Points de vue

Le mois de Dhul-Hijjah, ses mérites dans l'action

Rédigé par Hani Ramadan | Vendredi 18 Septembre 2015 à 15:00



Nous louons Dieu qui a créé le temps et qui a donné un mérite particulier à certaines périodes de l’année, afin que les adorateurs se saisissent de ces occasions pour augmenter leurs bonnes actions, et se rapprocher de leur Créateur. Afin également de compenser leurs manquements dans le passé, et de s’exposer au souffle de la miséricorde qui se répand pendant ces heures et ces jours privilégiés.

Le musulman doit prendre conscience de la valeur de sa vie et du temps qu’il lui est donné de vivre : ce qui le conduit naturellement à augmenter ses actions cultuelles, et à accomplir des œuvres de bien jusqu’à sa mort. Dieu le Très-Haut a dit : « Et adore ton Seigneur jusqu’à ce que te vienne la certitude. » (Coran, 15, 99). Al-yaqîn, la certitude, désigne ici, comme l’ont expliqué les commentateurs, la mort.

Une période que l’islam a privilégiée en particulier, ce sont les dix premières journées du 12e mois du calendrier musulman, le mois de Dhul-Hijjah, pendant lequel s’effectue le pèlerinage à La Mecque. Dix jours auxquels Dieu a conféré une supériorité et un mérite particulier sur le restant des jours de l’année. « D’après Ibn ‘Abbâs, le Messager de Dieu (Allah lui accorde bénédiction et paix) a dit : "Il n’est pas de jours où les actions de bien soient plus aimées de Dieu qu’en ces jours-là." Il voulait dire les dix premiers jours de Dhul-Hijjah. Quelqu’un demanda : "Pas même le combat dans la voie de Dieu ?" Le Prophète répondit : "Pas même le combat dans la voie de Dieu, à moins qu’un homme y consacre sa personne et ses biens et qu’il n’en revienne pas." » (Al-Bukhârî)

Ce hadith, ainsi que d’autres sources, montrent que ces dix journées sont les meilleures de l’année, à l’exception de la nuit de la détermination, ou de la valeur, ou de la destinée – Laylatu al-Qadr – qui est l’une des nuits de la dernière décade du mois de ramadan, et qui est meilleure que mille mois.

Plusieurs points démontrent l’excellence de ces journées :

1) Le fait que Dieu ait prêté serment en évoquant ces dix nuits, ce qui constitue l’indice de leur importance. Dieu dit en effet dans le Coran : « Par l’aube ! Et par dix nuits ! » (Coran, 89, 1-2) Ibn ‘Abbas, Ibn Az-Zubayr, Mujahid, ainsi que d’autres savants des premières générations et des suivantes ont affirmé : « Ce sont les dix journées de Dhul-Hijjah. » Ibn Kathîr a déclaré : « C’est cette opinion qui est la vraie. »

2) Le Prophète (paix et bénédiction sur lui) nous a fait savoir que ces jours étaient les meilleurs de l’année pour celui qui veut bien agir, comme nous venons de le voir dans le hadith authentique.

3) Le Prophète nous a encouragés à accomplir de bonnes actions pendant ces jours, du fait de la valeur inestimable de ce temps précieux, en ce qui concerne les hommes où qu’ils se trouvent ; et du fait de la valeur inestimable du lieu, en ce qui concerne ceux qui effectuent le pèlerinage à La Mecque.

4) Le Prophète (Allah lui accorde bénédiction et paix) nous a ordonné de glorifier, louer et proclamer la grandeur de Dieu pendant ces journées, en disant « subhan Allah » (Gloire à Dieu), « al-hamdu li l-Lah » (Louange à Dieu), « Allahu Akbar » (Dieu est plus Grand). ‘Abd-Allah Ibn ‘Umar rapporte que le Prophète a dit : « Il n’est de jours qui aient plus d’importance auprès de Dieu et pendant lesquels les actions soient plus aimées de Lui que ces dix jours. Dites abondamment pendant ces jours la ilah illa-Llah (Il n’y a de dieu que Dieu), Allahu Akbar (Dieu est plus Grand), al-hamdu li l-Lah (Louange à Dieu). »

5) Fait partie de ces dix jours le jour de ‘Arafat. Jeûner ce jour permet, selon le hadith authentique, l’expiation des péchés de deux années : l’année qui s’est écoulée et celle qui vient. On questionna ainsi le Prophète (Allah lui accorde bénédiction et paix) à propos du jeûne de ‘Arafat. Il répondit : « C’est un jeûne qui permet d’expier les péchés de l’année écoulée et de l’année à venir. » (Muslim)

6) C’est pendant ces jours que sont accomplis les sacrifices et le grand pèlerinage.

Le musulman et la musulmane doivent donc prendre conscience du bienfait que représentent ces dix jours, et ils doivent en saisir l’occasion. Les actions qui sont particulièrement recommandées pendant ces jours sont les suivantes :

• Le jeûne. Il est conseillé au musulman de jeûner les 9 premiers jours de ce mois. Le Prophète (Allah lui accorde bénédiction et paix) nous a recommandé en effet d’accomplir de bonnes actions pendant cette période, or le jeûne est l’une des meilleures actions, que Dieu a choisi pour Lui-même, comme cela est rapporté dans le hadith qudsî : « Tout action de l’enfant d’Adam lui appartient, sauf le jeûne. Il M’appartient en vérité, et c’est Moi qui en donne la récompense. » (Al-Bukhari) Le Messager de Dieu (Allah lui accorde bénédiction et paix) jeûnait lui-même les 9 premiers jours du mois de dhu -l-hijja. L’une des épouses du Prophète a dit : « Le Prophète jeûnait 9 jours du mois de Dhul-Hijjah et le jour de Achoura (le 10 du mois d’al-Muharram), et trois jours chaque mois, ainsi que le premier lundi du mois et deux jeudis. » Ce hadith est rapporté par An-Nasa’i et Abu Dawud. Et il a été authentifié par Al-Albani.

• Autre action : le fait de glorifier Dieu. En disant subhan Allah (gloire à Dieu), al-hamdu li-Llah (louange à Dieu), la ilah illa -Llah (il n’y a de dieu que Dieu), et Allahu Akbar (Dieu est plus Grand). Il a été rapporté que ‘Abd-Allah Ibn ‘Umar et Abû Hurayra – que Dieu soit Satisfait d’eux – se rendaient au marché pendant ces dix jours et disaient à haute voix : Allâhu Akbar (Dieu est plus Grand), et qu’alors les gens répétaient avec eux : Allahu Akbar. Cette pratique relève d’une tradition malheureusement oubliée, qu’il convient de rappeler et de remettre à l’ordre du jour.

• Accomplir le grand et le petit pèlerinage. C’est l’une des meilleures actions que l’on puisse entreprendre pendant cette période. Le Messager de Dieu a dit : « Le grand pèlerinage pieusement accompli n’a pas d’autre récompense que le Paradis. »

• Le fait d’augmenter les actions de bien en général. Car ces actions sont aimées de Dieu en ces jours, ce qui signifie qu’elles sont grandement récompensées. Celui donc qui ne peut se rendre au pèlerinage, qu’il remplisse son temps par la prière, la lecture du Coran, le dhikr (le rappel et l’évocation de Dieu), l’invocation, les aumônes, la bienfaisance envers les père et mère, le respect des liens de parenté, le fait d’ordonner le bien et d’interdire le mal, ainsi que toute bonne œuvre.

• Le fait de présenter un sacrifice.

• Le fait de se repentir sincèrement, particulièrement pendant ces jours, en s’écartant des péchés et en rejetant toutes les fautes que Dieu n’aime pas, apparentes ou cachées. En regrettant les erreurs passées, en s’en détachant immédiatement et sans attendre, avec la ferme résolution de ne plus y revenir. Il incombe au musulman qui commet un acte de désobéissance de se repentir immédiatement et sans délai, d’abord parce qu’il ne sait pas quand il va mourir, et ensuite parce que le mal appelle le mal, et qu’une erreur persistante nous entraîne vers une autre erreur.

Donc, mes frères et sœurs en Islam, nous devons nous réveiller et saisir l’occasion qui se présente à nous pendant ces jours, qui passent et qui ne reviendront plus. Nous demandons à Dieu d’augmenter notre foi et nos actions de bien. Allahumma amin !

*****
Hani Ramadan est directeur du Centre islamique de Genève et président de Union des organisations musulmanes de Genève (UOMG).