L’islam est devenu en quelques décennies la deuxième religion derrière le christianisme dans la majorité des pays européens. La France est forte de cinq à six millions de musulmans, 3,3 millions en Allemagne et près de deux millions en Grande-Bretagne. Face à la diversité de l’islam pratiqué par chaque communauté, à l’éclatement des pratiques religieuses et des affrontements plus ou moins explicites quant à la définition et au traitement de la question de l’islam dans les sociétés occidentales, les demandes de cadre et de repères formulées par les musulmans eux-mêmes se font de plus en plus pressantes depuis quelques années.
« À la croisée de ces demandes de reconnaissance religieuse et des incertitudes que suscitent auprès des acteurs publics et des sociétés d’accueil ce qui est perçu comme un processus de réislamisation des jeunes générations et la montée de l’islamisme, le fait islamique s’est imposé comme un incontournable « problème public », et ce, à double titre », explique Claire de Galembert, chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), dans la Revue internationale et stratégique parue en 2004. « En premier lieu, la présence et le devenir de l’islam provoquent des débats de société aux accents parfois extraordinairement violents de part et d’autre du Rhin, comme l’illustrent les différentes polémiques (…) relatives aux objets symboliques tels que les mosquées et les voiles islamiques. D’autre part, il apparaît aujourd’hui évident que l’islam, devenu la deuxième religion après le christianisme, est redevable d’un traitement public officiel. » Ainsi, la « peur » que suscite l’islam, la montée de l’islamophobie depuis les attentats du 11 septembre 2001 et la montée de l'intégrisme religieux sont autant de sujets de premier plan à traiter par les autorités.
C’est ainsi que la volonté de créer des instances régulatrices de l’islam aussi bien en France qu’en Allemagne est apparue. Les demandes accrues de la communauté des deux côtés du Rhin concernant la construction de mosquées, l’aménagement de carrés musulmans dans les cimetières ou encore l’organisation des fêtes religieuses (l’Aïd el-Kébir principalement) n’ont fait que renforcer la nécessité d’une haute autorité régulatrice du culte. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) voit ainsi le jour en mai 2003 en même temps que les Conseils régionaux du culte musulman (CRCM). Trois ans après, c’est au tour du Conseil de Coordination des Musulmans (Koordinierungsrat der Muslime ou KRM) d’apparaître sur la scène publique allemande. Toutes deux se veulent respectivement être l’organisation représentative des musulmans sur la scène nationale et l’interlocuteur de premier plan auprès des pouvoirs publics sur la question de l’islam.
« À la croisée de ces demandes de reconnaissance religieuse et des incertitudes que suscitent auprès des acteurs publics et des sociétés d’accueil ce qui est perçu comme un processus de réislamisation des jeunes générations et la montée de l’islamisme, le fait islamique s’est imposé comme un incontournable « problème public », et ce, à double titre », explique Claire de Galembert, chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), dans la Revue internationale et stratégique parue en 2004. « En premier lieu, la présence et le devenir de l’islam provoquent des débats de société aux accents parfois extraordinairement violents de part et d’autre du Rhin, comme l’illustrent les différentes polémiques (…) relatives aux objets symboliques tels que les mosquées et les voiles islamiques. D’autre part, il apparaît aujourd’hui évident que l’islam, devenu la deuxième religion après le christianisme, est redevable d’un traitement public officiel. » Ainsi, la « peur » que suscite l’islam, la montée de l’islamophobie depuis les attentats du 11 septembre 2001 et la montée de l'intégrisme religieux sont autant de sujets de premier plan à traiter par les autorités.
C’est ainsi que la volonté de créer des instances régulatrices de l’islam aussi bien en France qu’en Allemagne est apparue. Les demandes accrues de la communauté des deux côtés du Rhin concernant la construction de mosquées, l’aménagement de carrés musulmans dans les cimetières ou encore l’organisation des fêtes religieuses (l’Aïd el-Kébir principalement) n’ont fait que renforcer la nécessité d’une haute autorité régulatrice du culte. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) voit ainsi le jour en mai 2003 en même temps que les Conseils régionaux du culte musulman (CRCM). Trois ans après, c’est au tour du Conseil de Coordination des Musulmans (Koordinierungsrat der Muslime ou KRM) d’apparaître sur la scène publique allemande. Toutes deux se veulent respectivement être l’organisation représentative des musulmans sur la scène nationale et l’interlocuteur de premier plan auprès des pouvoirs publics sur la question de l’islam.
Des initiatives qui partent d’une bonne volonté…
A chaque pays, sa spécificité, les autorités allemandes et françaises ne réagissant pas de la même façon sur ce sujet. Elles ont certes cette même volonté affichée d’organiser l’islam. A droite comme à gauche de l’échiquier politique, cette position est unanime. Cependant, en France, le CFCM a reçu le soutien direct du ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, ce qui a favorisé sa création. « Cette volonté d’organiser « par le haut » une instance qui centraliserait la représentation de l’islam est typique d’un régime d’action publique marqué doublement par une tradition centralisatrice et étatiste », fait savoir Mme de Galembert. Moins en Allemagne, Etat fédéral où les Länder (régions) ont quelques prérogatives sur le gouvernement fédéral dans les domaines de l’éducation aussi longtemps qu’il n’existe pas de législation fédérale. Contrairement au CFCM, le KRM est née d’une volonté commune de quatre organisations islamiques pour favoriser le dialogue de leur communauté avec le gouvernement.
Difficile de dire quelles avancées concrètes a obtenu le CFCM. La création de la version allemande du CFCM a en revanche amené la tenue en mars dernier d’une troisième conférence allemande sur l’islam sous l’égide de Wolfgang Schäuble, ministre fédéral de l’Intérieur. Celle-ci a d’ailleurs produit son premier résultat concret. Dès l’an prochain, des cours l’éducation religieuse musulmane seront proposés comme matière d’enseignement dans les écoles allemandes.
Difficile de dire quelles avancées concrètes a obtenu le CFCM. La création de la version allemande du CFCM a en revanche amené la tenue en mars dernier d’une troisième conférence allemande sur l’islam sous l’égide de Wolfgang Schäuble, ministre fédéral de l’Intérieur. Celle-ci a d’ailleurs produit son premier résultat concret. Dès l’an prochain, des cours l’éducation religieuse musulmane seront proposés comme matière d’enseignement dans les écoles allemandes.
… mais qui reçoivent son avalanche de critiques
Cependant, les avancées sont souvent méconnues du fait de critiques nombreuses. Malgré la bonne volonté des représentants de ces conseils, la question de la représentativité reste toujours aussi épineuse. En effet, le KRM est composé d'organisations islamiques dont l’importante Union Turco-islamique des Affraires Religieuses (DITIB), mais ne représente que 10 à 15% des musulmans d’Allemagne. Alors que la communauté turque représente 75% des musulmans d’Allemagne, moins de 300 000 seulement participent activement aux organisations. En France, le CFCM, qui compte parmi ses composantes l’Union des Organisations islamiques de France (UOIF) et le Rassemblement des Musulmans de France (RMF) entre autres, ne fait guère mieux. Mohammed Moussaoui a été élu président du CFCM en juin 2008. Mais comment pouvoir se prétendre représentant de l’islam lorsqu’environ 4 000 électeurs seulement votent pour l’élection de leurs dirigeants ? La question reste un enjeu majeur pour les instances qui se veulent crédibles aux yeux des autorités et des musulmans même.
Une des explications avancées par Rabeya Muller, directrice pour la prédagogie et la didactique interreligieuse en Cologne (Allemagne) lors d’un séminaire à Paris fin 2007 sur l’échange de « bonnes pratiques » entre la France et l’Allemagne sur la question de l’intégration se veut simple. « L’islam peut être lu de diverses façons mes ses différentes organisations sont peu disposées à discuter et chacune revendique la primauté de son interprétation ». Les luttes d'influences ne sont pas étrangères à ce problème. Des faits qui expliquent la difficulté pour les conseils du culte musulman d’unir sous un même étendard plusieurs organisations.
Cependant, on a tendance à oublier que l’objectif de ces conseils n’est pas de créer « un » islam pour tous mais de rassembler les musulmans autour de grands principes pour se faire entendre du mieux possible sur la scène publique. Mlle Muller considère d’ailleurs que la religion est un facteur d’intégration « à condition que toutes bénéficient du même traitement et que l’intégration soit considérée comme un processus interactif avec des valeurs communes et des limites à redéfinir ». Derrière la création de chaque instance, c’est tout une volonté de reconnaissance politique que souhaitent les Musulmans d’Europe. Une reconnaissance qui vise à faire d’eux des électeurs potentiels et importants du fait de leur nombre et dont les autorités publiques se doivent de prendre en compte. Pour ces dernières, l’acceptation de la part des représentants de l’islam des lois en vigueur dans leur pays reste essentielle.
Une des explications avancées par Rabeya Muller, directrice pour la prédagogie et la didactique interreligieuse en Cologne (Allemagne) lors d’un séminaire à Paris fin 2007 sur l’échange de « bonnes pratiques » entre la France et l’Allemagne sur la question de l’intégration se veut simple. « L’islam peut être lu de diverses façons mes ses différentes organisations sont peu disposées à discuter et chacune revendique la primauté de son interprétation ». Les luttes d'influences ne sont pas étrangères à ce problème. Des faits qui expliquent la difficulté pour les conseils du culte musulman d’unir sous un même étendard plusieurs organisations.
Cependant, on a tendance à oublier que l’objectif de ces conseils n’est pas de créer « un » islam pour tous mais de rassembler les musulmans autour de grands principes pour se faire entendre du mieux possible sur la scène publique. Mlle Muller considère d’ailleurs que la religion est un facteur d’intégration « à condition que toutes bénéficient du même traitement et que l’intégration soit considérée comme un processus interactif avec des valeurs communes et des limites à redéfinir ». Derrière la création de chaque instance, c’est tout une volonté de reconnaissance politique que souhaitent les Musulmans d’Europe. Une reconnaissance qui vise à faire d’eux des électeurs potentiels et importants du fait de leur nombre et dont les autorités publiques se doivent de prendre en compte. Pour ces dernières, l’acceptation de la part des représentants de l’islam des lois en vigueur dans leur pays reste essentielle.