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M. Chirac prône la cohésion nationale en excluant l’Islam

Rédigé par Ammar B. | Vendredi 9 Juillet 2004 à 00:00

Hier jeudi, devant près de 1 500 personnes, Jacques Chirac a lancé un appel à la France. Depuis Chambon-sur-Lignon, petit village de Haute-Loire rendu célèbre pour avoir sauvé la vie à de nombreux Juifs pendant la seconde guerre mondiale, le Président de la République a dénoncé la montée du racisme. Il s’est inquiété de l’ampleur des actes de discrimination qui « atteignent nos écoles. Ils menacent nos enfants. Ils profanent nos lieux de culte, nos sépultures, nos symboles les plus forts. » Après un petit mois d’absence sur la scène politique nationale, le Président marque son retour à quelques jours de son discours traditionnel du 14 juillet.



Hier jeudi, devant près de 1 500 personnes, Jacques Chirac a lancé un appel à la France. Depuis Chambon-sur-Lignon, petit village de Haute-Loire rendu célèbre pour avoir sauvé la vie à de nombreux Juifs pendant la seconde guerre mondiale, le Président de la République a dénoncé la montée du racisme. Il s’est inquiété de l’ampleur des actes de discrimination qui ' atteignent nos écoles. Ils menacent nos enfants. Ils profanent nos lieux de culte, nos sépultures, nos symboles les plus forts. ' Après un petit mois d’absence sur la scène politique nationale, le Président marque son retour à quelques jours de son discours traditionnel du 14 juillet.

Des actes présidentiels chargés de symboles
Le choix du village de Chambon-sur-Lignon est fortement symbolique. Situé à 1 000 m d’attitude, au fin fond de la Haute-Loire et de l’Ardèche, l’endroit est un haut lieu du protestantisme français. Sa tradition d’accueil des populations persécutées est légendaire. Des prêtres y ont trouvé refuge pendant la Révolution française. Des républicains espagnols y furent accueillis dans les années 30. Près de 5 000 Juifs ont pu s’y réfugier pour sauver leur vie face aux forces nazie. Des actes héroïques qui valent au village de Chambon-sur-Lignon d’être inscrit au titre de ' Juste parmi les Nations ' au mémorial Yad Vashem à Jérusalem Ouest, un admirable musée mémorial dédié aux victimes de la Shoa. Aucune autre ville française ne bénéficie de cette marque de reconnaissance du peuple Juif.

Pendant sa visite, M Chirac était accompagné de Simone Veil et de Laurent Wauquier, député Ump de la circonscription, ainsi que de son prédécesseur Jacques Barrot devenu commissaire européen. Le chef de l’Etat s’est rendu d’abord à la Maison des Roches où de jeunes gens furent raflés en 1943 et envoyés vers les camps nazie. Il suivit ensuite le témoignage d’un juif de 77 ans qui fut sauvé à l’âge de 14 ans à Chambon. Il termina sa visite par l’école où, sous les tilleuls il tint son discours d’une voix grave et solennelle.

Le discours présidentiel est apparu fédérateur des Français. Il a vivement chargé les auteurs 'des actes de haine, odieux et méprisables' qui 'salissent notre pays' et 'frappent nos compatriotes juifs présents dans notre pays depuis des temps immémoriaux' et 'nos compatriotes de culture musulmane qui ont fait le choix de travailler et de vivre dans notre pays'.

Paroles… Paroles … et paroles
Avec ce discours de Chambon, le président Chirac renoue avec la scène politique nationale. Durant tout le mois de juin, le chef de l’état fut cité soit autour de rendez-vous internationaux soit dans les querelles internes sur la direction du navire UMP victime de tempêtes électorales. Le poids de M Sarkozy au sein du parti et son lourd silence sur la succession de M Juppé ont placé le ministre des Finances en adversaire du Président de la République. A quelques jours de son traditionnel discours du 14 juillet, M Chirac a réussi son retour sur la scène politique nationale ; au moins sur la forme. Sur le fond, le chef de l’Etat devra aller au-delà des paroles pour convaincre nombre de nos concitoyens.

Pour beaucoup de Français, M. Chirac reste encore celui qui, en 1991, parlait des ' bruits et des odeurs ' à propos de concitoyens de références étrangères. Il est aussi celui qui, le 17 décembre dernier n’a retenu qu’une seule des propositions de la commission Stasi. Pour de nombreux Musulmans de France, le président Chirac apparaît ainsi comme l’instigateur d’une loi islamophobe directement orientée contre les citoyens musulmans dans le but de conforter la confiance de la frange la plus à droite de son électorat qu’il se dispute avec le Front National. En appelant à la cohésion nationale après avoir œuvré dans le sens d’une institutionnalisation de l'islamophobie, le chef de l’Etat suit une logique de ' pompier-pyromane ', désireux d’éteindre un feu qu’il a lui-même contribué à allumer. Pour convaincre du contraire, les discours ne suffiront pas. Il faudra à M. Chirac, poser des actes concrets dans le sens des réjouissantes déclarations de Chambon. Or ce jeudi, commentant la visite du Président à Chambon-sur-Lignon, le quotidien Libération annonce la présence de ' représentants des religions juive, protestante et catholique en raison de leur forte implication dans l'histoire du lieu. Mais pas de la communauté musulmane, selon le souhait de l'Elysée qui ne voulait 'pas donner une symbolique de nature religieuse' à l'événement. '