Points de vue

Les femmes d’Arabie Saoudite font leur entrée dans le monde du sport

Par Maha Akeel*

Rédigé par Maha Akeel | Jeudi 26 Juillet 2012 à 10:00



Djeddah, Arabie saoudite – L’Arabie saoudite a annoncé le 12 juillet, deux semaines seulement avant le début des Jeux olympiques, qu’elle enverrait deux femmes, l’une pour la compétition de judo, l’autre pour celle d’athlétisme, faisant ainsi de Wodjan Ali Seraj Abdulrahim Shahrkhani et Sarah Attar les premières femmes saoudiennes à participer aux Jeux olympiques.

Depuis quelques décennies maintenant, la majorité des pays musulmans ont autorisé les femmes à pratiquer une activité sportive et à participer à des compétitions sportives et ces pays ont des athlètes féminines qui prennent part aux Jeux. Aujourd’hui l’Arabie saoudite leur emboîte le pas.

L’annonce a été faite après des mois de pression sur l’Arabie saoudite et de négociations entre ce pays et le Comité international olympique. Parce qu’elle ne contenait aucune femme, l’entière délégation nationale d’Arabie saoudite était menacée d’être interdite de participation aux Jeux. Pour l’Arabie saoudite, un pays qui interdit à ses femmes et ses filles de pratiquer un sport, trouver des femmes de niveau olympique n’était pas évident. Quelques jours seulement avant l’annonce, le Comité olympique national d’Arabie saoudite avait déclaré à la presse qu’il ne parvenait pas à identifier une seule femme qualifiée pour la compétition.

Le simple fait de laisser des femmes participer aux Jeux olympiques cette année est déjà un progrès énorme. Espérons que d’avoir laissé des femmes concourir aux Jeux ouvrira la porte aux femmes et aux filles qui souhaitent prendre part aux cours d’éducation physique à l’école, qui souhaitent s’entraîner dans des clubs ou pratiquer un sport d’équipe – et espérons qu’elles auront une plus grande chance de participer elles-mêmes aux Jeux olympiques dans le futur.

Les athlètes féminines saoudiennes font face à quelques obstacles. Pour les femmes, l’éducation sportive n’est autorisée que dans les écoles privées. Les clubs de gym pour femmes sont appelés des « club de santé » parce qu’un établissement arborant le nom de « club de gym pour femmes » n’obtiendra pas de licence. Les femmes ne sont pas autorisées à pratiquer dans des clubs de sports officiels, ni même de regarder un match dans un stade, et les tournois féminins de football, volleyball et basketball des écoles privées et des universités sont tenus secrètement.

En Arabie saoudite, le problème des athlètes féminines n’est pas dû à la religion, mais plutôt aux traditions, aux normes culturelles et aux lois qui gouvernent la participation des femmes dans toutes les activités publiques. La société est, de façon générale, conservatrice lorsqu’il s’agit des relations entre les genres et les femmes doivent porter le voile, les lieux de travail ségrèguent les genres et les femmes ne sont pas autorisées à conduire.

Cependant, tout comme dans le cas d’autres problèmes auxquels les femmes saoudiennes doivent faire face, des progrès ont été réalisés au cours des dernières années.

Des appels ont été passés par les professionnels de la santé, les éducateurs et les parents afin d’autoriser, pour des raisons de santé, les sports dans les écoles pour filles et le ministre de l’Education a récemment déclaré qu’il est en train de considérer l’introduction de l’éducation physique dans les écoles réservées aux filles.

Les femmes saoudiennes sont impatientes de pouvoir pratiquer des sports et de l’activité physique. Beaucoup de femmes exercent la marche comme activité sportive ou sont membres des « clubs de santé » afin de rester en forme. D’autres jouent au tennis, au basketball, au football ou monte à cheval. Si un plus grand nombre d’installations sportives étaient accessibles aux femmes, un plus grand nombre serait motivé à les fréquenter et aurait plus de facilité à participer.

En 2008, Arwa Mutabagani a été la première femme saoudienne à être engagée comme administratrice sportive de haut niveau, à la Fédération équestre. En 2006, « Jeddah United Sports Company » (la compagnie des sports unis de Djeddah), un des rares clubs de sports féminin, qui dirige une équipe féminine de basket, a été fondée par deux sœurs. Et en 2010 , la cavalière de concours hippiques Dalma Rushdi Malhas fût la première femme saoudienne à participer aux Jeux olympiques de la jeunesse à Singapour, où elle a gagné une médaille de bronze.

L’acceptation de Shahrkhani et Attar comme membres de l’équipe saoudienne olympique, indépendamment de leurs performances, doit inspirer et encourager beaucoup de filles – d’Arabie saoudite et d’autres pays – à se mettre au sport. Afin d’éviter de devoir une fois encore procéder à une recherche de dernière minute pour trouver des femmes qualifiées pour les prochains Jeux, les autorités saoudiennes doivent agir afin de rendre accessibles aux athlète féminines aspirantes les installations sportives adéquates et les bons entraînements. Cela représenterait une autre étape remarquable en direction de l’égalité pour les femmes saoudiennes.

* Maha Akeel est une journaliste saoudienne.