Sur le vif

Les accusés du meurtre d'un journaliste innocentés

Rédigé par Laila Elmaaddi | Samedi 6 Mai 2006 à 10:13



Un jury populaire a innocenté vendredi à Moscou les trois accusés dans l'assassinat en juillet 2004 du journaliste américain Paul Klebnikov, célèbre pour ses investigations sur la corruption en Russie, la mafia et la Tchétchénie. "La majorité des jurés a voté pour un verdict d'innocence. Je suis content que la justice ait triomphé en Russie", a déclaré à la sortie du procès tenu à huis-clos l'avocat de Moussaé Vakhaev, Rouslan Khassanov.

Le Parquet avait demandé début mai de reconnaître le notaire moscovite d'origine tatare Fail Sadretdinov et deux Tchétchènes, Moussa Vakhaev et Kazbek Doukouzov coupables de ce meurtre, qui avait suscité une vive émotion aux Etats-Unis et en Russie. "Malgré toute la propagande qui a été faite, les jurés ont vu qu'il n'y avait pas de preuves et que ces gens n'étaient pas coupables", a déclaré une des avocates, Elena Liptser. Le parquet pourrait faire appel de cette décision, a laissé entendre le procureur Dmitri Chokhine. "Des violations grossières de la loi ont été commises ce qui a influencé le verdict", a-t-il déclaré.

La famille a réagi avec amertume à l'annonce du verdict. "Nous sommes très mécontents de voir que deux ans après l'assassinat de notre frère, les meurtriers sont toujours en liberté", a déclaré Michael Klebnikov à Washington, suggérant à la Russie de faire appel à l'aide des Etats-Unis et d'autres pays dans l'enquête. "Nous exhortons les autorités russes à faire tout ce qui est possible pour trouver et traduire en justice tous les responsables de ce meurtre", a dit le porte-parole du département d'Etat Sean McCormack à l'issue du verdict.

Le rédacteur en chef de l'édition russe du magazine américain Forbes (41 ans) avait été abattu en pleine rue à Moscou le 9 juillet 2004 alors qu'il sortait vers 22h00 de sa rédaction. Selon la thèse officielle, contestée par les proches du journaliste et par une partie de la presse moscovite, le meurtre a été commandité par un séparatiste tchétchène Hodj-Akhmed Noukhaev, que Klebnikov avait critiqué dans un livre en 2003 ("Entretien avec un barbare").