Société

Les « Asisses de la haine » pour « casser du musulman » maintenues

Une contre-manifestation des anti-racistes prévue

Rédigé par | Vendredi 17 Décembre 2010 à 16:50

La polémique enfle autour des « Assises de l’islamisation de l’Europe », organisée par Bloc Identitaire et Riposte laïque, tous deux à l'origine de l'apéro « saucisson et pinard » de juin 2010. Qualifié de « congrès raciste » par les uns, d'« Asisses de la haine » par d'autres, le meeting islamophobe est maintenue. Un rassemblement des organisations de lutte contre le racisme est prévue samedi 18 décembre à proximité du lieu de la réunion. La préfecture de Paris est sur les dents.



Un extrait de l'affiche des « Assises de l’islamisation de l’Europe »
L’extrême droite française s’organise et la tenue des « Assises de l’islamisation de l’Europe », samedi 18 décembre à Paris, en est clairement un signe. Lancé par Riposte laïque et Bloc Identitaire, groupuscule d’extrême droite, ce rassemblement entend clairement dénoncer « l’invasion musulmane » du continent européen, considérée comme « une menace de destruction » des valeurs françaises et européennes…

Pour légitimer ce discours islamophobe des plus malsains, l’argument de la laïcité est une fois de plus utilisé à tort et à travers. Les organisateurs de ces Assises n’en sont pas à leur premier coup d’essai puisque ce sont eux qui ont organisé, entre autres, l’apéro « saucisson et pinard » en juin dernier. D'ailleurs, un en cas saucisson-pinard leur sera justement offert aux « invités ».

L’extrême droite européenne se renforce

Les campagnes des partis d’extrême droite en Europe ont toutes un point commun : leurs discours anti-islam et anti-musulman. Leur symbole : Geert Wilders, dirigeant du Parti de la liberté (PVV) aux Pays-Bas, qui a conclu en septembre dernier un accord avec le gouvernement néerlandais.

Même la Suède n’a pas été épargné par cette tendance puisque les Démocrates de Suède (SD), l’extrême droite suédoise, ont obtenu, pour la première fois de son Histoire, 20 sièges au Parlement en septembre.

Pour marquer le coup, Oskar Freysinger, leader du parti d’extrême droite suisse UDC, connu notamment pour avoir imposé le référendum sur l’interdiction des minarets, est invité au meeting avec Tommy Robinson, porte-parole de la Ligue anglaise de défense (English Defense League, EDL), mouvement d'extrême droite anti-musulman.

La riposte des anti-racistes

Opposé à ce meeting, le maire de Paris Bertrand Delanoë a demandé au préfet de police de Paris Michel Gaudin « de bien vouloir prendre toutes les mesures nécessaires » afin qu’il « ne puisse avoir lieu. » Elle « ne peut qu'engendrer haine, xénophobie et trouble à l'ordre public », écrit-il dans un courrier.

Malgré les risques de trouble à l'ordre public, la réunion a cependant été autorisée jeudi 16 décembre par la préfecture. Les partis de gauche et les associations anti-racistes, dont le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), qui a qualifié les Assises de « congrès raciste », appellent d’ores et déjà à une contre-manifestation pacifique le jour même des Assises, à partir de 11h à proximité de l’Espace Charenton, pour protester contre la tenue de la réunion.

Le Collectif contre l’islamophobie en France prend également part à cette manifestation. « Si la liberté de réunion et d’expression sont des fondements sur lesquels il ne faut pas transiger, les propos qui sont tenus par ces groupes (...) sont des appels à la haine », s'insurge Samy Debah dans un communiqué.

« L'objet de ces Assises n'a strictement rien à voir avec la laïcité, mais à l'inverse, les idées véhiculées ne sont porteuses que d'un discours haineux et potentiellement violent contre une partie de nos concitoyens, sous le prétexte de leurs convictions religieuses », ont écrit dans un communiqué les partis de gauche (PCF, NPA, PRG, EE-Les Verts, PG) du 12e arrondissement parisien, où doit se tenir la réunion.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur