Jeudi 6 mai, une interpellation d’individus en situation irrégulière a été une nouvelle occasion d’amalgames dommageables à la dignité de l’Islam et des musulmans.
Ainsi une dépêche de l’Agence France Presse(*) met en exergue la présence d’un « imam autoproclamé » parmi la vingtaine d’interpellations effectuées à Marseille.
Dans cette même dépêche, la plus grande confusion est entretenue par des éléments contradictoires. La police des frontières précise que l’individu en question « n’a pas revendiqué [un statut d’imam] » pas plus qu’il n’a été interpellé dans une situation renvoyant à cela. D’autres sources policières, selon l’information rapportée par l’AFP, tiennent à préciser qu’il s’agirait d’un « imam autoproclamé, fiché depuis 2003, […] salafiste, et qui aurait prêché occasionnellement dans deux mosquées de Marseille ».
Les responsables du culte musulman à Marseille ont déclaré ne pas connaître cette personne, à fortiori comme remplissant une fonction d’imam. D’autres éléments ont depuis confirmé qu’il n’était pas imam.
Les responsables du Conseil Régional du Culte Musulman en PACA sont consternés de voir l’acharnement qui sévit aujourd’hui pour salir l’image de la communauté musulmane, en mettant en scène, de façon grossière, des situations et des personnes, et en développant une perception tendancieuse du culte musulman.
En revanche Le CRCM se félicite de la retenue, à cette occasion, des médias – à quelques exceptions près- à propager des « informations douteuses », qui ne peuvent que semer le trouble dans les esprits et perpétuer une campagne nauséabonde à l’encontre des musulmans.
Si l’Islam n’a pas de clergé, il n’en existe pas moins des règles s’agissant de la désignation d’un imam. Contrairement à une idée aujourd’hui volontiers répandue, n’est pas imam qui veut. Loin d’être neutre, « autoproclamé » est un terme qui déforme et ignore totalement la réalité des mécanismes qui permettent à un musulman de se voir confier des missions d’imam.
Prétendre, à partir de quelques cas savamment mis en spectacle, jeter le discrédit ou une forme de suspicion légitime sur les acteurs du culte musulman en France relève d’une entreprise mensongère, insultante et inacceptable. Par ailleurs, ces errements ne sauraient donc permettre de poser ou de reposer des questions, dans des conditions sérieuses, sur la formation des imams comme sur l’organisation du culte.
Le CRCM en appelle à la responsabilité de tout un chacun, afin de préserver la dignité et l’honneur de tous les citoyens, quelle que soit leur confession et de lutter contre toutes les formes de racisme.
CRCM PACA.
Marseille le vendredi 7 mai 2004.
(*) Dépêche AFP du 06.05.04
Immigration-imam-islam.
Un imam « autoproclamé » placé en rétention à Marseille.
MARSEILLE, 6mai 2004(AFP)- Un imam algérien « autoproclamé » de 28 ans, en situation irrégulière, a été interpellé mercredi au cours d’un contrôle de routine à Marseille et transféré au centre de rétention d’Arenc, dans le quartier portuaire de la ville, a-t-on appris jeudi de source policière. Fayçal Ayachi, originaire de Skikda, a été interpellé par la sécurité publique avec une vingtaine d’autres personnes dans le quartier populaire de la porte d’Aix. Mis en garde à vue par la police aux frontières pour défaut de titre de séjour, il a été placé en rétention administrative en vue de son éventuelle expulsion. Selon la police aux frontières, « il n’a pas revendiqué dans sa déposition une profession d’imam et n’a pas été interpellé en sa qualité d’imam ». De sources policières, on expliquait cependant que cet imam « autoproclamé » était fiché depuis 2003 comme appartenant à la mouvance salafiste et prêchait occasionellement dans deux mosquées à Marseille. M.Ayachi avait déjà fait l’objet d’une reconduite aux frontières il y a tout juste un an. Il avait alors déclaré qu’il reviendrait en France.
Neuf autres personnes arrêtées en même temps que lui, ont été placées en garde à vue. Deux d’entre elles ont été placées en centre de rétention à Arenc et sept autres assignées à résidence en vue de leur éventuelle expulsion.