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Manuel Musallam, curé de Gaza : « Alléger le blocus, c’est une manière d’accepter l’occupation de Gaza »

Rédigé par Propos recueillis par Gwénola de Coutard | Samedi 10 Juillet 2010 à 03:33

Prêtre catholique, Palestinien, Manuel Musallam a été quinze ans curé de Gaza, de 1995 à 2009. Il vient de sortir un livre racontant cette expérience (« Curé à Gaza », Ed. de l’Aube), et confie à Saphirnews son pessimisme sur la situation en Palestine, tout en lançant au monde un appel à la justice.



Manuel Musallam, curé de Gaza, entouré du mufti de Gaza cheikh Muhammad Nejim (à g.) et de cheikh Said Baraka de Gaza.

Saphirnews : Comment va votre pays depuis la levée partielle du blocus ?

Manuel Musallam : Ce n’est pas le blocus qui gêne les gens. Bien sûr, on a besoin d’aide matérielle, mais ce qui gêne les gens, c’est le manque de travail, de fierté nationale ; c’est l’humiliation, c’est la peur, toujours, d’une guerre... Alléger le blocus, cela ne veut rien dire. Le peuple palestinien ne mourra jamais de faim, mais il besoin de sa liberté. Ce blocus, il ne faut pas l’alléger, mais il faut y mettre fin !

De plus, si le monde accepte l’allégement de ce blocus, cela veut dire que le monde accepte l’occupation. Mais le monde doit refuser un tel siège, une telle punition d’une nation...

N’avez-vous pas le sentiment que l’avis de la communauté internationale a changé sur Israël, depuis l’attaque de la Flottille ?

Manuel Musallam : Peut-être ont-ils commencé à parler un peu plus. Mais nous avons besoin non pas de paroles, mais d’actes. Le peuple palestinien a besoin d’une protection internationale contre ses ennemis, qui mangent sa terre, sa vie, détruisent ses maisons...

Comment se traduit l’occupation dans la vie quotidienne ?

Manuel Musallam : Ce sont des vexations permanentes. Pour sortir de Gaza, il faut un permis. Ils ne sont presque jamais donnés. Moi, par exemple, j’ai mon passeport de Gaza, et pourtant je ne peux pas vivre dans ma maison en Cisjordanie : j’ai besoin d’avoir un permis. Lorsque j’ai dû aller à Paris, j’ai encore dû demander un permis. Je n’ai pas eu le choix de ma date de retour... et je commence déjà à en demander un nouveau, pour un voyage en septembre, parce que cela prend bien un mois pour le faire faire.

Comment trouver un travail dans ces conditions ? Il faut coordonner le travail, l’entrée et la sortie... C’est pénible. Les gens ne peuvent pas sortir en Israël pour travailler, et il n’y a pas de travail sur place.

Depuis l’opération « Plomb durci » de 2008, les maisons qui ont été détruites n’ont pas été reconstruites. Les gens sont obligés de se réfugier chez des parents ou des amis, c’est un autre fardeau... Les carreaux sont cassés, et on n’a pas de verre pour les remplacer... Pas d’eau ni d’électricité non plus... Beaucoup de nourriture ne peut pas être gardée : le lait, le fromage, la viande. De l’électricité, il n’y en a que 4 ou 5 heures par jour !

Les élèves ne peuvent pas étudier dès que tombe la nuit : comment passer leurs examens ? Et sans eau, croyez-moi l’odeur est terrible. On ne peut pas laver ni faire la cuisine...
Et quand les enfants ont réussi à étudier tout de même, ils ne peuvent pas ensuite continuer leur parcours dans les pays arabes.

Et quand on voyage, on peut rester bloqué à un check-point pendant 5 heures... Il serait plus facile d’aller jusqu’en Europe que de faire une cinquantaine de kilomètres sur cette terre ! Aller de Jéricho jusqu’à la Jordanie prend 5-6 heures, et il faut payer au moins une centaine de dollars pour sortir, la même chose pour rentrer. Tout ça pour un trajet de 100 km !

Au lieu de donner aux gens du travail, on leur prend ce qu’ils ont chez eux. Les familles perdent leur fortune stratégique : les femmes vendent leur or, leurs costumes brodés. On vend même le mobilier, les matelas, les armoires, les miroirs... pour pouvoir survivre. C’est infernal cette vie.

C’est faux de dire qu’Israël a besoin de protection. Ici en Cisjordanie, il n’y a pas une roquette braquée vers lui, pas un coup de pierre. Pas une mouche ne peut rentrer en Israël sans son autorisation ! Les Israéliens sont de grands menteurs. Les Palestiniens ne menacent pas leur sécurité. Ils n’ont pas de chars, de roquette, pas d’avions : avec quoi pourraient-ils menacer Israël, qui est un État nucléaire ? Israël refuse de marcher vers la paix, car elle gagne beaucoup dans cette occupation : 3 millions de personnes dépendent d’elle, qui ne produisent rien, n’exportent rien, ne font que consommer.

C’est pourquoi nous, Palestiniens, nous invitons les gens non pas à venir faire un pèlerinage pour voir les Lieux saints, mais à venir voir la situation des gens de Palestine. Voir un enfant qui est en prison, et sa mère qui met deux jours pour aller lui rendre visite. Voir la peur des orphelins, voir les hôpitaux sans médicaments.

Avez-vous des relations avec le peuple israélien ?

Manuel Musallam : L’armée israélienne a empêché tout contact entre les deux peuples. Nous autres, Palestiniens, nous n’avons affaire qu’avec les soldats. C’est toujours une relation de menace, de force, d’écrasement : les barrages, les armes pointés vers le visage...

Nous croyons qu’il y a des bonnes volontés dans le peuple israélien : il y a toujours des gens qui veulent la paix. En Palestine aussi. Nous voulons simplement retourner aux frontières de 1967, mais Israël ne veut pas. Elle construit des murs contre Jérusalem, la judaïse. Pour faire les 8 km qui la séparent de Bethlehem, les gens sont obligés de faire un détour de 100 à 150 km... Sans parler de ce mur qui divise les villages, les familles, les frères.

Comment arriver à la paix, selon vous ?

Manuel Musallam : La première étape, c’est la protection du peuple palestinien. Nous avons besoin d’une protection internationale, d’une force qui puisse dire la vérité : dire qu’Israël n’est pas menacée, qu’Israël est sûre sur ses frontières et doit dessiner ses frontières. Un État reconnu sans frontières depuis 62 ans, qu’est-ce que c’est que ça ?

Israël doit se retirer sur les frontières de 1967, que les Palestiniens ont acceptées, et créer l’État palestinien. Mais pour commencer, il faut nous protéger.

Autrement, si on ne fait que nous faciliter la vie sous l’occupation, cela signifie qu’on accepte cette occupation, que les gens qui souffrent continueront à souffrir, que d’autres sanctions plus dures pourront voir le jour.

Depuis 62 ans, cela marche comme ça ! Au lieu d’employer sa force pour imposer une paix, Israël en profite pour menacer les gens autour. On a peur d’une guerre religieuse, qui peut éclater tous les jours. Et alors, gare au monde ! Car c’est la paix internationale qui serait menacée.

Et puis, en finir avec les colonies. Ils ont changé Jérusalem. Ils ont changé la West Bank, l’ont coupée. Il ne reste plus un potentiel pour faire un État palestinien. Ils y bâtissent comme si c’était Israël. Ils ont cette audace de dire non au monde !

Comment les Palestiniens pourraient-ils un jour pardonner à Israël ?

Manuel Musallam : Pour l’instant, nous ne voyons aucune issue. L’espoir est complètement détruit, parce qu’Israël ne veut pas bouger sur les colonies, les murs, l’occupation, le droit de retour, l’eau, l’électricité... Les pourparlers ont duré 18 ans, et le résultat est nul.

Mais comme leaders dans le pays palestinien, nous ne pouvons pas laisser notre peuple se désespérer ! Il faut croire en l’humanité, croire qu’il y a dans l’humanité des bonnes gens qui peuvent mettre fin à cette occupation. Je crois que les Palestiniens sont prêts à pardonner, mais il faut que tout le monde soit prêt à chercher la vérité, et à donner justice. Car la paix est possible seulement si la justice est possible.

Comme Palestiniens, nous avons le souhait non de coexister avec Israël, mais d’exister avec Israël. Nous voulons faire une vie avec les Israéliens, ne plus former deux entités l’une à côté de l’autre parce que l’avenir peut changer leurs idées, et ils pourraient reprendre les armes...

Le souhait palestinien était qu’il y ait un seul État démocratique, et Israël, le plus fort, a refusé. Les Palestiniens maintenant se contenteraient de deux États, mais ce serait pour eux une étape seulement vers l’avenir. Car l’avenir doit être l’acceptation de l’autre, pas la juxtaposition de deux ennemis. Les Palestiniens sont prêts à une réconciliation, à une paix.

À Israël maintenant de mettre fin à l’occupation et de donner au peuple palestinien sa liberté et sa dignité. Notre problème est un problème de libération, pas de nourriture.

Dans quelle mesure l’Église vous soutient-elle ?

Manuel Musallam : Pour nous, l’Église, c’est l’Église des hommes. Elle défend l’homme pauvre, opprimé, dans tous ses droits. Elle ne peut pas rester indifférente. Elle est pardon, marche vers l’autre. C’est pour cela que l’Église catholique et l’Église orthodoxe, les deux forces chrétiennes dans le pays doivent marcher ensemble et mener, influencer le peuple palestinien et le peuple israélien pour accepter la paix.

Car la paix n’est pas un don de la nature, ni de Netanyahou, ni de l’Amérique d’Obama : c’est un don de Dieu. C’est pour cela que l’Église doit encourager les gens à prier, à pardonner, à empêcher le mal, à défendre la vie et les biens des autres.

Le Vatican est un Etat et une force morale. Le pape appelle toujours à une réconciliation. Mais les chrétiens pourraient bouger un peu plus. La volonté du Père, c’est de travailler pour la paix.

L’Église locale, ici, n’a pas beaucoup de moyens. Les patriarches, comme les prêtres, sont arrêtés sur les check-points. Le délégué apostolique est empêché d’aller dire la messe à Gaza parce qu’il n’a pas coordonné ses entrées. L’Église aussi est occupée. Alors nous avons toujours besoin de l’aide extérieure...

Notez bien que nous ne ressentons pas de déception vis-à-vis du Saint Siège. Nous ne pouvons pas demander plus qu’il ne peut avancer. Nous admirons toujours le pape, les évêques du monde entier qui travaillent... Même si nous ne pouvons pas toujours nous en rendre compte, parce que nous sommes empêchés, ici, de voir la vie, l’activité de l’Église à l’extérieur.

Les chrétiens d’ici ne savent pas ce que le Saint Siège fait, ce que les chrétiens du monde entier font pour nous, mais nous gardons confiance. Ce que nous demandons au Vatican, c’est une position plus stricte, plus directe, plus forte contre l’occupation de la Palestine, comme le pape l’a fait l’an dernier, lors de sa visite à Bethlehem.

Non seulement enlever le blocus de Gaza, mais cesser l’occupation, créer un État palestinien, déclarer que Jérusalem-Est est palestinienne... Pour que les chrétiens du monde entier appellent à la justice.

Quelles ont été vos relations avec les leaders politiques palestiniens ?

Manuel Musallam : Je connais les personnalités des deux partis, Fatah et Hamas. À Gaza, j’avais leurs enfants à l’école : je pouvais les contacter, leur parler. Ils ont gardé pour moi un respect profond, ils estimaient toujours mon travail dans l’école, l’église et la communauté.

C’est pourquoi dans chaque comité qui a été créé pour la réconciliation, j’ai été membre. J’ai toujours eu une parole libre, j’ai toujours pu participer au dialogue qui s’organisait avec les diverses personnalités venues de l’extérieur. Cela vaut pour moi mais aussi pour d’autres prêtres et les patriarches.

Quant à la division entre Fatah et Hamas, nous autres, Palestiniens chrétiens, nous ne pouvons pas prendre parti pour l’un ou pour l’autre. Parce que nous avons des idées de paix. Alors celui qui adhère aux idées de paix est de notre côté. Nous ne sommes pas de son côté : il est, lui, de notre côté, que ce soit le Hamas quand il demande justice pour la réconciliation, ou le Fatah quand il appelle à la réconciliation pour parvenir à la justice.

Mais nous sommes contre toute violence, qu’elle vienne d’Israël, du Hamas ou du Fatah. Les chrétiens sont toujours contre la violence. C’est pourquoi vous êtes désormais notre voix contre Israël, qui pratique contre nous une violence terrible, qui n’est pas dénoncée, et qui n’est pas juste.

Nous avons de très bonnes relations entre nous, Palestiniens, et nous dialoguons beaucoup sur la paix... Mais nous n’avons pas, en face, de partenaire prêt au dialogue chez les Israéliens.

Pourquoi ne vous-êtes vous jamais engagé en politique ?

Manuel Musallam : Je suis prêtre, ce n’est pas à moi d’entrer en politique, je préfère le terrain social. Je suis responsable du département du monde chrétien dans le comité des affaires étrangères du Fatah, et membre directeur du bureau du comité islamo-chrétien pour supporter Jérusalem et les Lieux saints, qui a été créé par un décret officiel du président.

J’ai mon travail, qui est plus intéressant qu’être ministre parce que ministre, ce n’est pas servir le monde comme moi je peux le servir. À moi de contacter tout le monde chrétien, tout le monde islamique, de parler avec les gens... Je suis membre aussi du réseau Religions pour la paix.

Quelle est la situation des chrétiens de Palestine aujourd’hui ?

Manuel Musallam : Les catholiques sont environ 85 000, les orthodoxes environ 80 000. Nous sommes une minorité religieuse, mais pas nationale. Nous ne sommes pas ségrégués dans un coin, nous sommes le peuple de Palestine. Notre situation ne diffère pas de la situation générale du monde arabe.

Sont-ils traités différemment par les Israéliens ?

Manuel Musallam : C’est vrai que les Israéliens essaient de diviser les Palestiniens. Mais nous refusons, d’être considérés à part. Nous sommes le peuple de Palestine, nous partageons le même destin qu’eux. Les Palestiniens chrétiens n’aiment pas qu’on les traite selon leur religion.

Pendant la guerre, tous ont souffert, chrétiens ou musulmans. Nous, chrétiens, nous souffrons d’Israël comme tous les Palestiniens, mais pas des musulmans.

Vous parlez avec beaucoup de franchise des limites du dialogue islamo-chrétien dans votre livre : quelles sont-elles et quels points communs permettront d’avancer ensemble ?

Manuel Musallam : Tout d’abord, il ne faut pas juger les musulmans sur des principes chrétiens. Les musulmans ont leur civilisation, leurs manières, leur prophète, leurs hadiths, leurs cheikhs, leurs mariages, et leur libre arbitre.


Manuel Musallam en visite à la mosquée Dar Al-Quran & Sunna, à Gaza, près de l'école de La Sainte Famille.
Manuel Musallam : Les chrétiens sont avec eux, et pour nous, nous avons tous nos droits : nos tribunaux, et les certificats délivrés par les prêtres, qui sont reconnus par l’État, nos églises, le patriarche reconnu comme personnalité de l’État... Il ne faut pas juger l’Orient sur les principes de l’Occident. Ici nous sommes dans un milieu musulman: nous comprenons très bien leurs idées, nous n’avons pas peur d’eux. Leur vie est la leur, et nous sommes libres comme chrétiens. Personne ne nous enlève notre liberté religieuse.

Mais nous avons peur de certaines choses insidieuses, de ceux qui cherchent à faire un tout de l’islam, du Coran et du terrorisme, comme si le monde était duel.

Israël dit vouloir mener bataille contre le terrorisme international en Palestine ! Non ! C’est un mensonge profond. Les musulmans ont leurs droits de l’homme, leurs droits pour la femme, leurs mariages... C’est très bien détaillé, il faut les laisser. Ce serait faux et dangereux de leur imposer les normes de l’Occident.

Les médias occidentaux veulent donner d’eux une image de terrorisme violent, pour prôner la légitimité d’aller les attaquer chez eux. Ils ont fait pareil pour l’Irak, l’Afghanistan... Comme si l’islam était l’ennemi de l’humanité, alors que c’est tout à fait le contraire !

Quels points communs entre chrétiens et musulmans pour avancer vers la paix ?

Manuel Musallam : Cette question ne se pose pas, car les chrétiens sont du côté de leur peuple. Nous sommes chrétiens et musulmans contre l’occupation, c’est clair. Nous pouvons parler, réconcilier notre peuple. Mais cela ne veut pas dire que nous avons le droit divin, que nous possédons la vérité, que les musulmans sont toujours dans l’obscurité, dans l’erreur complète : non, ce n’est pas ça !

Arabes, musulmans, Palestiniens : tous sont pour une paix durable en Israël. Le président Mahmoud Abbas l’a répété dernièrement : si Israël accepte la paix, en une semaine, tout sera fini. Nous, les Palestiniens, on a parlé tellement, on a tout donné à Israël, on n’a gardé que 22 % de la terre : qu’est-ce que le monde veut de plus ?

Ce n’est pas à nous de parler de la paix car nous sommes du côté de la paix : à Israël de nous y rejoindre !

Nous ne pouvons que parler aux Américains, aux Européens, leur dire de donner justice. S’ils sont toujours du côté d’Israël, cela n’est pas juste. L’Amérique a employé, je crois, 120 fois son veto, dans 70 ou 75 % des cas pour protéger Israël.

Au lieu de nous demander de faire la paix, allez voir les crimes de guerre qui ont été commis par Israël ! Allez convaincre Israël qu’elle doit mettre sur pied une commission d’enquête sur Gaza, le blocus, la Flottille ! Présentez les criminels de guerre devant les tribunaux internationaux !

Au lieu de nous parler de faire la paix, parlez aux autres pour faire justice. Nous avons accepté la paix avec Yasser Arafat en 1993, nous marchons vers elle, cela fait 18 ans que nous parlons d’elle. Mais du côté d’Israël, rien n’a changé.

Avez-vous un message pour nos lecteurs ?

Manuel Musallam : Priez, cherchez et suivez la paix. Discernez les esprits. Cernez les médias, et suivez les bons. Cherchez la vérité, c’est-à-dire cherchez la justice, cherchez à donner à chacun son droit. Le monde peut aller du côté d’Israël, mais vous, cherchez la vérité, et adhérez-y.

Alors, vous soutiendrez les deux peuples à la fois. Car Israël aussi souffre. Nous sommes arrivés à satiété de souffrance : Israël, si elle ne change pas, sera elle aussi rassasiée de souffrance. La guerre, c’est le diable, c’est l’enfer, la destruction de la paix interne et externe.

Nous avons besoin de vous pour nous protéger. Nous protéger, c’est préparer le Moyen-Orient et peut-être l’Extrême-Orient, le Proche-Orient, à une paix juste et durable.