Sur le vif

Le maire de Nice préempte la mosquée

Rédigé par La Rédaction | Mardi 14 Juin 2011 à 13:33



Le maire UMP de Nice Christian Estrosi a décidé la semaine dernière d'exercer son droit de préemption sur les locaux de la salle de prière situés dans le centre-ville. Ce droit permet ainsi à la municipalité d’acquérir un bien par priorité à toute autre personne, à commencer par l’association musulmane Al Baraka qui désirait depuis longtemps acheter ce lieu.

Cette préemption a été décidée « dans le seul but d'empêcher l'association (…) d'acquérir les locaux de la salle de prière qu'elle occupe depuis 11 ans » alors qu’un compromis de vente avait été signé avec le propriétaire des lieux en avril et que l’association a réussi jusque là à récolter 161 000 euros pour finaliser l'achat, selon un communiqué des responsables d’Al Baraka paru samedi 11 juin.

Ces derniers, qui se sont vus signifier la décision du maire seulement par voie d'huissier, craignent désormais la disparition de la salle de prière.

« Pourtant, depuis quelques semaines le dialogue avec la municipalité niçoise avait ramené de la sérénité et avait instauré la confiance. (…) Christian Estrosi, s'était engagé à ne pas s'opposer à l'achat des locaux de la rue de Suisse par Al Baraka, et il s'était même proposé d'élargir notre salle de prière par la mise à disposition d'un local municipal attenant », précise l’association, qui qualifie l’acte de préemption comme « un acte islamophobe et raciste ».

« Ce semblant de dialogue et de promesses s'avèrent enfin un stratagème indigne d'un maire d'une grande ville de France », indique-t-on. Les pressions de l’extrême droite, bien implantée dans la région, à l'encontre de la municipalité auraient sans doute amené M. Estrosi à user du droit de préemption.

« Le maire, Christian Estrosi, souhaite que chacun puisse pratiquer son culte dans le respect de la loi, sans débordements. Ce qui n'est pas le cas depuis onze ans. On ne peut plus tolérer les prières dans la rue. (…) En préemptant, la Ville veut donc remettre de l'ordre. Quitte à passer des accords avec une ou plusieurs associations musulmanes pour gérer une salle de prière fermée, selon un cahier des charges précis, le tout sous l'égide de la municipalité », déclare Auguste Vérola, maire adjoint au commerce et aux cultes à Nice Matin

L’association compte bien saisir le tribunal administratif et la préfecture des Alpes-Maritimes pour contester la décision.

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