Profondément imprégnée par son héritage catholique, la Principauté du Liechtenstein a vu son paysage religieux se diversifier au cours des dernières décennies. En 1960 encore, plus de 90 % des habitants étaient de confession catholique. En 2015, sur un total de 37.622 habitants, 27.576 étaient catholiques (73,3 %), 2.623 sans confession (7 %), 2.364 réformés (6,3 %), 2.215 musulmans (5,9 %), 472 chrétiens orthodoxes (1,3 %) et 447 luthériens (1,2 %).
Le pourcentage des musulmans dans la population au Liechtenstein est plus ou moins équivalent à celui des autres pays germanophones en Europe, bien qu'il soit plus élevé dans le Vorarlberg autrichien voisin, avec 11 %, ainsi que dans certaines localités suisses proches de la frontière. Même si les chiffres absolus sont modestes, cela soulève des questions à l'échelle d'un petit pays, où ne vivaient que 8 musulmans en 1970.
À l'instar de ce qui se passe ailleurs en Europe, la presse locale s'est fait l'écho de méfiances envers l'islam, par exemple à travers des lettres de lecteurs ou à l'occasion d'entretiens avec des figures critiques, par exemple Manfred Schlapp, auteur du livre Islam heisst nicht Salam : Streifzüge durch die muslimische Welt (Zurich, Offizin Verlag, 2015) ; ce fondateur et président d'honneur du PEN Club Liechtenstein soutient que « les zones d'ombre de l'islam sont simplement niées » (Liechtensteiner Vaterland, 17 janvier 2015 (ici). On a pu lire aussi dans la presse locale des titres comme « Islamisation rampante au Liechtenstein ? » (Volksblatt, 3 octobre 2014) ou des inquiétudes quant à l'éventuelle présence d'éléments radicaux.
S'il s'agit en partie d'échos de débats se déroulant aussi dans d'autres pays, de rares incidents locaux sont parfois venus alimenter ces préoccupations : des propos critiques envers le christianisme et favorables à l'introduction de la charia, tenus par un jeune homme lors d'une visite scolaire à la salle de prière de Triesen en 2014, ont suscité une question parlementaire et une enquête.
En 2016, le gouvernement du Liechtenstein a donc mandaté le Liechtenstein-Institut pour préparer un rapport sur l'islam au Liechtenstein. Le gouvernement en a pris connaissance au mois de septembre 2017. Le rapport a été rendu public le 11 octobre 2017.
Le pourcentage des musulmans dans la population au Liechtenstein est plus ou moins équivalent à celui des autres pays germanophones en Europe, bien qu'il soit plus élevé dans le Vorarlberg autrichien voisin, avec 11 %, ainsi que dans certaines localités suisses proches de la frontière. Même si les chiffres absolus sont modestes, cela soulève des questions à l'échelle d'un petit pays, où ne vivaient que 8 musulmans en 1970.
À l'instar de ce qui se passe ailleurs en Europe, la presse locale s'est fait l'écho de méfiances envers l'islam, par exemple à travers des lettres de lecteurs ou à l'occasion d'entretiens avec des figures critiques, par exemple Manfred Schlapp, auteur du livre Islam heisst nicht Salam : Streifzüge durch die muslimische Welt (Zurich, Offizin Verlag, 2015) ; ce fondateur et président d'honneur du PEN Club Liechtenstein soutient que « les zones d'ombre de l'islam sont simplement niées » (Liechtensteiner Vaterland, 17 janvier 2015 (ici). On a pu lire aussi dans la presse locale des titres comme « Islamisation rampante au Liechtenstein ? » (Volksblatt, 3 octobre 2014) ou des inquiétudes quant à l'éventuelle présence d'éléments radicaux.
S'il s'agit en partie d'échos de débats se déroulant aussi dans d'autres pays, de rares incidents locaux sont parfois venus alimenter ces préoccupations : des propos critiques envers le christianisme et favorables à l'introduction de la charia, tenus par un jeune homme lors d'une visite scolaire à la salle de prière de Triesen en 2014, ont suscité une question parlementaire et une enquête.
En 2016, le gouvernement du Liechtenstein a donc mandaté le Liechtenstein-Institut pour préparer un rapport sur l'islam au Liechtenstein. Le gouvernement en a pris connaissance au mois de septembre 2017. Le rapport a été rendu public le 11 octobre 2017.
Une population jeune souvent issue des Balkans et de Turquie
L'attention prêtée aux musulmans n'est pas nouvelle au Liechtenstein : un groupe de travail sur l'intégration des musulmans avait été constitué après le choc des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. Le travail de ce groupe a débouché par la suite sur des initiatives dans le domaine de l'instruction religieuse islamique dans le cadre scolaire ainsi que sur la question des carrés musulmans. Il en sera brièvement question plus loin.
Les musulmans vivant aujourd'hui au Liechtenstein sont pour la plupart sunnites et viennent principalement des pays balkaniques et de la Turquie. Un quart des musulmans du Liechtenstein sont aujourd'hui détenteurs d'un passeport de la Principauté : si l'on se limite à ceux qui sont en âge de voter, ils représentent ainsi 2,7 % des électeurs du pays. Le rapport ne fournit aucune indication sur des convertis.
Comme ailleurs en Europe, la population musulmane est jeune : 23,9 % sont âgés de moins de 15 ans (14,9 % de l'ensemble de la population), 26,7 % ont entre 15 et 29 ans (17,7 % de l'ensemble se la population se trouve dans cette classe d'âge). Dans les classes d'âge de plus de 40 ans, le pourcentage des musulmans est en revanche nettement inférieur à celui du reste de la population. Logiquement, la part des musulmans devrait donc augmenter encore.
Près de 60 % des musulmans du Liechtenstein ont l'allemand pour langue principale. De façon assez logique, les sondages montrent que, plus longue est la durée du séjour dans le pays et meilleures sont les connaissances d'allemand, plus fort est le sentiment d'y être accepté en tant que musulman.
Les musulmans vivant aujourd'hui au Liechtenstein sont pour la plupart sunnites et viennent principalement des pays balkaniques et de la Turquie. Un quart des musulmans du Liechtenstein sont aujourd'hui détenteurs d'un passeport de la Principauté : si l'on se limite à ceux qui sont en âge de voter, ils représentent ainsi 2,7 % des électeurs du pays. Le rapport ne fournit aucune indication sur des convertis.
Comme ailleurs en Europe, la population musulmane est jeune : 23,9 % sont âgés de moins de 15 ans (14,9 % de l'ensemble de la population), 26,7 % ont entre 15 et 29 ans (17,7 % de l'ensemble se la population se trouve dans cette classe d'âge). Dans les classes d'âge de plus de 40 ans, le pourcentage des musulmans est en revanche nettement inférieur à celui du reste de la population. Logiquement, la part des musulmans devrait donc augmenter encore.
Près de 60 % des musulmans du Liechtenstein ont l'allemand pour langue principale. De façon assez logique, les sondages montrent que, plus longue est la durée du séjour dans le pays et meilleures sont les connaissances d'allemand, plus fort est le sentiment d'y être accepté en tant que musulman.
Deux lieux de prière au Liechtenstein
© 2015 PeterHermesFurian - iStockPhoto
Il existe deux lieux de prière d'associations musulmanes du Liechtenstein (aucune des deux n'a pour l'instant de site Internet actif). Ni l'une ni l'autre de ces salles ne se présente architecturalement comme une mosquée au sens traditionnel. Des musulmans expriment bien entendu l'espoir de disposer un jour d'une mosquée adéquate. C'est avant tout l'absence de moyens financiers suffisants qui empêche le lancement d'un tel projet.
Une association turque fut fondée dès 1974, mais sans salle de prière. Au sein de cette association naquit le désir d'un lieu de culte. La première mosquée fut installée en 1980 dans un ancien bâtiment industriel, comme c'est souvent le cas ailleurs en Europe. Une séparation au sein de la communauté survint en 1990, ce qui explique l'existence de deux mosquées aujourd'hui.
La première reste liée à l'association turque et se trouve installée à Triesen. Elle compte 126 membres cotisants et en moyenne 90 participants à la prière du vendredi (aux deux tiers turcs). Elle a aujourd'hui un imam, envoyé et salarié par la Direction des affaires religieuses de la Turquie (Diyanet) ; son épouse bénéficie également d'une formation théologique et l'assiste.
La seconde mosquée est Islamische Gemeinschaft des Fürstentums Liechtenstein. Attirant aussi une majorité de musulmans d'origine turque, elle n'a pas d'imam à plein temps. Si le siège de l'association se trouve toujours au Liechtenstein (à Nendeln, sur le territoire de la commune d'Eschen), son actuel lieu de culte est en revanche installé de l'autre côté de la frontière, dans la ville suisse limitrophe de Sevelen (canton de Saint-Gall).
Dans les deux mosquées, le turc et l'allemand seraient utilisés (dans la seconde en alternance pour le cycle des prédications). En outre, des musulmans se rendent également dans des lieux de culte bosniaque, kosovar et macédonien dans la ville suisse voisine de Buchs, sur l'autre rive du Rhin.
En 2006 et 2007, un petit soutien financier étatique de 25 000 francs suisses avait été prévu au budget public pour les communautés musulmanes, à l'instar des autres communautés religieuses au prorata de leur population, mais celui-ci n'a plus été assuré par la suite, car les deux communautés ne se sont pas constituées en organisation faîtière, comme le demandaient les autorités.
Une association turque fut fondée dès 1974, mais sans salle de prière. Au sein de cette association naquit le désir d'un lieu de culte. La première mosquée fut installée en 1980 dans un ancien bâtiment industriel, comme c'est souvent le cas ailleurs en Europe. Une séparation au sein de la communauté survint en 1990, ce qui explique l'existence de deux mosquées aujourd'hui.
La première reste liée à l'association turque et se trouve installée à Triesen. Elle compte 126 membres cotisants et en moyenne 90 participants à la prière du vendredi (aux deux tiers turcs). Elle a aujourd'hui un imam, envoyé et salarié par la Direction des affaires religieuses de la Turquie (Diyanet) ; son épouse bénéficie également d'une formation théologique et l'assiste.
La seconde mosquée est Islamische Gemeinschaft des Fürstentums Liechtenstein. Attirant aussi une majorité de musulmans d'origine turque, elle n'a pas d'imam à plein temps. Si le siège de l'association se trouve toujours au Liechtenstein (à Nendeln, sur le territoire de la commune d'Eschen), son actuel lieu de culte est en revanche installé de l'autre côté de la frontière, dans la ville suisse limitrophe de Sevelen (canton de Saint-Gall).
Dans les deux mosquées, le turc et l'allemand seraient utilisés (dans la seconde en alternance pour le cycle des prédications). En outre, des musulmans se rendent également dans des lieux de culte bosniaque, kosovar et macédonien dans la ville suisse voisine de Buchs, sur l'autre rive du Rhin.
En 2006 et 2007, un petit soutien financier étatique de 25 000 francs suisses avait été prévu au budget public pour les communautés musulmanes, à l'instar des autres communautés religieuses au prorata de leur population, mais celui-ci n'a plus été assuré par la suite, car les deux communautés ne se sont pas constituées en organisation faîtière, comme le demandaient les autorités.
Un enseignement religieux islamique offert dans les écoles
À Vaduz, le bâtiment du Parlement du Liechtenstein (© 2014 Sain Alizada | Dreamstime).
Les enfants musulmans ont toujours été dispensés de la participation aux cours d'instruction religieuse catholique ou protestante. En 2006, le groupe de travail sur l'intégration des musulmans constitué en 2001, déjà mentionné plus haut, a formé un sous-groupe en vue d'examiner les possibilités d'instruction religieuse islamique comme contribution à l'intégration des musulmans. Des expériences d'instruction religieuse islamique à l'école primaire ont été menées au Liechtenstein dès l'année scolaire 2007-2008 (dans cinq écoles). Cette instruction religieuse a reçu un ancrage légal par une ordonnance entrée en vigueur le 1er août 2017.
Environ 10 % des élèves qui suivent l'enseignement primaire au Liechtenstein sont musulmans. Durant l'année scolaire 2016-2017, 67 des 180 écoliers de confession musulmane ont participé aux cours optionnels d'enseignement islamique. Les enseignants viennent du Vorarlberg autrichien, où ils sont accrédités tant par l'organisation faîtière des musulmans autrichiens que par les autorités scolaires locales ; depuis 2016, ils sont engagés et rémunérés directement par le service des écoles. L'enseignement religieux islamique dans le cadre scolaire au Liechtenstein s'inspire donc principalement du modèle autrichien. Il est actuellement offert dans les écoles de six communes.
Environ 10 % des élèves qui suivent l'enseignement primaire au Liechtenstein sont musulmans. Durant l'année scolaire 2016-2017, 67 des 180 écoliers de confession musulmane ont participé aux cours optionnels d'enseignement islamique. Les enseignants viennent du Vorarlberg autrichien, où ils sont accrédités tant par l'organisation faîtière des musulmans autrichiens que par les autorités scolaires locales ; depuis 2016, ils sont engagés et rémunérés directement par le service des écoles. L'enseignement religieux islamique dans le cadre scolaire au Liechtenstein s'inspire donc principalement du modèle autrichien. Il est actuellement offert dans les écoles de six communes.
Le désir d'un cimetière musulman, l'intégration par la terre
Outre le désir de voir un jour érigée une vraie mosquée et les souhaits maintenant réalisés d'une instruction religieuse islamique, la troisième attente des musulmans du Liechtenstein est celle d'un cimetière musulman. C'est l'un des thèmes sur lequel s'est également penché le groupe de travail formé en 2001. Un lieu adéquat avait été trouvé à Schaan, mais la corporation publique propriétaire en a refusé la vente par un vote de la majorité des citoyens présents (77 non contre 34 oui) lors de l'assemblée convoquée au sujet de cette affaire le 28 novembre 2016. Cette question reste donc ouverte.
Même si le rapport ne mentionne pas leur présence au Liechtenstein, notons enfin qu'une partie de la population d'origine turque est d'orientation religieuse alévite. Leur nombre exact n'est pas connu. Il n'existe apparemment aucune présence organisée de cette communauté, dont les membres participent à des activités dans les pays voisins.
En outre, dans un article publié en 2010 sur l'islam au Liechtenstein, Thomas Schmidinger (Université de Vienne) mentionne des activités missionnaires du mouvement Ahmadiyya à partir de la Suisse ; plusieurs réunions publiques avaient été organisées à Vaduz en 2009, mais en ne suscitant qu'un « faible intérêt », de l'aveu même des organisateurs (« Provozierendes Moschee-Flugblatt », Volksblatt, 15 décembre 2009). Il ne semble y avoir pour le moment aucune présence organisée de ce groupe au Liechtenstein.
Même si le rapport ne mentionne pas leur présence au Liechtenstein, notons enfin qu'une partie de la population d'origine turque est d'orientation religieuse alévite. Leur nombre exact n'est pas connu. Il n'existe apparemment aucune présence organisée de cette communauté, dont les membres participent à des activités dans les pays voisins.
En outre, dans un article publié en 2010 sur l'islam au Liechtenstein, Thomas Schmidinger (Université de Vienne) mentionne des activités missionnaires du mouvement Ahmadiyya à partir de la Suisse ; plusieurs réunions publiques avaient été organisées à Vaduz en 2009, mais en ne suscitant qu'un « faible intérêt », de l'aveu même des organisateurs (« Provozierendes Moschee-Flugblatt », Volksblatt, 15 décembre 2009). Il ne semble y avoir pour le moment aucune présence organisée de ce groupe au Liechtenstein.
En partenariat avec
Religioscope se consacre à l’étude des faits religieux et à leur impact dans le monde contemporain. Première parution de l'article le 11 novembre.
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