Le soufisme (tassawuf en arabe) est le cœur de l’islam, sa dimension mystique et spirituelle.
S’incarnant peu dans les mots, c’est davantage un état d’esprit qui prend notamment forme dans la musique, la poésie et l’humour.
A ce titre, les enseignements soufis sont aux antipodes des dogmatismes extrêmes nés de l’histoire des hommes et des religions.
Le soufisme est un chant d’amour plutôt que des injonctions formulées en permissions de faire (halal) ou de ne pas faire (haram).
Les idéologies dogmatiques manipulent, menacent et culpabilisent. Parfois, elles détruisent, tandis que l’esprit du soufisme met l’accent, quant à lui, sur l’intériorité de l’humain, en enseignant la miséricorde, l’introspection, la contemplation, le développement personnel et l’humilité.
Le soufisme est la recherche de la perfection dans l’union. Il s’agit d’un idéal à atteindre qui transparaît dans les actes. Ce n’est ni une secte, ni un groupe spécifique. C’est pourquoi la plupart des musulmans ne se targuent pas d’être soufis. Cela serait faire preuve d’arrogance. Au mieux, suivent-ils une voie d’aspirant-soufi, le plus souvent sous la guidance d’un cheikh. « Se proclamer soufi, c’est déjà ne plus l’être », disent les gens du tassawuf.
Les extrémistes prétendent détenir la vérité absolue. Ils figent la lettre dans une dialectique binaire, réduisent leur credo aux rites et aux symboles, divisent les hommes et se désignent des ennemis à détruire.
Quant aux aspirants de la voie, ce sont des chercheurs de vérité. Ils goûtent à la quintessence de l’esprit. Ils apprennent à évoluer, à palper la beauté et le sacré en tout, à l’instar des philosophes et mystiques juifs ou chrétiens, tel Spinoza ou Eckhart. Ceci n’implique pas la passivité face à l’injustice, bien au contraire. L’Histoire ancienne ou récente témoigne que cheikhs et disciples de voies soufies prirent les armes à de multiples reprises pour repousser l’ennemi. Lire un exemple, à ce sujet, dans l’ouvrage "L’Emir Abdel-Kader : entre résistances et actions humanitaires."
Aux yeux des idéologues qui nourrissent le terrorisme, les gens du soufisme seraient donc des hérétiques à abattre. Peut-être même qu’ils les considèrent comme dangereux car leur philosophie est un puissant antidote à l’extrémisme. Si bien que ceux qui cherchent l’opium dans l’intégrisme cracheront toujours sur le camphre du soufisme.
D’aucuns affirmeront, de manière caricaturale et réductrice, que la religion de Muhammad contient les germes du poison. C’est occulter un peu vite que le cœur même de l’islam produit le contrepoison.
Notre responsabilité est collective. Il appartient donc à chacun de nous, citoyens, de s’approprier ce remède, de le valoriser et de participer à sa diffusion.
*****
Nawfal Jorio est un analyste financier dans le secteur de l'économie sociale, auteur du roman Schizophrénie quantique (Lulu, juin 2016) et du blog appelé RadiKale.
Lire aussi :
Art, citoyenneté, spiritualité : le triptyque du 1er Festival soufi de Paris
Pourquoi les salafistes sont anti-soufis
Un héros mystique dans le soufisme : la figure de l’Homme parfait
Faut-il délier le couple dogme/foi ?
S’incarnant peu dans les mots, c’est davantage un état d’esprit qui prend notamment forme dans la musique, la poésie et l’humour.
A ce titre, les enseignements soufis sont aux antipodes des dogmatismes extrêmes nés de l’histoire des hommes et des religions.
Le soufisme est un chant d’amour plutôt que des injonctions formulées en permissions de faire (halal) ou de ne pas faire (haram).
Les idéologies dogmatiques manipulent, menacent et culpabilisent. Parfois, elles détruisent, tandis que l’esprit du soufisme met l’accent, quant à lui, sur l’intériorité de l’humain, en enseignant la miséricorde, l’introspection, la contemplation, le développement personnel et l’humilité.
Le soufisme est la recherche de la perfection dans l’union. Il s’agit d’un idéal à atteindre qui transparaît dans les actes. Ce n’est ni une secte, ni un groupe spécifique. C’est pourquoi la plupart des musulmans ne se targuent pas d’être soufis. Cela serait faire preuve d’arrogance. Au mieux, suivent-ils une voie d’aspirant-soufi, le plus souvent sous la guidance d’un cheikh. « Se proclamer soufi, c’est déjà ne plus l’être », disent les gens du tassawuf.
Les extrémistes prétendent détenir la vérité absolue. Ils figent la lettre dans une dialectique binaire, réduisent leur credo aux rites et aux symboles, divisent les hommes et se désignent des ennemis à détruire.
Quant aux aspirants de la voie, ce sont des chercheurs de vérité. Ils goûtent à la quintessence de l’esprit. Ils apprennent à évoluer, à palper la beauté et le sacré en tout, à l’instar des philosophes et mystiques juifs ou chrétiens, tel Spinoza ou Eckhart. Ceci n’implique pas la passivité face à l’injustice, bien au contraire. L’Histoire ancienne ou récente témoigne que cheikhs et disciples de voies soufies prirent les armes à de multiples reprises pour repousser l’ennemi. Lire un exemple, à ce sujet, dans l’ouvrage "L’Emir Abdel-Kader : entre résistances et actions humanitaires."
Aux yeux des idéologues qui nourrissent le terrorisme, les gens du soufisme seraient donc des hérétiques à abattre. Peut-être même qu’ils les considèrent comme dangereux car leur philosophie est un puissant antidote à l’extrémisme. Si bien que ceux qui cherchent l’opium dans l’intégrisme cracheront toujours sur le camphre du soufisme.
D’aucuns affirmeront, de manière caricaturale et réductrice, que la religion de Muhammad contient les germes du poison. C’est occulter un peu vite que le cœur même de l’islam produit le contrepoison.
Notre responsabilité est collective. Il appartient donc à chacun de nous, citoyens, de s’approprier ce remède, de le valoriser et de participer à sa diffusion.
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Nawfal Jorio est un analyste financier dans le secteur de l'économie sociale, auteur du roman Schizophrénie quantique (Lulu, juin 2016) et du blog appelé RadiKale.
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