Sur le vif

Le réalisateur anticolonialiste d’Avoir 20 ans dans les Aurès est mort

Rédigé par La Rédaction | Lundi 5 Janvier 2015 à 17:28



René Vautier, le réalisateur de Avoir 20 ans dans les Aurès, est décédé, dimanche 4 janvier, à l’âge de 86 ans. Cinéaste anticolonialiste engagé, il se revendiquait comme étant « le cinéaste français le plus censuré ».

Né en 1928 à Camaret, dans le Finistère, il a vécu une vie digne d’un scénario au cours de laquelle il a connu la Résistance, les condamnations, la prison, la fuite, la grève de la faim et les menaces. Il est mort en Bretagne où il résidait, a indiqué sa femme Soazig Chappedelaine Vautier.

Il réalisa son premier court métrage à 20 ans, Afrique 50, le premier film anticolonialiste du cinéma français. Le film restera censuré pendant 40 ans et a valu à son auteur un an de prison. Chargé par la Ligue de l’enseignement de réaliser un film sur l’éducation française en Afrique subsaharienne, René Vautier a montré le travail forcé et la violence des autorités coloniales.

Dans son œuvre, le cinéaste a largement évoqué la guerre d’Algérie. Quand les « événements d’Algérie » sont déclenchés, il part sur place, où il lutte pour l’indépendance. Il tourne deux documentaires, L’Algérie en flammes et Une nation, l’Algérie, aujourd’hui disparu, et qui lui a valu d’être poursuivi pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat » par les autorités françaises. Il restera en exil jusqu'en 1966.

De retour en France l’année suivante, il fonde une société de production (l’Unité de production cinématographique de Bretagne) et tourne les fictions La Folle de Toujane et Avoir 20 ans dans les Aurès – son film le plus connu. Prix de la critique du festival international de Cannes en 1972, le film raconte la métamorphose de jeunes Bretons antimilitaristes devenus de vraies machines à tuer des fellaghas.

En 1973, il entame une grève de la faim, alors que le visa d’exploitation pour le documentaire Octobre à Paris, qu’il distribue, lui est refusé. Le film, qui raconte le massacre des Algériens, à Paris, le 17 octobre 1961, sera finalement autorisé. Il est l’auteur de nombreux films sur le capitalisme, le racisme ou la Bretagne, d’autres de ses thèmes de prédilection.

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