Dick Marty
Pourtant, le sénateur suisse Dick Marty, enquêtant pour le compte du Conseil de l’Europe, a dévoilé hier à Paris devant la Commission des questions juridiques et des droits de l’homme de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, les premières conclusions d’une enquête préliminaire portant justement sur le transport de prisonniers par la CIA. « Des procédures judiciaires en cours dans certains pays semblent montrer que des personnes ont été enlevées et transportées dans d'autres pays sans respecter aucune norme d'assistance judiciaire » révèle sans détours le sénateur, précisant que les soupçons de « transport et la détention temporaire de personnes détenues, en dehors de toute procédure judiciaire, dans des pays européens » se « renforçaient ».
C’est le Washington Post qui, le premier, avait fait état de ces vols et de ces transports de prisonniers passant par l’Europe. Dick Marty enfonce le clou et précise que les Etats-Unis n’ont opposé aucun démenti formel. Le rapporteur précise par ailleurs que les prisonniers ayant transité par les aéroports ou prisons secrètes européens auraient été par la suite emmenés en Afrique du Nord, ceci au moment où le Washington Post dévoilait l’affaire. Dick Marty a donc demandé « instamment » aux membres du Conseil de l’Europe de « s'engager pleinement dans la recherche de la vérité au sujet des vols, survols de leur territoire d'avions ayant, ces dernières années, transporté des personnes arrêtées et détenues en dehors de toute procédure judiciaire».
« Il n’y a rien de fondamentalement nouveau dans les propos de M. Marty » a souligné Justin Higgins, un porte-parole au Département d’Etat à Washington, précisant que « la secrétaire d’Etat a pris position sur le sujet le 5 décembre dernier ». Quant au sénateur suisse, il « déplore » l’absence d’explications de la part de Mme Rice, cette dernière ayant seulement insisté sur le fait que son pays ne transférait pas de prisonniers vers des pays pratiquant la torture.
Les « sites noirs » dénoncés par le rapport Marty ainsi que par l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch seraient principalement situés en Roumanie et en Pologne.
Les « sites noirs » dénoncés par le rapport Marty ainsi que par l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch seraient principalement situés en Roumanie et en Pologne.