Culture & Médias

Les Veillées du Ramadan s’achèvent en beauté au Châtelet

Rédigé par Saliha Hadj-Djilani | Mercredi 15 Septembre 2010 à 16:17

Plus de 3 000 personnes ont assisté à la soirée de clôture de la 5e édition des veillées du Ramadan, au Théâtre du Châtelet, ce samedi 11 septembre. Une fête entièrement gratuite, où les concerts ont fait salle comble.



Après neuf soirées consacrées aux pratiques culturelles de l’islam en Europe, l’Institut des cultures d’islam (ICI) a célébré en beauté la fin du Ramadan, au lendemain de l’Aïd, dans une atmosphère festive et bon enfant, où se mêlait une population hétéroclite.

Pour être de la fête, il fallait retirer au préalable son invitation à la mairie de Paris ou à l’ICI dans le 18e arrondissement. Et sans billet, pas d’entrée ! C’était le seul moyen de limiter l’accès au théâtre devant le flux de visiteurs attendus, compte tenu de la programmation riche de découvertes.

La clé de la réussite de cette fête, c’est, sans aucun doute, une programmation musicale particulièrement haute en couleur. De 20 heures à minuit, des artistes qui ont fait vibrer l’ICI tout au long des Veillées du Ramadan ont investi tous les espaces du théâtre du Châtelet.

Sur la scène extérieure, installée avenue Victoria, le chanteur algérien Amazigh Kateb, le collectif Hammerbass Electronical Dub et l’ensemble flamenco de Jean-Baptiste Marino jouent successivement face à des spectateurs qui se déhanchent tout en se régalant ! À proximité, en effet, un buffet gargantuesque de spécialités orientales sucrées-salées : merguez, bricks, pâtisseries, chorba… Rien ne manque ! Et le repas est gratuit comme tout le reste de la manifestation.

« J’adore l’ambiance, le partage des cultures à tous les niveaux. Je me régale même si je ne connais pas trop les noms des plats que je mange ! », nous explique Lucienne, qui vient pour la première fois au spectacle de clôture des Veillées.

Pendant ce temps-là, les trois salles du théâtre accueillent d’autres artistes et il y en a aussi pour tous les goûts ! Entre les rythmes électro-orientaux de Transglobal Underground et de Natacha Atlas [écouter un extrait ci-dessous], la musique spirituelle de l’ensemble soufi de Sarajevo Nesidu-I-Huda et les chorégraphies de la danseuse contemporaine Hela Fattoumi, difficile de ne pas trouver son compte musicalement ! La vraie difficulté, c’était finalement de faire son choix…

Samia a trouvé une astuce : « Moi, je vais de salle en salle, comme ça je peux voir un petit bout de chaque spectacle. Comme toutes les salles sont pleines, je n’ai pas de vraie place assise, mais tant pis. Je trouve toujours un strapontin près de la porte. Ce qui me fatigue le plus, ce sont les escaliers, qu’il faut monter et descendre, mais ça en vaut la peine ! Après, j’irai me rafraîchir au buffet et ça ira mieux ! »

Cela n’a échappé à personne : cette fête s’est aussi déroulée un 11 septembre, une date symbolique [lire l'interview de Hamou Bouakkaz ci-dessous]. Pour Slim, un jeune homme d’origine tunisienne, « c’est une belle soirée de fête pour les musulmans et c’est bien qu’il y ait ce genre de fête à Paris. Ce rassemblement fraternel entre Parisiens de toutes les religions et de tous horizons, je trouve ça vraiment important au moment où l’islamophobie se développe beaucoup aux États-Unis et en France ». ■





Hamou Bouakkaz, adjoint au maire de Paris, en charge de la démocratie locale et de la vie associative, est un de ceux qui sont à l’origine de cet événement, qu’il a mis en place en collaboration avec l’ICI. Il était de la fête et a répondu à nos questions sur la soirée mais aussi sur l’actualité.

Saphirnews : Avec la montée de l’islamophobie en France, pensez-vous que ce type d’événement peut avoir une incidence positive ?

Hamou Bouakkaz : L’islamophobie est comme tous les racismes, comme tous les préjugés, à combattre de manière véhémente. Et le maire de Paris tout comme moi-même, nous nous insurgeons et protestons. Nous prenons toutes les dispositions auprès de la préfecture de police pour que la protection des musulmans soit assurée, tant du point de vue de leur personne que du point de vue de leur culture et des symboles qui leur sont chers.
Donc cette soirée de fin de Ramadan est une soirée de lutte contre les préjugés, pour montrer aux Parisiens l’apport des cultures de l’islam et combien elles sont partie intégrante des cultures de Paris.

Qu’a fait la mairie de Paris concrètement pour les musulmans de la ville ?

H. B. : On a donné des permis de construire pour la construction de mosquées quand on nous en a demandé. C’est la mairie de Paris qui loge le Conseil français du culte musulman (CFCM) et nous préparons avec lui une action autour de la mémoire des musulmans en France.
Et le maire de Paris s’inscrit toujours dans toutes les initiatives qui jettent des ponts entre les cultures, entre les religions, car Bertrand Delanoë est un homme de paix. Notre équipe municipale évidemment le suit.

Que pensez-vous de l’« apéritif républicain », qui s’est tenu à Paris début septembre ?

H. B. : La bêtise n’a pas de limites. La xénophobie ne gagnera pas à Paris. Il faut laisser glouglouter les égouts. De toute façon, le mélange des cultures est en marche et ce ne sont pas quelques hurluberlus nostalgiques d’une France qui n’existe pas qui vont ralentir ce processus.