Sports

Le racisme dans le football européen au cœur d'un documentaire édifiant

Rédigé par Lina Farelli | Mercredi 12 Juin 2024 à 13:00

A l'heure où les mouvements xénophobes se taillent une place toujours plus importante en Europe, « Des cris dans le stade, enquête sur le racisme dans le football » offre un éclairage instructif sur la part d'ombre du sport le plus populaire au monde.



Le racisme gangrène la société, et le monde du sport n'échappe pas à cette triste réalité. Il ne se passe pas une semaine sans que des actes racistes ne soient enregistrés dans le milieu du foot professionnel comme amateur. Des cris dans le stade, enquête sur le racisme dans le football montre comment le phénomène s’est installé et combien il est longtemps resté impuni. Les plus hautes instances de la discipline tentent, tant bien que mal aujourd’hui, de l’endiguer mais il n’est pas prêt de disparaître à l’heure où les partis d'extrême droite engrangent d’importantes victoires électorales un peu partout en Europe, y compris en France.

A quelques jours du début de l'Euro 2024 en Allemagne, le documentaire signé Mohamed Bouhafsi et Dimitri Queffelec met en évidence le racisme ordinaire qui s’exprime dans les stades mais aussi dans les médias, sur la base d’archives rares. Ces dernières sont complétées de témoignages éclairants de sociologues et d’anciens joueurs dont Lillian Thuram, Basile Boli, Joseph-Antoine Bell et Luc Sonor.

Plusieurs d’entre eux ont vécu dans leur chair des moments douloureux. C’est le cas du défenseur français Samuel Umtiti lors de son transfert dans le championnat italien en 2023. Poignant aussi est le témoignage de Kerfalla Sissoko, joueur du club amateur de l'AS Benfeld, dans le Bas-Rhin. Passé à tabac par des joueurs et des supporters qui ont envahi le terrain au cours d’un match à Mackenheim en mai 2018, il avait été laissé pour mort. Six ans après les faits, il n’a jamais été reconnu comme victime du racisme. Pire encore, il avait été poursuivi pour « violences en réunion ». Bien que relaxé en 2020 des faits qui lui ont été reprochés, il reste marqué par cette expérience traumatisante au point d’avoir arrêté de jouer au foot.

Faire reculer la haine, difficile mais pas impossible

De telles prises de parole sont importantes tant il est compliqué de faire parler des joueurs du racisme dans le football. Quelques-uns sont, malgré eux, devenus des porte-voix de la lutte contre le racisme, à l’image de Vinicius Junior qui, malgré son statut de joueur star du Real Madrid, est régulièrement victime d’insultes racistes au cours de ses matchs.

« Je veux que, dans un avenir très proche, il y ait moins de cas de racisme et que les Noirs puissent avoir une vie normale comme tout le monde. C’est pour cela que je veux continuer à me battre. Si ce n’était que pour moi, j’aurais abandonné. (…) Je veux juste jouer au football et faire tout ce que je peux pour mon club et ma famille », avait-il affirmé, en larmes, lors d’une conférence de presse en mars dernier. L’impact psychologique du racisme sur ceux et celles qui le subissent est indéniable ; il n’a pas à être minimisé. Un problème qui invite les dirigeants des clubs comme les responsables politiques à ne pas lésiner sur les moyens pour faire reculer la haine.

Mais le paradoxe de 2024, dira très justement un intervenant du documentaire, c’est qu’on ne veuille plus de racisme dans les stades alors qu’il est de plus en plus ouvert et décomplexé dans nos sociétés pourtant multiculturelles. Diffusé mardi 11 juin sur France 5, le documentaire édifiant est aujourd’hui disponible en replay.