Selon le rapport annuel de l'ONU présenté au cours de la 20e conférence mondiale sur le sida (AIDS 2014) en juillet 2014 en Australie, la mortalité était en nette baisse et la progression du virus a ralenti en 2013 dans le monde. Un constat positif qui a fait dire à Michel Sibidé, le directeur d'ONUSIDA, le programme des Nations Unies dédié à la lutte contre la maladie, que « mettre fin à l'épidémie de sida est possible ». Néanmoins, jusqu'à présent, aucun vaccin ni thérapie ne permet une guérison totale.
La région la plus contaminée reste l'Afrique subsaharienne. C'est aussi dans cette partie du monde que le plus grand nombre de nouvelles contaminations sont recensées. L'Afrique du Nord et le Moyen-Orient comptent également parmi les régions où l'épidémie progresse le plus rapidement.
La région la plus contaminée reste l'Afrique subsaharienne. C'est aussi dans cette partie du monde que le plus grand nombre de nouvelles contaminations sont recensées. L'Afrique du Nord et le Moyen-Orient comptent également parmi les régions où l'épidémie progresse le plus rapidement.
Une progression préoccupante
De 2001 à 2012, le nombre de personnes vivant avec le VIH dans les pays membres de la Ligue arabe est passé de 140 000 à 210 000, d'après l'ONUSIDA. Sur cette même période, le nombre de personnes nouvellement infectées par le virus a augmenté de plus de 44 % dans ces pays. La nombre de décès dûs au sida a progressé de 69 %. Sur l'ensemble des pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord (MENA), le nombre de personnes infectées est passé de 330 000 en 2001 à 580 000 en 2010. Le taux de prévalence (le nombre de personnes souffrant de la maladie), s'il reste très faible (inférieur à 1 %), a doublé au cours des dix dernières années.
La progression, préoccupante, a valu qu'une session soit consacrée à la situation de l'épidémie dans les pays arabes pendant la conférence mondiale, dont le thème était « Stepping up the pace » (« Intensifier le rythme »). Le directeur de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, a répété à plusieurs reprises que les pays arabes devaient redoubler leurs efforts pour réduire la propagation de l'épidémie. Au début de l'année 2014, l'ONUSIDA avait tiré la sonnette d'alarme, soulignant que le faible taux de prévalence dans la région MENA ne devait pas être un prétexte à l'inaction, dans un domaine où les tendances peuvent se renverser de façon inattendue.
La progression, préoccupante, a valu qu'une session soit consacrée à la situation de l'épidémie dans les pays arabes pendant la conférence mondiale, dont le thème était « Stepping up the pace » (« Intensifier le rythme »). Le directeur de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, a répété à plusieurs reprises que les pays arabes devaient redoubler leurs efforts pour réduire la propagation de l'épidémie. Au début de l'année 2014, l'ONUSIDA avait tiré la sonnette d'alarme, soulignant que le faible taux de prévalence dans la région MENA ne devait pas être un prétexte à l'inaction, dans un domaine où les tendances peuvent se renverser de façon inattendue.
Dix objectifs pour enrayer la progression
Le Conseil des ministres de la Santé de la LEA.
Une étape avait été franchie le 13 mars 2014 avec l'adoption d'une Stratégie arabe contre le sida (2014-2020). Adoptée par le Conseil des ministres arabes de la Santé lors de sa 41e session ordinaire, organisée par la Ligue arabe, la Stratégie, soutenue par l'ONUSIDA, doit permettre « d'orienter le développement d'une riposte régionale au VIH coordonnée, et basée sur le consensus ».
Elle fixe dix objectifs, alignés sur ceux de la Déclaration politique de 2011 sur le sida, adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies afin de parvenir à une génération sans VIH après 2015. Les signataires se sont donnés pour but de réduire de plus de 50 % l'incidence du VIH au sein des populations les plus exposées, d'éliminer les infections chez les enfants, d'augmenter la couverture du traitement des personnes infectées à 80 %, et de lutter contre la stigmatisation et les discriminations. Les Etats se sont aussi fixés pour objectif d'accroître le financement de la lutte contre la maladie, de lutter contre la vulnérabilité particulière des femmes et des filles, d'éliminer les inégalités entre les sexes et les abus de violence basés sur le genre et, enfin, de réviser les politiques de restrictions de déplacement des malades.
Née d'une initiative de l'Arabie saoudite, la mise en œuvre de la Stratégie dans les pays arabes sera contrôlée par la Ligue arabe et l'ONUSIDA, qui travailleront en étroite collaboration. Elle sera lancée par la tenue de trois forums, consacrés aux questions du leadership des femmes, aux médias et aux chefs religieux. Qualifiée d'accomplissement historique, « l'adoption de la Stratégie arabe de lutte contre le sida démontre un engagement et un leadership durables de la riposte au sida dans les pays arabes », s'est alors félicité Yamina Chakkar, la directrice de l'équipe d'appui à la région MENA de l'ONUSIDA.
Elle fixe dix objectifs, alignés sur ceux de la Déclaration politique de 2011 sur le sida, adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies afin de parvenir à une génération sans VIH après 2015. Les signataires se sont donnés pour but de réduire de plus de 50 % l'incidence du VIH au sein des populations les plus exposées, d'éliminer les infections chez les enfants, d'augmenter la couverture du traitement des personnes infectées à 80 %, et de lutter contre la stigmatisation et les discriminations. Les Etats se sont aussi fixés pour objectif d'accroître le financement de la lutte contre la maladie, de lutter contre la vulnérabilité particulière des femmes et des filles, d'éliminer les inégalités entre les sexes et les abus de violence basés sur le genre et, enfin, de réviser les politiques de restrictions de déplacement des malades.
Née d'une initiative de l'Arabie saoudite, la mise en œuvre de la Stratégie dans les pays arabes sera contrôlée par la Ligue arabe et l'ONUSIDA, qui travailleront en étroite collaboration. Elle sera lancée par la tenue de trois forums, consacrés aux questions du leadership des femmes, aux médias et aux chefs religieux. Qualifiée d'accomplissement historique, « l'adoption de la Stratégie arabe de lutte contre le sida démontre un engagement et un leadership durables de la riposte au sida dans les pays arabes », s'est alors félicité Yamina Chakkar, la directrice de l'équipe d'appui à la région MENA de l'ONUSIDA.
Une prise de conscience tardive des pouvoirs publics
Au début des années 2000, la lutte contre le sida n'était pas à l'agenda politique des pays en question. Un faible taux de prévalence n'est pas de nature à amener les responsables politiques à prendre conscience de la gravité de la menace et à adopter des programmes de prévention adaptés. Les premières études après la découverte du virus dans les années 1980 et 1990 montraient d'ailleurs que le pourcentage de personnes contaminées était particulièrement faible dans les pays musulmans.
Cette situation a alors fait dire à des dignitaires religieux que le sida était une maladie occidentale et qu'elle était « non musulmane ». L'idée même que le sida ne concerne pas la communauté musulmane reste encore solidement ancrée dans certains esprits. Une influence de la religion et de la culture a été notée par certains chercheurs mais elle ne doit pas être surestimée non plus.
Pendant longtemps, mais encore aujourd'hui, la maladie a été perçue comme caractéristique des travailleuses du sexe, des hommes ayant des relations avec d'autres hommes et des drogués. Des catégories de population « moralement corrompues » qui contreviennent aux valeurs traditionnelles. Ces « populations clés » continuent de présenter des risques d'infection plus élevés que le reste de la population mais ils ne sont plus les seuls à être touchés.
En Tunisie, les chiffres dévoilés ce lundi 1er décembre à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida révèlent que la principale cause de transmission de la maladie sont les relations sexuelles non protégées (44 %), suivies de la consommation de drogue par injection (21 %), les relations homosexuelles (4,9 %), et la transmission mère-enfant (4 %). Au total, 1 420 personnes ont été recensées comme porteuses du virus actuellement.
Cette situation a alors fait dire à des dignitaires religieux que le sida était une maladie occidentale et qu'elle était « non musulmane ». L'idée même que le sida ne concerne pas la communauté musulmane reste encore solidement ancrée dans certains esprits. Une influence de la religion et de la culture a été notée par certains chercheurs mais elle ne doit pas être surestimée non plus.
Pendant longtemps, mais encore aujourd'hui, la maladie a été perçue comme caractéristique des travailleuses du sexe, des hommes ayant des relations avec d'autres hommes et des drogués. Des catégories de population « moralement corrompues » qui contreviennent aux valeurs traditionnelles. Ces « populations clés » continuent de présenter des risques d'infection plus élevés que le reste de la population mais ils ne sont plus les seuls à être touchés.
En Tunisie, les chiffres dévoilés ce lundi 1er décembre à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida révèlent que la principale cause de transmission de la maladie sont les relations sexuelles non protégées (44 %), suivies de la consommation de drogue par injection (21 %), les relations homosexuelles (4,9 %), et la transmission mère-enfant (4 %). Au total, 1 420 personnes ont été recensées comme porteuses du virus actuellement.
Les effets désastreux de la stigmatisation
Les chiffres officiels dans la région MENA ne prennent en revanche pas compte du poids du tabou qui pèse dans ces sociétés et qui affecte de facto l'évaluation réelle de la situation. Les solutions apportées et les programmes de santé publique restent insuffisants, même si des efforts ont bel et bien été déployés. Selon l'ONUSIDA, 23 % des personnes - en moyenne - ayant besoin d'un traitement antiviral le reçoivent dans cette région, contre 8 % en 2010. Le plus souvent, c'est la société civile et des associations spécialisées qui apportent l'aide nécessaire aux individus infectés. Les populations clés préfèrent souvent une approche communautaire plutôt qu'une réponse étatique, fondée sur un cadre légal restrictif, voire répressif.
Dans le monde arabe et ailleurs où le tabou est pesant, les personnes atteintes du sida sont victimes d'une très forte stigmatisation. Celle-ci a un effet néfaste sur leur capacité à obtenir de l'aide, les empêchent de se soigner, et ils sont généralement rejetées de la communauté. Dans les pays où l'homosexualité est interdite, les séropositifs n'ont simplement pas accès aux programmes de soin, ou alors craignent que leur identité soit révélée aux autorités.
L'accent doit être mis sur l'éducation et les campagnes de prévention. En novembre 2011, lors d'un symposium organisé au Qatar par l'Institut de Doha d'études sur la famille et le développement, l'ONUSIDA et l'Unicef ont voulu placer les familles au cœur du dispositif de la lutte contre le sida en matière de prévention et d'éducation d'abord, mais aussi en termes de lutte contre les préjugés, et de soutien à apporter à leurs proches contaminées. Elles se doivent d'être en première ligne dans la protection contre la stigmatisation et l'isolement des malades.
2015 arrive et l’objectif 6 du millénaire pour le développement qui vise à enrayer la propagation du VIH dans le monde n'est pas atteint. Il faudra encore bien plus de temps avant d'inverser la tendance actuelle.
Dans le monde arabe et ailleurs où le tabou est pesant, les personnes atteintes du sida sont victimes d'une très forte stigmatisation. Celle-ci a un effet néfaste sur leur capacité à obtenir de l'aide, les empêchent de se soigner, et ils sont généralement rejetées de la communauté. Dans les pays où l'homosexualité est interdite, les séropositifs n'ont simplement pas accès aux programmes de soin, ou alors craignent que leur identité soit révélée aux autorités.
L'accent doit être mis sur l'éducation et les campagnes de prévention. En novembre 2011, lors d'un symposium organisé au Qatar par l'Institut de Doha d'études sur la famille et le développement, l'ONUSIDA et l'Unicef ont voulu placer les familles au cœur du dispositif de la lutte contre le sida en matière de prévention et d'éducation d'abord, mais aussi en termes de lutte contre les préjugés, et de soutien à apporter à leurs proches contaminées. Elles se doivent d'être en première ligne dans la protection contre la stigmatisation et l'isolement des malades.
2015 arrive et l’objectif 6 du millénaire pour le développement qui vise à enrayer la propagation du VIH dans le monde n'est pas atteint. Il faudra encore bien plus de temps avant d'inverser la tendance actuelle.