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Liban, Omar Karamé enfonce le clou

Rédigé par Bensilmane Hafida | Jeudi 14 Avril 2005 à 00:00

Le Liban commémore le 30e anniversaire de la guerre civile. Son Premier ministre désigné Omar Karamé annonce qu’il renonce à former un gouvernement. Une décision qui finit d’installer la profonde politique que connaît le pays.



Le Liban commémore le 30e anniversaire de la guerre civile. Son Premier ministre désigné Omar Karamé annonce qu’il renonce à former un gouvernement. Une décision qui finit d’installer la profonde politique que connaît le pays.

 

'Je réaffirme ma décision de démissionner'

 

M. Karammé affirme avoir pris cette décision car ses consultations ont abouti à une 'impasse', en raison de 'divergences' dans le camp pro-syrien.

'Je réaffirme ma décision de démissionner', a-t-il annoncé au cours d'une conférence de presse, précisant : 'J'avais déjà donné ma lettre de démission au chef de l'Etat lundi soir et le président Lahoud m'a demandé de temporiser pour donner le temps à des tractations de dernière minute, mais comme je ne vois pas de changement, je réaffirme ma décision de démissionner', a précisé Omar Karamé.


Il avait déjà démissionné le 28 février. Mais il a de nouveau été désigné  Premier ministre le 10 mars par la majorité parlementaire pro-syrienne. Omar Karamé est un  leader sunnite du nord du Liban et proche de la Syrie. Le principal chef de l'opposition libanaise, le druze Walid Joumblatt, qualifie la décision de M. Karamé de 'fuite en avant qui ne sert à rien'.

 

Des élections attendues

 

'Si les loyalistes ont une certaine légitimité, qu'ils se présentent aux élections, on verra aux urnes', a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse au Parlement européen à Strasbourg (France), où une délégation de l'opposition effectue une visite.

 'Il est urgent que le Parlement européen et l'opinion publique européenne se mobilisent pour faire pression sur le pouvoir libanais pour le contraindre à organiser dans les plus brefs délais des élections', a estimé la députée française Béatrice Patrie, précisant que le PE était prêt à envoyer des observateurs le cas échéant.

 

M. Joumblatt doit également se rendre à Paris, a indiqué son adjoint, le député Marwane Hamadé, qui a averti qu'un report des élections provoquerait une 'grève générale' dans le pays et de 'nouvelles manifestations'. Le ministre français des Affaires étrangères Michel Barnier a réaffirmé la nécessité d'organiser ces élections 'au mois de mai, en temps prévu' à condition qu'elles soient précédées d'un retrait militaire syrien total avant le 30 avril.

 D'autres membres de l'opposition libanaise ont mis en garde contre un 'renforcement' de l'intervention de la communauté internationale en cas de report des élections.

 

'Plus jamais la guerre'

 

La population libanaise a participé massivement aux cérémonies de commémoration du 30e anniversaire de la guerre du Liban, lancées dimanche sous le slogan 'plus jamais la guerre'. Des marches pour la paix et des concerts étaient au programme, ainsi que des manifestations sportives sur la place des Martyrs dans le centre de Beyrouth, devenue place de la Liberté depuis l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, le 14 février dans un attentat. Ces journées ont été annoncées par Bahia Hariri, sœur de l'ex-Premier ministre dont le nom est attaché à la reconstruction du pays.

 

Samir Frangié membre de l’opposition antisyrienne nuance cet élan: 'L'assassinat de Hariri, une figure politique non venue de la guerre, incarnant la réussite du Libanais ayant émigré pour faire fortune et la fin tragique de sa 'success story', a été le catalyseur de l'unité nationale'.

 

Cet assassinat a provoqué un sursaut national, marqué par des rassemblements à l'appel de l'opposition pour un 'soulèvement pacifique pour l'indépendance', ce qui a contribué à l'annonce par Damas du retrait total de ses troupes présentes au Liban depuis 29 ans.