Voilà maintenant deux ans que le CFCM (Conseil Français du Culte Musulman) existe. Le mandat du bureau exécutif du CFCM arrive donc à son terme, les élections approchent. Elles auront lieu, si tout se passe bien, en avril 2005. Qui dit élection, dit pouvoir. Qui dit pouvoir, dit discorde… Le CFCM n’échappe malheureusement pas à cette règle. Le conseil entre de nouveau dans une crise. La même qui a suscité sa première présidence en avril 2003.
On se souvient de la polémique dans laquelle s’étaient déroulées, en 2003, les « pseudo élections » du bureau exécutif. En effet, le bureau était déjà décidé avant les élections. Dalil Boubakeur, en président, puis Fouad Alaoui (UOIF : Union des Organisations Islamiques de France) et Mohammed Bechari (FNMF : Fédération Nationale des Musulmans de France) en vice-présidents. M. Boubakeur était sortit minoritaire des urnes. Les participants ont donc satisfait les caprices de Dalil pour qu’enfin le CFCM voit le jour dans la douleur. En tout cas, tout semblait clair: pour naître correctement, il fallait, dans un premier temps, que le bureau soit « coopté », car la communauté ne semblait pas mature pour voter…Ensuite, lors des prochaines élections, l'on allait passer à la phase « démocratique » où, cette fois-ci, le bureau allait être élu en bonne et due forme…
M. Boubakeur veut revoir le système électif
Seulement l’expérience des élections des CRCM (Conseil Régional du Culte Musulman) a traumatisé La Mosquée de Paris. Celle-ci s’était faite littéralement écraser par l’UOIF et la FNMF. Suite à ce « massacre électoral », M. Boubakeur avait menacé de démissionner, avant de se rétracter et de garder la présidence.
Après toute cette mésaventure, un nouvel épisode « made in CFCM » revoit le jour. Les deux ans du mandat Boubakeur écoulés, la présidence se fait soudainement silencieuse. Après la réunion de rentrée du 7 septembre 2004, le Président (La Mosquée de Paris?) s’engouffre dans un silence radio. Il décide alors de revoir le système électif du bureau exécutif, anticipant la fin de sa présidence. M. Fouad Alaoui, un des vices présidents (représentant l’UOIF), décide alors de reprendre les rennes et annonce « une réunion de crise » qui a eu lieu hier, le 11 novembre à Paris. Une fois cette réunion annoncée, c'est de peur que M. Boubakeur provoque une réunion le 8 novembre, mais sans succès. Ni la FNMF, ni l’UOIF ne seront présentes.
« Ce ne sont pas nos caprices qui doivent régir notre fonctionnement »
La réunion de crise qui a eu lieu, hier jeudi 11 novembre à Paris, a réuni dix huit représentants de CRCM de dix huit régions, pour manifester leur mécontentement face à l’irresponsabilité de Dalil. « L’ensemble des Conseils Régionaux du Culte musulman a voulu par cette réunion exprimer son désaccord face à l’attitude du président du CFCM. Nous condamnons aussi la manière dont le président Dalil boubakeur gère le CFCM. Et nous voulons continuer à fonctionner suivant les statuts qui ont été préalablement définis, et qui doivent définir notre comportement. Ce ne sont pas nos caprices qui doivent régir notre fonctionnement ! » confie Lhaj Thami Breze, le président du CRCM Ile de France Centre, qui regrette l’attitude de M. Boubakeur. « C’est dommage, regrettable qu’on en soit arrivé ici, car on a toujours réglé nos problèmes internes dans le cadre d’un dialogue fraternel. Mais cette fois-ci le problème a été mis en public. » raconte-t-il en faisant référence à des déclaration de diffamation qui a été faite sur la FNMF et l’UOIF par la Mosquée de Paris. « Le CFCM est maintenant reconnu sur la scène nationale et internationale. Avec la crise des otages, il a bien manifesté sa présence, sa mobilisation. Et au moment où le CFCM avance, vous avez l’attitude du président qui trahit tout ce travail ! » déplore-t-il avant de conclure « Le CFCM dérange beaucoup les détracteurs de l’Islam de France. Et il y a des pressions qui sont exercées sur le président pour que le CFCM cesse d’exister. En tout cas la Mosquée de Paris n’a plus le monopole de ‘ l’islam modéré ’ et il a perdu toute légitimité. Nous avons montré notre volonté d’exister et nous sommes maintenant reconnus comme instance officielle, la balle est maintenant dans le camps du gouvernement français. »