Culture & Médias

Les dix musulmanes de l'année 2010

Rédigé par Propos recueillis par Amara Bamba | Lundi 23 Novembre 2009 à 00:00

Elle peut s'appeler Sophie Guillemin, Diam's, Dounia Bouzar ou Malika Dif. Mais elle peut aussi être votre voisine de palier... Ces musulmans européennes de l'année seront célébrées pour leurs initiatives, leurs actions ou tout simplement leur personnalité. L'initiative est signée CEDAR, premier réseau européen de professionnels musulmans. Nous avons voulu en savoir plus. Entretien avec Sofia Hamaz, responsable du CEDAR à l'Institut du dialogue stratégique.




Saphirnews : Distinguer dix musulmanes chaque année, il fallait y penser !

Sofia Hamaz : L'idée vient d'un groupe de travail qui ne comptait que des femmes à l'époque. Notre souhait était de pouvoir témoigner de notre reconnaissance à certaines femmes que nous trouvions remarquables mais qui se situent un peu en dehors des canons médiatiques ordinaires. Puis l'idée a fait son chemin, le groupe s'est ouvert et est devenu mixte. Nous avons, par exemple, fait appel à Zoubeyr (ndlr, fondateur du réseaux des Dérouilleurs) que vous connaissez bien en France et qui a accepté de se joindre à nous. Finalement, nous avons arrêté le concept actuel de cette liste en restant fidèles à notre objectif initial.

Quelle est donc précisément votre intention aujourd'hui ?

Sofia Hamaz : « Diversifier la culture de la femme dans la culture des médias. »
S. H. : Notre intention est de célébrer le rôle d'influence que jouent certaines femmes, musulmanes et non musulmanes, d'Europe. Mais aussi nous souhaitons aider à diversifier l'image de la musulmane véhiculée par les médias traditionnels.
D'une manière générale, la musulmane apparaît dans les médias dans une posture de victime, une femme opprimée. De temps à autre, on nous montre un cas de réussite de femme de référence musulmane. Mais la gamme des profils est plus large et beaucoup plus nuancée.
Nous voulons contribuer à une diversification de la culture de la femme musulmane dans la culture de nos médias traditionnels, en mettant en lumière la diversité des parcours et la diversité des profils.


Comment choisissez-vous ces femmes d'influence ?

S. H. : Nous le faisons avec l'aide du grand public. Dans notre dispositif, tout le monde peut nominer une femme qu'il estime d'influence. Elle peut être sa sœur, son épouse ou la directrice de l'école de son enfant ! Elle peut aussi travailler sur une chaîne de fabrication dans une usine tout comme elle peut être un parent d'élève ou une citoyenne simplement impliquée de manière constructive dans la vie de la cité, même de manière informelle.
Si vous appréciez son action, vous pouvez la nominer. Nos critères sont très ouverts. La seule exigence est de nominer des personnes basées en Europe ou exerçant une activité en Europe ou depuis l'Europe. Ce n'est vraiment pas restrictif.

Oui, le choix est grand. Mais, pratiquement, comment puis-je nominer quelqu'un ?

S. H. : Vous allez sur le site de CEDAR et dans la colonne de gauche vous verrez « nominate ». Vous cliquez et vous remplissez la fiche de nomination. On vous demande quelques informations d'usage. Vous pouvez nominer plusieurs personnes. Vous pouvez vous nominer vous-même. C'est vraiment simple, sans surprise et le tout se fait en quelques minutes. J'invite tout le monde à venir en ligne pour nominer la ou les femmes dont il a apprécié le rôle et l'influence durant cette année. C'est libre et c'est gratuit...

Après les nominations, que se passe-t-il ?

S. H. : Comme dans toute sélection de ce type, nous avons un comité. Ce jury fera le choix de dix femmes dans la liste des nominées. Ces dix femmes seront les femmes de la liste pour l'année 2010. Notre jury est composé de femmes et d'hommes, des musulmans et des non-musulmans, dont certains sont des personnalités connues. De mémoire, je risque d'en oublier quelques-uns, mais la composition du jury sera rendue publique. Par exemple, nous y avons convié le fondateur de Facebook. Et quand le jury aura fait son travail, nous inviterons les lauréates à rejoindre le CEDAR pour donner une plus grande visibilité à leurs actions ou à leurs projets.

Justement, parlez-nous du CEDAR ?

S. H. : Le CEDAR est une idée qui naît en novembre 2008, à la suite d'un atelier de travail lors du célèbre Séminaire global de Salzbourg. Cet atelier a réuni quarante professionnels musulmans exerçant dans divers secteurs d'activité. Certains dans le business, d'autres dans la finance, la recherche, l'éducation, etc.
En plus d'être originaires de différents pays d'Europe, ces professionnels avaient en commun d'être des musulmans. Ils ont alors décidé de créer un réseau de professionnels pour mener des projets concrets ensemble. C'est ainsi que tout est parti. Par la suite, il a fallu poser les conditions d'adhésion et les formalités administratives d'usage pour une organisation de ce type.

Novembre 2008, cela fait un an. Avez-vous pu lancer des projets ?

S. H. : Nous en avons essentiellement trois en cours. La liste des femmes musulmanes européennes de l'année, dont nous venons de parler est un de nos projets et pas des moindres.
Nous avons aussi un projet de monitoring des jeunes entrepreneurs à travers toute l'Europe. Il est lancé et on peut en reparler si vous voulez dans quelques mois.
Et notre troisième projet est une base de données de professionnels de référence musulmane. Une base de données accessible à tout le monde. Celui qui recherche un professionnel ou un expert musulman peut ainsi en retrouver un, en faisant une recherche par pays, par secteurs d'activité ou par langues parlées.

Pour en savoir plus : www.cedar-emwi.com