Kuala Lumpur - L’éternel débat à propos du droit d’une personne convertie à l’islam de convertir d’une manière unilatérale son enfant mineur souligne l’importance du rôle public de la religion dans une société pluraliste comme celle de la Malaisie.
Le gouvernement malaisien a mis en place récemment une politique selon laquelle lorsqu’un des deux partenaires au sein d’un couple se convertit, tout enfant issu de leur union, n’étant pas considéré comme adulte du point de vue légal, doit être élevé dans la religion sur laquelle ils se sont mis d’accord au moment du mariage.
Cette décision pourrait aider à résoudre tout un ensemble de conflits portant sur des plaintes et des intérêts opposés que ni personne ni aucun tribunal n’a réussi à résoudre de façon satisfaisante.
Néanmoins, cette tentative courageuse de résoudre un problème de longue date est révélateur des dissensions qui existent entre les Malaisiens en matière de religion. Si la décision du gouvernement a été bien accueillie par les non-musulmans, par le conseil du barreau, l’Interfaith Consultative Council of Buddhism, Christianity, Hinduism, Sikhism and Taoism (MCCBCHST) et par des associations de droits de la femme et de droits humains, certains segments de la communauté musulmane, tels que les partisans d’un Etat islamique s’y sont toutefois opposés.
Pour ces derniers, la question avait déjà été réglée par la décision de décembre 2007 du Tribunal fédéral, qui prévoit que le consentement d’un seul des parents suffit pour la conversion d’un enfant.
Mais en réalité, cette décision n’avait pas entièrement résolu le problème, parce qu’elle n’avait pas abordé certains aspects juridiques, comme celui de l’intérêt de l’enfant dans le cas d’un divorce.
Dans un tel cas, si la justice donne la garde à la mère, il serait plus pratique que l’enfant soit élevé dans la religion de sa mère.
Quand les conflits à propos de conversion, de liberté de religion, de maintien de l’ordre moral, de droits de la femme et de droits humains sont abordés uniquement à travers un prisme religieux, les soumettant obligatoirement aux principes de l’islam ou de la charia, cela rend la recherche de solutions encore plus compliquée. L’argument selon lequel les lois fondées sur la charia représentent « la volonté et le commandement de Dieu » a bien trop souvent engendré la crainte et découragé toute forme de discussion et de débat.
En Malaisie, cette approche idéologique limitée est désormais soutenue par un nouveau courant interprétatif pressant la justice de relire l’article 3(alinéa 1) de la Constitution fédérale, qui stipule que l’islam est la religion de la Fédération, dans le sens que toutes les lois doivent être conformes aux principes islamiques.
Cette approche ne tient pas compte d’autres dispositions constitutionnelles qui limitent la juridiction religieuse et stipulent que la Constitution est la loi suprême du pays.
Le gouvernement a fait preuve d’une volonté politique de trouver une solution face aux contestations incessantes que posent les conversions. Etant donné le tollé général et la déchirante détresse des parents et des enfants, il est urgent d’établir plus de clarté dans la loi et dans son interprétation.
Les non-musulmans ne devraient pas être soumis à la législation islamique et le changement de religion chez un enfant ne devrait se faire qu’avec le consentement des deux parents. Toute question concernant un mariage civil doit être résolue devant un tribunal civil, en fonction du droit civil, même si l’une des parties s’est convertie à l’islam.
A plus long terme, une enquête devrait être menée et aboutir à un rapport destiné au parlement, dans lequel les problèmes et les complications et les intérêts opposés sur les sujets impliquant la religion seront exposés clairement. Le gouvernement pourra alors présenter ses solutions et les soumettre au débat portant sur le rôle même de la religion dans la vie publique – sur son rôle dans l’élaboration des lois et dans les prises de décisions politiques, mais aussi sur la structure et les principes qui devraient être utilisés lorsqu’il y a des zones nébuleuses.
En Malaisie, le débat sur les questions de religions – comme celle-ci – est en train de gagner du terrain dans la vie publique. La recherche de solutions justes ne pourrait exister que si nous, en tant que citoyens, protégeons cet espace pour le débat et tenons compte des notions d’égalité et de justice du point de vue de la religion, des droits humains internationaux et de la Constitution. L’usage de l’argument religieux dans le droit public et dans la politique devrait tenir compte de la modernité de notre époque, de l’Etat constitutionnel et démocratique et aussi de notre monde lié par le droit international.
Zainah Anwar
Star Online, 3 mai 2009, www.thestar.com.my & CommonGroundNews.org
Zainah Anwar est membre du conseil de Sisters in Islam (SIS) et directrice de projet pour Musawah, mouvement mondial pour l’égalité et la justice dans la famille musulmane. Article abrégé distribué par le Service de Presse Common Ground (CGNews) avec l’autorisation de l’auteur. Le texte est disponible dans son intégralité (en anglais) sur thestar.com.my.
Le gouvernement malaisien a mis en place récemment une politique selon laquelle lorsqu’un des deux partenaires au sein d’un couple se convertit, tout enfant issu de leur union, n’étant pas considéré comme adulte du point de vue légal, doit être élevé dans la religion sur laquelle ils se sont mis d’accord au moment du mariage.
Cette décision pourrait aider à résoudre tout un ensemble de conflits portant sur des plaintes et des intérêts opposés que ni personne ni aucun tribunal n’a réussi à résoudre de façon satisfaisante.
Néanmoins, cette tentative courageuse de résoudre un problème de longue date est révélateur des dissensions qui existent entre les Malaisiens en matière de religion. Si la décision du gouvernement a été bien accueillie par les non-musulmans, par le conseil du barreau, l’Interfaith Consultative Council of Buddhism, Christianity, Hinduism, Sikhism and Taoism (MCCBCHST) et par des associations de droits de la femme et de droits humains, certains segments de la communauté musulmane, tels que les partisans d’un Etat islamique s’y sont toutefois opposés.
Pour ces derniers, la question avait déjà été réglée par la décision de décembre 2007 du Tribunal fédéral, qui prévoit que le consentement d’un seul des parents suffit pour la conversion d’un enfant.
Mais en réalité, cette décision n’avait pas entièrement résolu le problème, parce qu’elle n’avait pas abordé certains aspects juridiques, comme celui de l’intérêt de l’enfant dans le cas d’un divorce.
Dans un tel cas, si la justice donne la garde à la mère, il serait plus pratique que l’enfant soit élevé dans la religion de sa mère.
Quand les conflits à propos de conversion, de liberté de religion, de maintien de l’ordre moral, de droits de la femme et de droits humains sont abordés uniquement à travers un prisme religieux, les soumettant obligatoirement aux principes de l’islam ou de la charia, cela rend la recherche de solutions encore plus compliquée. L’argument selon lequel les lois fondées sur la charia représentent « la volonté et le commandement de Dieu » a bien trop souvent engendré la crainte et découragé toute forme de discussion et de débat.
En Malaisie, cette approche idéologique limitée est désormais soutenue par un nouveau courant interprétatif pressant la justice de relire l’article 3(alinéa 1) de la Constitution fédérale, qui stipule que l’islam est la religion de la Fédération, dans le sens que toutes les lois doivent être conformes aux principes islamiques.
Cette approche ne tient pas compte d’autres dispositions constitutionnelles qui limitent la juridiction religieuse et stipulent que la Constitution est la loi suprême du pays.
Le gouvernement a fait preuve d’une volonté politique de trouver une solution face aux contestations incessantes que posent les conversions. Etant donné le tollé général et la déchirante détresse des parents et des enfants, il est urgent d’établir plus de clarté dans la loi et dans son interprétation.
Les non-musulmans ne devraient pas être soumis à la législation islamique et le changement de religion chez un enfant ne devrait se faire qu’avec le consentement des deux parents. Toute question concernant un mariage civil doit être résolue devant un tribunal civil, en fonction du droit civil, même si l’une des parties s’est convertie à l’islam.
A plus long terme, une enquête devrait être menée et aboutir à un rapport destiné au parlement, dans lequel les problèmes et les complications et les intérêts opposés sur les sujets impliquant la religion seront exposés clairement. Le gouvernement pourra alors présenter ses solutions et les soumettre au débat portant sur le rôle même de la religion dans la vie publique – sur son rôle dans l’élaboration des lois et dans les prises de décisions politiques, mais aussi sur la structure et les principes qui devraient être utilisés lorsqu’il y a des zones nébuleuses.
En Malaisie, le débat sur les questions de religions – comme celle-ci – est en train de gagner du terrain dans la vie publique. La recherche de solutions justes ne pourrait exister que si nous, en tant que citoyens, protégeons cet espace pour le débat et tenons compte des notions d’égalité et de justice du point de vue de la religion, des droits humains internationaux et de la Constitution. L’usage de l’argument religieux dans le droit public et dans la politique devrait tenir compte de la modernité de notre époque, de l’Etat constitutionnel et démocratique et aussi de notre monde lié par le droit international.
Zainah Anwar
Star Online, 3 mai 2009, www.thestar.com.my & CommonGroundNews.org
Zainah Anwar est membre du conseil de Sisters in Islam (SIS) et directrice de projet pour Musawah, mouvement mondial pour l’égalité et la justice dans la famille musulmane. Article abrégé distribué par le Service de Presse Common Ground (CGNews) avec l’autorisation de l’auteur. Le texte est disponible dans son intégralité (en anglais) sur thestar.com.my.