Sur le vif

Le président iranien écrit aux Américains

Rédigé par Laila Elmaaddi | Jeudi 30 Novembre 2006 à 10:27



Mercredi, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad s'est livré à une attaque en règle de la politique étrangère du président George W. Bush, suggérant notamment un retrait des troupes américaines d'Irak, dans une lettre sans précédent au peuple américain.

Dans cette missive de cinq pages aux "Nobles Américains", le président iranien s'efforce de souligner les points communs entre eux et son propre peuple, "craignant Dieu, amoureux de la vérité et avide de justice", mais tire à boulets rouges sur M. Bush et son administration.

"Maintenant que l'Irak a une Constitution et un gouvernement et une assemblée indépendants, ne serait-il pas plus bénéfique à long terme de ramener à la maison les officiers et les soldats américains et de réorienter les sommes astronomiques consacrées aux dépenses militaires en Irak vers le bien-être et la prospérité du peuple américain?", demande M. Ahmadinejad, dans cette lettre rendue publique par l'ambassade d'Iran à l'ONU.

"Bien que Saddam ait été renversé et que le peuple en soit satisfait, la douleur et la souffrance du peuple irakien ont persisté et se sont même aggravées", dit-il. Evoquant les pertes subies par les militaires américains en Irak, M. Ahmadinejad estime "très improbable" que le peuple américain "consente aux milliards de dollars de dépenses annuelles du Trésor américain pour cette mésaventure militaire".

Il s'en prend également à Israël, désigné uniquement comme "le régime sioniste", l'accusant d'"agression persistante" contre le peuple palestinien, "propriétaire légitime de la terre de Palestine", avec la complicité de Washington.

"Vous savez bien que l'administration américaine a apporté de manière constante un soutien aveugle et total au régime sioniste, l'a enhardi pour poursuivre ses crimes et a empêché le Conseil de sécurité des Nations unies de le condamner", écrit-il.

"La légitimité, la puissance et l'influence d'un gouvernement, affirme-t-il encore, n'émanent pas de son arsenal de chars, d'avions de combat, de missiles ou d'armes nucléaires. Elles résident dans la saine logique, la quête de justice, de compassion et de sympathie pour toute l'Humanité".

"La position globale des Etats-Unis est selon toute probabilité affaiblie, parce que l'administration a continué à recourir à la force, à cacher la vérité et à tromper le peuple américain sur ses politiques et ses pratiques", ajoute-t-il.

"N'y a-t-il pas de meilleure approche de la gouvernance? N'est-il pas possible de mettre la richesse et la puissance au service de la paix, de la stabilité, de la prospérité et du bonheur des peuples en servant la justice et en respectant les droits de toutes les Nations, au lieu d'utiliser l'agression et la guerre?", demande M. Ahmadinejad.

Le département d'Etat a qualifié de "numéro de relations publiques" la lettre de M. Ahmadinejad, estimant qu'elle n'apporte rien de neuf.

"Les actes parlent plus fort que les mots", a déclaré un porte-parole, Tom Casey. Parmi les "actes" que les Etats-Unis reprochent à l'Iran, il a cité le soutien au "terrorisme en Irak", au Hezbollah et aux groupes palestiniens opposés à la paix avec Israël, le refus de renoncer à son programme nucléaire et de respecter les résolutions du Conseil de sécurité.