22 millions d'euros, c'est le budget prévisionnel de la Grande Mosquée de Marseille : mais verra-t-elle le jour ?
Le mois de Ramadan est loin mais une certitude subsiste : c’est désormais le mois du profit pour tout le monde : des commerçants de produits agroalimentaires aux concessionnaires de voitures, des musulmans aux non-musulmans. Le mois de Ramadan rapporte de l’argent. Pour les musulmans, les bénéfices ne sont plus uniquement spirituels mais financiers.
Les dites nuits impairs, et en particulier la nuit du 26 au 27 ramadhân, sont devenues celles où les dirigeants de mosquée doivent faire du chiffre. Elles sont les occasions de récolter de grosses sommes d’argent pour financer des lieux de culte.
Depuis quelques années en France, on voit se profiler cette nouvelle tendance à l’occasion des prières du tarawih. Les responsables des mosquées invitent ou mobilisent des personnes afin d’animer une soirée de sollicitations aux dons afin de financer les constructions de mosquées, davantage spacieuses pour des fidèles de plus en plus nombreux durant les grands rendez-vous du mois de Ramadan ou la prière du vendredi.
En Angleterre, ce même phénomène se produit et s’étend sur les chaînes télévisées musulmanes. Les soirées durant ce mois sont consacrées aux appels aux dons.
Mosquées et chaînes télévisées appliquent les mêmes systèmes : les invités ou les guest stars commencent par rappeler l’importance du don en islam et ses bienfaits. Ils racontent de nombreux hadiths de façon à illustrer leurs paroles ; viennent ensuite les appels aux dons.
Dans les mosquées, les généreux donateurs ne restent pas dans l’anonymat : les animateurs n’hésitent pas à révéler leurs noms et à s’éterniser sur leurs éloges improvisés. Dans certains cas, seuls ces donateurs ont droit aux prières des fidèles présents pour récompenser leurs importantes donations.
À ce rythme, les mosquées durant le mois de Ramadan seront évitées par certains fidèles qui n’ont pas les moyens ou simplement parce qu’elles ne remplissent plus leurs fonctions principales : accueillir les prières en commun.
Durant ces nuits de Ramadan, des fidèles quittent la mosquée avant d’avoir pu prier tarawih, pire certains avant d’avoir accompli la dernière prière obligatoire isha en congrégation tant la collecte d’argent dure.
Les raisons de ces collectes – nobles soient-elles – ne devraient pas devenir centrales lors de ces nuits très spéciales.
Elles sont censées être celles durant lesquelles nos dévotions au Divin, nos demandes de pardon sont multipliées ; et ces collectes réduisent nos temps de prière même si certains imams tentent de rassurer, entre deux promesses de dons, que cela reste une forme de dévotion.
Mais cette marque de dévotion ne devrait pas nous pousser à commettre de fautes, des fautes ou des mauvaises inclinations que nous essayons de corriger durant ce mois de Ramadan.
Ces appels aux dons aux techniques quasi commerciales vont à l’encontre des recommandations de la discrétion dans le don. Ils mettent mal à l’aise ceux et celles qui ne sont pas en mesure de donner. Ils suscitent l’envie, la jalousie et poussent certains par orgueil à faire des promesses de dons qu’ils sont incapables d’honorer.
Ces dérives bien amorcées sont le signal d’alarme pour réfléchir à d’autres moyens de collecte de fonds et aux dimensions des mosquées : le gigantisme de certains projets demande des moyens colossaux.
Il faut vite réfléchir avant que ces nuits de prières ne se transforment en big show et opérations marketing dignes de grandes enseignes.
Finalement, en toile de fond de ces techniques agressives est la volonté de rester indépendant : ne recevoir d’argent ni de l’État ni de riche donateurs étrangers avec les risques d’ingérences que cela comporte.
Chaque musulman-e doit prendre part à la réflexion, chaque idée est importante. Les situations diffèrent toujours d’une région à l’autre, d’une commune à l’autre : les solutions sont parmi les fidèles.
Nous avons jusqu’au mois prochain de Ramadan pour y réfléchir. Ensuite pourrons-nous prier durant ces nuits spéciales pour le succès de ces projets.
* Tutrice de français en Grande-Bretagne, Fatima Adamou est également researcher bénévole à l'association Christian Muslim Forum.
Les dites nuits impairs, et en particulier la nuit du 26 au 27 ramadhân, sont devenues celles où les dirigeants de mosquée doivent faire du chiffre. Elles sont les occasions de récolter de grosses sommes d’argent pour financer des lieux de culte.
Depuis quelques années en France, on voit se profiler cette nouvelle tendance à l’occasion des prières du tarawih. Les responsables des mosquées invitent ou mobilisent des personnes afin d’animer une soirée de sollicitations aux dons afin de financer les constructions de mosquées, davantage spacieuses pour des fidèles de plus en plus nombreux durant les grands rendez-vous du mois de Ramadan ou la prière du vendredi.
En Angleterre, ce même phénomène se produit et s’étend sur les chaînes télévisées musulmanes. Les soirées durant ce mois sont consacrées aux appels aux dons.
Mosquées et chaînes télévisées appliquent les mêmes systèmes : les invités ou les guest stars commencent par rappeler l’importance du don en islam et ses bienfaits. Ils racontent de nombreux hadiths de façon à illustrer leurs paroles ; viennent ensuite les appels aux dons.
Dans les mosquées, les généreux donateurs ne restent pas dans l’anonymat : les animateurs n’hésitent pas à révéler leurs noms et à s’éterniser sur leurs éloges improvisés. Dans certains cas, seuls ces donateurs ont droit aux prières des fidèles présents pour récompenser leurs importantes donations.
À ce rythme, les mosquées durant le mois de Ramadan seront évitées par certains fidèles qui n’ont pas les moyens ou simplement parce qu’elles ne remplissent plus leurs fonctions principales : accueillir les prières en commun.
Durant ces nuits de Ramadan, des fidèles quittent la mosquée avant d’avoir pu prier tarawih, pire certains avant d’avoir accompli la dernière prière obligatoire isha en congrégation tant la collecte d’argent dure.
Les raisons de ces collectes – nobles soient-elles – ne devraient pas devenir centrales lors de ces nuits très spéciales.
Elles sont censées être celles durant lesquelles nos dévotions au Divin, nos demandes de pardon sont multipliées ; et ces collectes réduisent nos temps de prière même si certains imams tentent de rassurer, entre deux promesses de dons, que cela reste une forme de dévotion.
Mais cette marque de dévotion ne devrait pas nous pousser à commettre de fautes, des fautes ou des mauvaises inclinations que nous essayons de corriger durant ce mois de Ramadan.
Ces appels aux dons aux techniques quasi commerciales vont à l’encontre des recommandations de la discrétion dans le don. Ils mettent mal à l’aise ceux et celles qui ne sont pas en mesure de donner. Ils suscitent l’envie, la jalousie et poussent certains par orgueil à faire des promesses de dons qu’ils sont incapables d’honorer.
Ces dérives bien amorcées sont le signal d’alarme pour réfléchir à d’autres moyens de collecte de fonds et aux dimensions des mosquées : le gigantisme de certains projets demande des moyens colossaux.
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* Tutrice de français en Grande-Bretagne, Fatima Adamou est également researcher bénévole à l'association Christian Muslim Forum.
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Ce que la situation des Syriennes dit de notre éducation sexuelle
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Ignorer les femmes ou comment détruire la communauté musulmane
La force des mots, la manipulation de trop
Le contrat du croyant
Apprendre la paix
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