Les élections régionales de mars 2010 sont de nouveau l'occasion d'un débat autour de la question de la diversité, débat qui aboutira finalement au constat du déficit de représentation parmi les personnes élues au soir du deuxième tour.
Cet état d’esprit confirme une tendance déjà observée lors de précédents scrutins électoraux. Il est ainsi de bon ton de parler de diversité pour « communiquer », mais les réelles transformations de nos instances de représentations politiques ne sont pas intervenues : un état de fait que nous pourrions qualifier de « diversité cosmétique », cette situation ne modifiant en rien les rapports politiques ni les rapports au politique et qui repose sur de profondes contradictions.
D'un côté, un fort engouement pour la « diversité » − notion floue qui désigne de manière chuchotée les Français issus des migrations africaines et des DOM, partiellement encouragée par la victoire de Barack Obama outre-Atlantique − est affiché par les partis politiques français.
De l'autre côté, certains, au sein de ces mêmes partis, dénoncent les statistiques ethniques ou encore la « discrimination positive ». D'autres encore se bornent à rappeler les principes constitutionnels d'unité et d'indivisibilité de la République, sans nécessairement en tirer toutes les conséquences au sein de leurs propres instances politiques puisque discriminant parfois, et stigmatisant souvent, ces mêmes Français héritiers des migrations.
Souvent figures invisibles dans les espaces décisionnels, les Français « labellisés diversité » risquent donc d’être encore sous-représentés lors de ce scrutin régional.
Évoquer à tout-va et avec amalgame(s) la diversité, les banlieues et l’islam pollue indéniablement l’espace médiatique par des sujets qui, s’ils sont importants, ne sauraient être un moyen de masquer des problématiques plus fondamentales. Cette stratégie de diversion accentue la crise de confiance de nos concitoyens envers les institutions.
En somme, pour ce scrutin, nous aurons davantage entendu parler de voile intégral et d'identité nationale que de véritables questions de fond, notamment économiques et écologiques. Les compétences des conseils régionaux tenant au développement économique, à l’éducation, à la formation professionnelle et à la culture, à la santé ou encore à l’aménagement du territoire auront donc été reléguées au second plan.
Les véritables perdants de cette situation sont les citoyens eux-mêmes et, au fond, l’intérêt général. Notre pays apparaît comme divisé, alors que, au quotidien, l’ensemble de la population partage globalement les mêmes difficultés, les mêmes besoins et les mêmes doléances.
Ce sentiment de diversion en politique pourrait conforter le vote pour les extrêmes, mais aussi pour les listes alternatives, plus proches de la société civile dans leurs propositions et dans leur composition que les grands partis.
La vie politique hexagonale est de plus en plus dominée par l’image, le marketing et surtout l’émotionnel. Le paradoxe apparent dans notre République est bien une défiance plus grande des citoyens à l’égard de la politique − défiance marquée par un fort taux d’abstentionnisme − qui contraste avec des formes de politisation périphérique et des signes particulièrement forts de dynamisme civique.
Les mobilisations sociales, les échanges sur les blogs, ou encore certaines « révoltes » montrent bien que la France reste une société largement militante. L’impératif de diversité peut participer de ce mouvement et permettrait une ouverture qui ne se cantonnerait pas aux seuls Arabes et Noirs comme potentiels gadgets jetables après chaque élection.
Les élus qui s’amusent de ces sujets de manière à éluder les véritables enjeux pourraient, lors du scrutin régional, être sanctionnés : aux urnes, citoyens !
* El Yamine Soum est co-auteur, avec Vincent Geisser, de Discriminer pour mieux régner. Enquête sur la diversité dans les partis politiques (Éd. de l’Atelier, 2008).
Cet état d’esprit confirme une tendance déjà observée lors de précédents scrutins électoraux. Il est ainsi de bon ton de parler de diversité pour « communiquer », mais les réelles transformations de nos instances de représentations politiques ne sont pas intervenues : un état de fait que nous pourrions qualifier de « diversité cosmétique », cette situation ne modifiant en rien les rapports politiques ni les rapports au politique et qui repose sur de profondes contradictions.
D'un côté, un fort engouement pour la « diversité » − notion floue qui désigne de manière chuchotée les Français issus des migrations africaines et des DOM, partiellement encouragée par la victoire de Barack Obama outre-Atlantique − est affiché par les partis politiques français.
De l'autre côté, certains, au sein de ces mêmes partis, dénoncent les statistiques ethniques ou encore la « discrimination positive ». D'autres encore se bornent à rappeler les principes constitutionnels d'unité et d'indivisibilité de la République, sans nécessairement en tirer toutes les conséquences au sein de leurs propres instances politiques puisque discriminant parfois, et stigmatisant souvent, ces mêmes Français héritiers des migrations.
Souvent figures invisibles dans les espaces décisionnels, les Français « labellisés diversité » risquent donc d’être encore sous-représentés lors de ce scrutin régional.
Évoquer à tout-va et avec amalgame(s) la diversité, les banlieues et l’islam pollue indéniablement l’espace médiatique par des sujets qui, s’ils sont importants, ne sauraient être un moyen de masquer des problématiques plus fondamentales. Cette stratégie de diversion accentue la crise de confiance de nos concitoyens envers les institutions.
En somme, pour ce scrutin, nous aurons davantage entendu parler de voile intégral et d'identité nationale que de véritables questions de fond, notamment économiques et écologiques. Les compétences des conseils régionaux tenant au développement économique, à l’éducation, à la formation professionnelle et à la culture, à la santé ou encore à l’aménagement du territoire auront donc été reléguées au second plan.
Les véritables perdants de cette situation sont les citoyens eux-mêmes et, au fond, l’intérêt général. Notre pays apparaît comme divisé, alors que, au quotidien, l’ensemble de la population partage globalement les mêmes difficultés, les mêmes besoins et les mêmes doléances.
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* El Yamine Soum est co-auteur, avec Vincent Geisser, de Discriminer pour mieux régner. Enquête sur la diversité dans les partis politiques (Éd. de l’Atelier, 2008).
Lire aussi :
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