L'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International a publié mercredi son rapport annuel.Cette année, Amnesty condamne à la fois les terroristes 'prêts à tout' pour parvenir à leurs fins mais également les gouvernements coupables de 'dérives' liées à la lutte antiterroriste. Irene Khan, condamne d’abord le recours au terrorisme utilisé par certains pour atteindre des objectifs politiques. Elle souligne que le monde entier est désormais concerné mais critique la réponse faite à cette menace.Après avoir condamné l'assassinat du représentant de l'Onu à Bagdad, l'organisation fustige les Etats-Unis pour sa 'guerre contre le terrorisme'.
'En tant que militants, il nous faut réagir à la menace de groupes armés et d'individus responsables d'actes impitoyables, cruels et criminels', affirme la secrétaire générale d'Amnesty Irene Khan, en avant-propos.
'Nous condamnons sans réserve les actes de telles personnes, coupables d'atteintes aux droits humains et au droit international humanitaire, voire dans certains cas, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre', ajoute-t-elle.
'Ces personnes doivent être traduites en justice mais, et c'est en cela que notre position diverge de celle de certains gouvernements, elles doivent l'être conformément aux normes du droit international', souligne-t-elle.
Comme en 2003, Amnestsy dénonce 'les dérives' de la lutte anti-terroriste qui a justifié dans plusieurs pays des abus et la répression. Surtout, souligne le rapport, 'la communauté internationale ne semble pas pouvoir -ou vouloir- enrayer cette tendance'.
En Tchétchénie, les forces russes continuent 'pratiquement en toute impunité' de commettre des 'crimes de guerre', dénonce Amnesty. L'ONG dénonce notamment la poursuite des disparitions et exécutions sommaires de civils tchétchènes, essentiellement des hommes, attribuées aux forces fédérales et tchétchènes pro-russes, alors que la guerre se poursuit depuis plus de quatre ans.
La Grande-Bretagne est elle aussi épinglée par Amnesty pour avoir arrêté 500 personnes 'liées au terrorisme', dont seule une très faible proportion a été condamnée.
Dans l'ensemble, poursuit le rapport, 'les Etats les plus riches du monde ont assoupli leurs restrictions sur les ventes d'armes et augmenté leur aide militaire à d'autres pays en invoquant la 'guerre contre le terrorisme''.
Aux Etats-Unis, en particulier, «les visées sécuritaires mondiales du gouvernement se révèlent dépourvues de principes ou de clairvoyance». «En se rendant coupable de violations des droits humains sur son territoire, en fermant les yeux sur les atteintes commises à l’étranger et en recourant sans restriction à des frappes militaires préventives, (Washington) porte atteinte à la justice et à la liberté et rend le monde encore moins sûr», dénonce MmeKhan.
«En refusant de protéger les droits fondamentaux de coupables présumés, les gouvernements portent atteinte aux droits d’innocents et nous mettent tous en danger», prévient Amnesty.
Le rapport 2004 critique d'autres gouvernements, dont ceux de France, d’Espagne, du Portugal, de Malte, d’Irlande et d’Ouzbékistan qui ont adopté depuis les attentats du 11septembre 2001 aux Etats-Unis des lois antiterroristes constituant des «régressions » en matière de liberté et de droits individuels, notamment pour le droit d’asile En ce qui concerne la France, Amnesty exprime son inquiétude concernant les mauvais traitements des étrangers expulsés et des attitudes racistes dans la police: «Les plaintes contre la police pour des mauvais traitements à caractère raciste se sont multipliées, particulièrement à Paris.»
L'organisme critique aussi sévèrement Israël, dont les soldats ont tué 600 palestiniens l'an dernier, la plupart non armés, dont une centaine d'enfants.Amnistie accuse l'armée israélienne de se livrer à des crimes de guerre en ayant recours à un usage excessif de la force, via les liquidations sans procès ou les destructions de logements palestiniens, comme la semaine dernière dans le camp de réfugiés de Rafah à Gaza.