Winter is coming. L’hiver vient, et plus vite qu’on ne le veut en cette période supposément estivale. L’extrême droite vit des heures glorieuses un peu partout en Europe, et la France ne fait pas office d’exception. Après sa victoire aux européennes du 9 juin, le Rassemblement national pourrait en signer une nouvelle, bien plus éclatante qu’en 2022, lors des élections anticipées du 30 juin et du 7 juillet. Les toutes dernières années ont vu une accélération de la normalisation de l'ex-FN, au point aujourd’hui de le voir intégrer, selon l’expression consacrée, « l’arc républicain », avec la bénédiction d'hommes et de femmes politiques issus de divers horizons et bien prompts à lui emboîter le pas sur des sujets chers à l'extrême droite… ses victoires se succédent. Mais jusqu'à quand ?
Le barrage républicain, qu’en reste-t-il ? N'est-il plus désormais qu'une simple tactique politicienne pour arriver au pouvoir ? En quelques années, et sous l’effet des peurs, des colères et des déceptions, les digues ont largement sauté, permettant à l’extrême droite d’imposer ses thèmes à l’agenda politico-médiatique et d’inonder les débats publics de ses éléments de langage, avec l’aide ces dernières années d’un Emmanuel Macron qui avait pourtant associé son élection à la promesse de mettre des bâtons dans les roues au RN. Que nenni. La normalisation du RN a atteint un niveau sans précédent. Tout un arsenal sémantique, repris même dans la bouche du président et de membres du gouvernement, est déployé sur le champ de bataille idéologique.
Le barrage républicain, qu’en reste-t-il ? N'est-il plus désormais qu'une simple tactique politicienne pour arriver au pouvoir ? En quelques années, et sous l’effet des peurs, des colères et des déceptions, les digues ont largement sauté, permettant à l’extrême droite d’imposer ses thèmes à l’agenda politico-médiatique et d’inonder les débats publics de ses éléments de langage, avec l’aide ces dernières années d’un Emmanuel Macron qui avait pourtant associé son élection à la promesse de mettre des bâtons dans les roues au RN. Que nenni. La normalisation du RN a atteint un niveau sans précédent. Tout un arsenal sémantique, repris même dans la bouche du président et de membres du gouvernement, est déployé sur le champ de bataille idéologique.
Une stratégie de dédiabolisation qui n'a que trop bien fonctionné
« Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde. » Les Français musulmans ne savent que trop bien les effets de la dérive des mots qui s'inscrit dans une stratégie politique perverse : leur malaise s'est renforcé au fil des années avec l'offensive gouvernementale contre le séparatisme puis contre « l'islamisme politique et la mouvance des Frères musulmans ». Pour le plus grand bonheur de l'extrême droite, l'offensive, pour grande partie mal menée, mal dirigée, est à la source de nombreuses confusions dangereuses qui fragilisent la cohésion sociale, avec des effets délétères concrets sur les musulmans, même les plus insoupçonnés, dès lors qu'ils sont perçus comme musulmans. Qu'ils contribuent visiblement à la société, et/ou bien qu'ils formulent haut et fort des revendications pour plus de justice et d'égalité, ils sont accusés tantôt de faire de « l'entrisme », tantôt d'être des « islamistes », tantôt d'être des « séparatistes ». Et pour ceux qui font cohabiter leur foi musulmane avec les valeurs républicaines, comme le cadre de la laïcité le permet, l'accusation de « taqiya » leur pend au nez.
Des citoyens sont ainsi malheureusement poussés à se désengager, à devoir se faire discrets, à disparaitre même, pour éviter des accusations diffamatoires à leur encontre, accusations graves dont il devient très difficile d'être blanchi publiquement... Dans la bataille pour la terre du milieu, l'extrême droite, autrefois reléguée aux bords, s'est frayée un chemin vers le centre. Ciao ledit « cordon sanitaire », c'est autour du RN que se forgent aujourd'hui des alliances qui auraient été, dans un passé pas si lointain, contre-nature. En témoigne la bascule des Républicains qui, désormais sous la coupe d'Eric Ciotti, offrent désormais ses services au lepénisme.
Résultat, l’extrême droite semble bien sur le point de remporter le « combat culturel », y compris – et c’est un comble – parmi nos concitoyens de confession juive qui se laissent charmer par les entourloupes du RN. « Quelque chose ne va plus », déclare Ginette Kolinka, rescapée d'Auschwitz-Birkenau, qui doute très franchement, et à juste titre, de « la sincérité » de l’extrême droite.
La stratégie de dédiabolisation engagée par Marine Le Pen fonctionne au point de voir des chasseurs de nazis prêts à voter RN malgré l’héritage pétainiste d’un parti raciste dont la mue concernant l’antisémitisme n’est qu’un vernis pour mieux taper sur un ennemi tout désigné du moment que sont les musulmans. Monter les communautés les unes contre les autres pour mieux fracturer le corps national : ce piège que nous tendent le RN et ses alliés, nous devons tous collectivement refuser d’y tomber. Pas au nom simplement de la défense des groupes minoritaires pris à partie par la fachosphère mais au nom de l'intérêt de la France, des droits humains et des valeurs qui fondent la devise républicaine.
Des citoyens sont ainsi malheureusement poussés à se désengager, à devoir se faire discrets, à disparaitre même, pour éviter des accusations diffamatoires à leur encontre, accusations graves dont il devient très difficile d'être blanchi publiquement... Dans la bataille pour la terre du milieu, l'extrême droite, autrefois reléguée aux bords, s'est frayée un chemin vers le centre. Ciao ledit « cordon sanitaire », c'est autour du RN que se forgent aujourd'hui des alliances qui auraient été, dans un passé pas si lointain, contre-nature. En témoigne la bascule des Républicains qui, désormais sous la coupe d'Eric Ciotti, offrent désormais ses services au lepénisme.
Résultat, l’extrême droite semble bien sur le point de remporter le « combat culturel », y compris – et c’est un comble – parmi nos concitoyens de confession juive qui se laissent charmer par les entourloupes du RN. « Quelque chose ne va plus », déclare Ginette Kolinka, rescapée d'Auschwitz-Birkenau, qui doute très franchement, et à juste titre, de « la sincérité » de l’extrême droite.
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L'urgence d'un sursaut collectif
Dans ce gloubi-boulga servi aux Français, le bloc de gauche, uni sous la bannière du Nouveau Front populaire (NFP), saura-t-elle déjouer les pronostics ? Les fragilités de l’union sautent aux yeux des observateurs mais l’urgence n’est pas tant ici de les énumérer mais de savoir si cette coalition peut constituer une menace réelle pour la démocratie, les libertés, la laïcité. Elle n’est pas exempte de défauts mais la disqualifier du champ républicain - tout comme LFI dans son ensemble - pour de vils calculs politiciens est dangereux. Affirmer publiquement que le choix est impossible entre le NFP et le RN en cas de duel au second tour est une faute historique ; celle-ci contribue à dédiaboliser davantage l’extrême droite et à la fixer dans un cadre républicain qui devrait normalement l’exclure, ne serait-ce qu'en tenant compte des leçons que nous offre l'histoire récente…
Le répit n’aura pas duré cinq ans. Le compte à rebours avait déjà commencé ; il s’est accéléré comme jamais. La lumière viendra d’un sursaut collectif important contre l’extrême droite, ses alliés et, par-dessus tout, contre la haine, le racisme et toutes ces idées putrides qui contaminent toute la société et mettent en danger les principes de liberté, d'égalité et de fraternité. La première étape de ce sursaut passe par une large mobilisation dans les urnes lors des législatives anticipées. L'explosion des demandes de procuration (6,5 fois plus depuis le lendemain des européennes) semble annoncer un regain de la participation. Aux urnes, citoyens ! Mais la mobilisation électorale ne saurait se suffire seule ; elle doit être accompagnée d'un engagement protéiforme des citoyens pour faire vivre chaque jour la devise républicaine et ainsi faire reculer l'intolérance. L’avenir de la France est en jeu.
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L’extrême droite au plus haut, l’hiver vient !
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