Sur le vif

Les révélations sur le raid en Syrie: un message à Pyongyang

| Mercredi 30 Avril 2008 à 00:03



Les révélations américaines sur le raid israélien en Syrie sont une opération de communication en forme d'avertissement pour la Corée du Nord, l'Iran et le reste du monde, a expliqué mardi le président George W. Bush.

En revenant la semaine dernière sur cette affaire longtemps obscure, les États-Unis voulaient signifier aux Nord-Coréens que «nous en savons plus sur eux qu'ils ne le pensent» et qu'ils devaient donc déclarer toutes leurs activités nucléaires, a dit M. Bush, interrogé lors d'une conférence de presse à la Maison-Blanche sur le raid aérien israélien de septembre 2007.

Washington voulait aussi adresser un «message à l'Iran et au monde», à savoir que «ces programmes (nucléaires) peuvent exister sans que les gens le sachent», a-t-il dit, faisant référence aux soupçons envers l'Iran, accusé de vouloir se doter de l'arme nucléaire, comme la Corée du Nord.

M. Bush a ainsi admis que son administration avait délibérément passé sous silence des informations en sa possession sur le raid israélien, ne tenant informés que «22 parlementaires», a-t-il dit.

Il s'agissait d'une part d'éviter que des révélations à chaud entraînent «affrontements» et «représailles» au Moyen-Orient, a-t-il dit, et d'autre part de choisir le meilleur moment pour atteindre des «objectifs politiques» en distillant des messages à la Corée du Nord, à l'Iran et au reste du monde.

Un responsable américain de la sécurité nationale a informé le Congrès jeudi sur la destruction le 6 septembre dernier d'un réacteur nucléaire en construction en Syrie par un raid aérien israélien: les services de renseignements ont présenté à huis-clos une vidéo et des photos du site, qui, selon Washington, ressemblait à celui du réacteur nord-coréen de Yongbyon.

Lundi, le directeur de la CIA Michael Hayden a assuré à l'issue d'une conférence à Washington que, si le site bombardé avait pu être pleinement opérationnel, il aurait suffi d'une année aux Syriens pour «produire assez de plutonium pour charger une ou deux armes».

Les Syriens ont en revanche nié avoir tenté de se doter d'un réacteur nucléaire. Le raid israélien «a touché un site militaire en construction, non pas un site nucléaire, comme le prétendent Israël et les États-Unis», a dit le président Bachar al-Assad dans un entretien au quotidien qatari Al-Watan durant le week-end.