Jérusalem – Jérusalem, berceau de la chrétienté, du judaïsme et de l’islam, tout aussi importante pour les Palestiniens que les Israéliens, continue à être la pierre d’achoppement dans le conflit israélo-palestinien. C’est dans le Bassin sacré de Jérusalem que se situent les lieux les plus saints des trois religions, parmi lesquels figurent le Mur occidental – vestige du Second Temple et lieu le plus vénéré du judaïsme – et la mosquée Al-Aqsa – troisième des plus hauts lieux de l’islam.
Ainsi, la souveraineté de Jérusalem, le fait de pouvoir y circuler librement et le symbole qu’elle représente sont très importants à la fois pour les Palestiniens et pour les Israéliens, qui considèrent cette ville comme la capitale de leur nation.
On a toujours évoqué des raisons religieuses dans le différend à propos de Jérusalem mais, au cours de ces dernières années, les justifications d’ordre religieux et historique ont pris le dessus sur les motifs politiques. D’ailleurs, extrémistes juifs et musulmans utilisent Jérusalem comme cheval de bataille.
Depuis l’annexion de Jérusalem-Est par Israël, à la suite de la Guerre des Six Jours en 1967, les constructions de quartiers juifs au-delà de la ligne verte se sont multipliées. Depuis les années 1990, des colons juifs s’installent dans des zones densément peuplées de Palestiniens.
Des organismes comme Ateret Cohanim et Elad incitent les juifs à acheter des biens immobiliers dans les quartiers palestiniens, ce qu’ils veulent assimiler à une rédemption de la terre d’Israël. Ateret Cohanim est un séminaire religieux qui acquiert des biens immobiliers dans les quartiers musulmans de la vieille ville. Cet organisme utilise l’importance religieuse de cette partie de la ville dans un but politique, présentant le fait de déplacer des Palestiniens de chez eux comme une mitzvah (prescription religieuse).
L’organisation Elad, fondée en 1987 est chargée de la gestion du site touristique de David dans le quartier palestinien de Silwan. Les touristes ravis de visiter l’endroit où le roi David se promenait autrefois sont loin de se douter que les découvertes archéologiques de la région sont douteuses et que les maisons palestiniennes situées dans l’enceinte de la cité de David ont été confisquées à leurs propriétaires pour « réinstaller » des juifs.
L’initiative juive et religieuse de colonisation a engendré des réactions tout aussi unilatérales chez les musulmans. Pour certains musulmans, ces groupes constituent une nouvelle « croisade » contre l’islam même. Le Mouvement islamique qui opère dans le nord d’Israël figure parmi les groupes musulmans à la tête du combat contre « la judaïsation de Jérusalem », ville dans laquelle il a fait une forte percée. A l’instar du Hamas, ce mouvement comble le vide dû à l’absence de services publics israéliens à Jérusalem-Est et l’interdiction d’agir imposée à l’Autorité palestinienne. Ce mouvement a gagné un soutien important auprès de la communauté arabe, en lançant la campagne : « Al-Aqsa en danger », qui souligne l’importance de la mosquée en tant que symbole unificateur.
Les mouvements de ce genre misent sur la peur des habitants de ces quartiers, confrontés à une colonisation grandissante, ainsi que sur les activités de sécurité qui s’y déroulent et, enfin, sur l’abandon des résidents palestiniens par la municipalité. Ils se positionnent comme défenseurs de l’islam et de Jérusalem et ont très vite gagné le soutien local avec la mise en place d’une aide sociale et d’infrastructures.
Les organismes musulmans et juifs se refusent réciproquement tout droit religieux sur Jérusalem et nient l’héritage historique des uns et des autres. Selon, une étude menée récemment par l’Autorité palestinienne, les juifs n’ont aucun droit religieux sur Jérusalem et n’y ont aucun héritage historique. Les dirigeants palestiniens ont néanmoins rapidement rejeté cette étude et ses conclusions – un geste qui se distancie des prétentions précédentes à des droits exclusifs sur Jérusalem.
Le changement dans le conflit israélo-palestinien, d’un conflit politique à propos d’identité, de nationalité et de terres à un conflit mené par des groupes extrémistes religieux politisés est une évolution dangereuse qui devrait nous préoccuper, et surtout inquiéter les responsables religieux modérés. Plus les gens verront ce conflit en termes strictement religieux, moins ils seront enclins à accepter de compromis.
Jérusalem a le potentiel d’une ville de la paix et de la coexistence comme le disent les Ecritures saintes. Des efforts de protestation non violente et d’éducation, dont voici quelques exemples, en sont l’illustration : le Centre d’information Wadi Hilweh à Silwan, dont les membres sont des habitants de Wadi Hilweh, cherche à informer efficacement sur leur lutte pour la conservation de leurs terres et le mouvement de solidarité avec Cheikh Jarrah. Il réunit, toutes les semaines, depuis un an, des Israéliens et des Palestiniens qui protestent conjointement contre les colonies à Jérusalem-Est.
Il faut soutenir de tels mouvements pour que le potentiel de Jérusalem de réunir chrétiens, juifs et musulmans dans la paix devienne réalité.
* Mairav Zonszein (972mag.com), journaliste, bloggeuse, et activiste israélo-américaine vit à Jérusalem. Aziz Abu Sarah (azizabusara.wordpress.com) est le directeur de Middle East Projects au Centre Religions du monde, Diplomatie et Résolution de conflits de l’Université George Mason. Il a remporté le prix Eliav-Sartawi de l’organisation Search for Common Ground.
Ainsi, la souveraineté de Jérusalem, le fait de pouvoir y circuler librement et le symbole qu’elle représente sont très importants à la fois pour les Palestiniens et pour les Israéliens, qui considèrent cette ville comme la capitale de leur nation.
On a toujours évoqué des raisons religieuses dans le différend à propos de Jérusalem mais, au cours de ces dernières années, les justifications d’ordre religieux et historique ont pris le dessus sur les motifs politiques. D’ailleurs, extrémistes juifs et musulmans utilisent Jérusalem comme cheval de bataille.
Depuis l’annexion de Jérusalem-Est par Israël, à la suite de la Guerre des Six Jours en 1967, les constructions de quartiers juifs au-delà de la ligne verte se sont multipliées. Depuis les années 1990, des colons juifs s’installent dans des zones densément peuplées de Palestiniens.
Des organismes comme Ateret Cohanim et Elad incitent les juifs à acheter des biens immobiliers dans les quartiers palestiniens, ce qu’ils veulent assimiler à une rédemption de la terre d’Israël. Ateret Cohanim est un séminaire religieux qui acquiert des biens immobiliers dans les quartiers musulmans de la vieille ville. Cet organisme utilise l’importance religieuse de cette partie de la ville dans un but politique, présentant le fait de déplacer des Palestiniens de chez eux comme une mitzvah (prescription religieuse).
L’organisation Elad, fondée en 1987 est chargée de la gestion du site touristique de David dans le quartier palestinien de Silwan. Les touristes ravis de visiter l’endroit où le roi David se promenait autrefois sont loin de se douter que les découvertes archéologiques de la région sont douteuses et que les maisons palestiniennes situées dans l’enceinte de la cité de David ont été confisquées à leurs propriétaires pour « réinstaller » des juifs.
L’initiative juive et religieuse de colonisation a engendré des réactions tout aussi unilatérales chez les musulmans. Pour certains musulmans, ces groupes constituent une nouvelle « croisade » contre l’islam même. Le Mouvement islamique qui opère dans le nord d’Israël figure parmi les groupes musulmans à la tête du combat contre « la judaïsation de Jérusalem », ville dans laquelle il a fait une forte percée. A l’instar du Hamas, ce mouvement comble le vide dû à l’absence de services publics israéliens à Jérusalem-Est et l’interdiction d’agir imposée à l’Autorité palestinienne. Ce mouvement a gagné un soutien important auprès de la communauté arabe, en lançant la campagne : « Al-Aqsa en danger », qui souligne l’importance de la mosquée en tant que symbole unificateur.
Les mouvements de ce genre misent sur la peur des habitants de ces quartiers, confrontés à une colonisation grandissante, ainsi que sur les activités de sécurité qui s’y déroulent et, enfin, sur l’abandon des résidents palestiniens par la municipalité. Ils se positionnent comme défenseurs de l’islam et de Jérusalem et ont très vite gagné le soutien local avec la mise en place d’une aide sociale et d’infrastructures.
Les organismes musulmans et juifs se refusent réciproquement tout droit religieux sur Jérusalem et nient l’héritage historique des uns et des autres. Selon, une étude menée récemment par l’Autorité palestinienne, les juifs n’ont aucun droit religieux sur Jérusalem et n’y ont aucun héritage historique. Les dirigeants palestiniens ont néanmoins rapidement rejeté cette étude et ses conclusions – un geste qui se distancie des prétentions précédentes à des droits exclusifs sur Jérusalem.
Le changement dans le conflit israélo-palestinien, d’un conflit politique à propos d’identité, de nationalité et de terres à un conflit mené par des groupes extrémistes religieux politisés est une évolution dangereuse qui devrait nous préoccuper, et surtout inquiéter les responsables religieux modérés. Plus les gens verront ce conflit en termes strictement religieux, moins ils seront enclins à accepter de compromis.
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