à la Faculté des Sciences juridiques, Université de Rouen
10h00 Etudes de cas dans le Maghreb, Machrek, Turquie, Europe
Intervenants :
Faruk Bilici, Maître de conférence à l’INALCO
Halit Eren, Directeur d'IRCICA (Research Center for Islamic History, Art and Culture, Organisation of the Islamic Conference, OIC)
Mohamed NOKKARI, chef de cabinet du grand mufti du Liban,
11h10 Discussion avec le public
11h30 Pause
11h45 La réforme du Waqf au Maroc
Khalil Dinia, directeur de département waqf au ministère des Habous et des affaires religieuses, Maroc
12h15 Discussion avec le public
12h30 Pause
14h30 Aménagements juridiques et institutionnels des fondations - le cas des cultes israélite, catholique et protestant
Rabin Michel Serfaty ; Père Jean-Paul Durand, doyen de la Faculté de Droit Canonique de l'institut Catholique de Paris ; Pasteur Jean-Arnold de Clermont, président de la Fédération protestante de France.
15h30 Le financement du culte musulman français – cas pratiques
Hakim El ghissassi, des Représentants du culte musulman : la Grande mosquée de Paris, Abdellah Essafiri, secrétaire général de la FNMF, Amar Lasfar, Membre du conseil d’administration de l’UOIF
15h50 Le financement du culte musulman - aspects financiers et fiscaux
Alain Garay, avocat à la Cour de Paris
16h10 Discussion avec le public
16h30 Pause
16h45 La fondation des œuvres pieuses musulmanes - aspects juridiques et institutionnels
Intervenant (30 mn) : Yannick Blanc, chef de service, chargé de la sous-direction des affaires politiques et de la vie associative, ministère de l’Intérieur.
Discutant (15 mn) : Xavier Delsol, avocat à la Cour de Lyon coauteur du guide ' les fondations ', 2004, Dalloz/juris-associations
17h30 Discussion avec le public
18h00 Conclusion générale
Randi Deghuilhem
18h15 Fin provisoire du programme
19h15 : Le financement public du culte, le débat
Intervenants
Nicolas Sarkozy, président de l’UMP (sous réserve), M. Bertrand Delanoë, Maire de Paris (sous réserve), Dr Dalil Boubakeur, président du CFCM, Alain Garay, Avocat à la cours de Paris, Hakim El ghissassi
Animation : Randi Deghuilhem