Prévues de longue date, les manifestations contre le racisme et l'antisémitisme constituent un premier pas, une première prise de conscience de l'étendue du fléau, après l'émotion et l'indignation suscitées par les actes qui en sont la cause, en attendant une mobilisation plus large.
Organisées à Paris et dans plusieurs grandes villes de France par la Ligue des Droits de l'Homme, le MRAP, et l'ensemble des syndicats, les manifestations contre le racisme et l'antisémitisme n'ont pas mobilisé à la hauteur des espérances. Cependant, la relative modestie des effectifs ne doit pas être perçue comme un désintéressement des citoyens vis à vis de ces questions, mais plutôt comme un commencement dans la prise de conscience générale. 5000 personnes selon la police, 13000 selon les organisateurs, ont battu le pavé à Paris et en province.
A l'origine de cette faible participation, une cause principale : la division des organisateurs et sa médiatisation.
L'UOIF indésirable
Le CRIF (Conseil Représentatif des Institutions juives de France), SOS-Racisme et la LICRA, qui avaient prévus de se joindre à la manifestation, l'ont finalement boycottée. Motif : la présence, dans le défilé, des dirigeants de l'Union des Organisations Islamiques de France (UOIF), considérés comme des ennemis de la laicité, n'ayant pas de position claire concernant l'antisémitisme, ou encore taxés d'islamistes, ainsi que du CMF (Comité des Musulmans de France) et du MRAP (Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples), ce dernier mouvement s'étant nettement engagé auparavant dans des manifestations de soutien au peuple palestinien, ponctées de slogans antisémites.
C'est vers 14H30 que le cortège s'est ébranlé dimanche ,de la Place de la République, pour se diriger vers celle de la Nation, brandissant une banderolle où l'on pouvait lire 'Vivre ensemble, libres, égaux et solidaires'. Aucun incident n'a du être déploré durant la manifestation.
Côté syndical, les principaux secrétaires généraux tels Gérard Aschieri (FSU), Bernard Thibault (CGT) ou François Chérèque (CFDT) ont répondu présent, et ils n'ont pu que constater l'état clairsemé de leur défilés respectifs. 'Les syndicalistes ont un rôle important à jouer pour faire reculer les discriminations, notamment à l'intérieur de l'entreprise.Il faut que ce soit une de nos priorités' a souligné Bernard Thibault, tandis que François Chérèque affirmait que 'sur un sujet comme le racisme, l'antisémitisme, et les discriminations, les syndicats sont capables de parler d'une seule voix'.
Côté politiques, étaient présents, le porte parole de la LCR (Ligue Communiste Révolutionnaire) Alain Krivine, Arlette Laguiller de Lutte Ouvrière, ainsi que quelques représentants des Verts comme Yves Contassot.
'Bunkerisation de la population juive'
'Au moment où l'on manifeste contre l'antisémitisme, les organisations dont le rôle principal est de le combattre ne sont pas présentes. Au moment où l'on manifeste contre le racisme, les organisations censées le combattre ne sont pas présentes et je le regrette' a assuré Fouad Alaoui, porte parole de l'UOIF. Pourtant, l'Union n'a pas vraiment mobilisé puisque son cortège se résumait à une vingtaine de manifestants tout au plus ! Mouloud Aounit, secrétaire général du MRAP, a quant à lui accusé 'SOS-Racisme et la LICRA [d'avoir] choisi le camp de la bunkerisation de la population juive'. Et d'ajouter, 'on risque de créer des murs là où il faudrait des passerelles'.