Aujourd'hui, c'est le mot universalisme républicain qui est sur la sellette. Si je vous demande ce qui est pour vous universel, certains me répondront l'amour, d'autres diront couscous ou pizzas - des plats qui ont conquis tous les estomacs de la planète. D'autres encore répondront football, parce que les arabesques du ballon rond se comprennent partout dans le monde. L'amour, le foot, le couscous, la pizza ont vocation à s'étendre à l'universel.
Universel du latin, universus, signifiant « tout entier », considéré dans son ensemble et qui qualifie depuis l'an 1200 : ce qui s'étend à la terre entière. Tout va bien. Enfin, pas tout à fait. C'est lorsque l'on accole « universel » à « républicain », du latin respublica, la chose publique qui désigne l'intérêt général, que ça coince parfois. Certains voient dans ce mot une promesse non tenue. L'universalisme républicain, c'est cette philosophie politique née au 18e siècle, celui de la Révolution française, qui donne à l'ensemble des citoyens des droits identiques, quels que soient les particularités culturelles ou religieuses de chacun.
Le droit à une égalité totale ? J'en vois certains dubitatifs devant leur café. Mais l'égalité réelle, elle est où ? Elle n'est pas là, aux pieds des quartiers. Même si l'accès à la santé, à la Sécu, à l'école pour tous et toutes est quand même là. L'égalité ? Juridiquement, nous sommes tous égaux. Égaux ! Mais rien n'est acquis, donné. Il faut se bouger et se rappeler l'histoire, se souvenir qu'en fonction des contextes, cet universalisme évolue et que sous la pression du collectif, le droit bouge.
Tiens, prenons l'exemple du suffrage universel. Né en 1792, c'est la reconnaissance du droit de vote à l'ensemble des citoyens. Ouais, enfin, pas vraiment. Les femmes en France ont dû attendre 1944 pour pouvoir voter. Mais n'est-ce pas au nom de cet universalisme que d'aucuns, au cours de la Troisième République et après, ont justifié l'aventure coloniale ? Dévoyé, ce fut alors un instrument d'oppression. Mais par les conquêtes démocratiques qu'il inspire, l'universalisme est aussi un instrument de libération. Il y en a beaucoup de par le monde qui rêvent d'avoir le droit à une égalité totale devant la loi, faisant fi des distinctions sociales du genre de la couleur de peau.
Alors attention aux caricatures. L'universalisme républicain ne nie pas les différences, n'amène pas à penser de manière uniforme. Il est toujours un instrument de combat au service de l'égalité, partout dans le monde.
Après être revenu sur l'origine du mot « universalisme » et sa balade dans l'actualité, un spécialiste nous aide à y voir encore plus clair. Ici Paul Baquiast
*****
Pierre Henry est le président de l’association France Fraternités, à l’initiative de la série « Les mots piégés du débat républicain », disponible également en podcast sur Beur FM.
Universel du latin, universus, signifiant « tout entier », considéré dans son ensemble et qui qualifie depuis l'an 1200 : ce qui s'étend à la terre entière. Tout va bien. Enfin, pas tout à fait. C'est lorsque l'on accole « universel » à « républicain », du latin respublica, la chose publique qui désigne l'intérêt général, que ça coince parfois. Certains voient dans ce mot une promesse non tenue. L'universalisme républicain, c'est cette philosophie politique née au 18e siècle, celui de la Révolution française, qui donne à l'ensemble des citoyens des droits identiques, quels que soient les particularités culturelles ou religieuses de chacun.
Le droit à une égalité totale ? J'en vois certains dubitatifs devant leur café. Mais l'égalité réelle, elle est où ? Elle n'est pas là, aux pieds des quartiers. Même si l'accès à la santé, à la Sécu, à l'école pour tous et toutes est quand même là. L'égalité ? Juridiquement, nous sommes tous égaux. Égaux ! Mais rien n'est acquis, donné. Il faut se bouger et se rappeler l'histoire, se souvenir qu'en fonction des contextes, cet universalisme évolue et que sous la pression du collectif, le droit bouge.
Tiens, prenons l'exemple du suffrage universel. Né en 1792, c'est la reconnaissance du droit de vote à l'ensemble des citoyens. Ouais, enfin, pas vraiment. Les femmes en France ont dû attendre 1944 pour pouvoir voter. Mais n'est-ce pas au nom de cet universalisme que d'aucuns, au cours de la Troisième République et après, ont justifié l'aventure coloniale ? Dévoyé, ce fut alors un instrument d'oppression. Mais par les conquêtes démocratiques qu'il inspire, l'universalisme est aussi un instrument de libération. Il y en a beaucoup de par le monde qui rêvent d'avoir le droit à une égalité totale devant la loi, faisant fi des distinctions sociales du genre de la couleur de peau.
Alors attention aux caricatures. L'universalisme républicain ne nie pas les différences, n'amène pas à penser de manière uniforme. Il est toujours un instrument de combat au service de l'égalité, partout dans le monde.
Après être revenu sur l'origine du mot « universalisme » et sa balade dans l'actualité, un spécialiste nous aide à y voir encore plus clair. Ici Paul Baquiast
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Pierre Henry est le président de l’association France Fraternités, à l’initiative de la série « Les mots piégés du débat républicain », disponible également en podcast sur Beur FM.