Peu de géographie dans les manuels scolaires... : 4 % des cartes dans les manuels palestiniens font figurer un État appelé « Israël » ; 13 % des manuels scolaires israéliens mentionnent les « Territoires palestiniens ».
Boston – La publication récente d’une étude sur les manuels scolaires israéliens et palestiniens, menée sur une période de trois trois ans, sur la façon dont chacun des deux camps décrit « l’autre » a provoqué une grande polémique – comme d’ailleurs la plupart des questions qui ont trait au conflit israélo-palestinien.
Emanant d’un comité crée suite à la conférence d’Annapolis en 2008, composé d’experts israéliens et palestiniens prônant une éducation tolérante, une culture de la paix, et la prévention de l’incitation à la haine, cette étude a réussi, cette semaine, à échauffer les esprits plutôt qu’à les éclairer – en tout cas en ce qui concerne le gouvernement israélien. En réalité, si on y regarde de plus près, cette étude et les réactions qu’elle a provoquées nous apprennent bien plus qu’on ne le pense.
Intitulée « Victims of Our Own Narratives » (Victimes de nos propres versions de l’histoire) cette étude, publiée le 4 février, a été entreprise à la demande du Conseil des institutions religieuses de Terre Sainte, qui est un regroupement de responsables musulmans, chrétiens et juifs de Jérusalem. Le département d’Etat américain a financé le projet, en octroyant une subvention de 590 000 dollars à l’équipe de recherche bilingue (hébreu-arabe) du professeur israélien Daniel Bar-Tal de l’Université de Tel-Aviv et du professeur Sami Adwan agrégé à l’Université de Bethlehem.
Le professeur, Bruce Wexler, lui-même juif américain, enseignant à Yale, a conçu le format de cette étude et dirigé les équipes de recherche. Selon lui, il s’agit de l’enquête la plus exhaustive et concrète qui n’a jamais été menée au sujet de livres scolaires : côté israélien, les chercheurs se sont penchés sur 74 manuels, utilisés dans le système laïc et religieux et côté palestinien, ils ont épluchés 94 manuels élaborés par le ministère de l’éducation de l’Autorité palestinienne et employés en Cisjordanie et à Gaza. Les résultats de cette étude sont révélateurs et se résument en quelques points :
1. D’un côté comme de l’autre, les manuels évitent de déshumaniser ou de diaboliser le camp adverse.
2. Les manuels israéliens et palestiniens décrivent le camp opposé, autrement dit l’ennemi sous un angle négatif. Les événements historiques relatés, ne sont pas fabriqués, mais sont présentés de manière sélective pour renforcer la version nationale de chacun.
3. L’absence d’information sur la culture, la religion et la vie quotidienne de l’autre et l’impasse dans les cartes géographiques régionales nie en quelque sorte la légitimité du camp adverse.
4. Les manuels utilisés par les Juifs ultra orthodoxes et par les Palestiniens comportent nettement plus de préjugés négatifs à l’égard du camp adverse que dans ceux employés dans les écoles publiques israéliennes.
Emanant d’un comité crée suite à la conférence d’Annapolis en 2008, composé d’experts israéliens et palestiniens prônant une éducation tolérante, une culture de la paix, et la prévention de l’incitation à la haine, cette étude a réussi, cette semaine, à échauffer les esprits plutôt qu’à les éclairer – en tout cas en ce qui concerne le gouvernement israélien. En réalité, si on y regarde de plus près, cette étude et les réactions qu’elle a provoquées nous apprennent bien plus qu’on ne le pense.
Intitulée « Victims of Our Own Narratives » (Victimes de nos propres versions de l’histoire) cette étude, publiée le 4 février, a été entreprise à la demande du Conseil des institutions religieuses de Terre Sainte, qui est un regroupement de responsables musulmans, chrétiens et juifs de Jérusalem. Le département d’Etat américain a financé le projet, en octroyant une subvention de 590 000 dollars à l’équipe de recherche bilingue (hébreu-arabe) du professeur israélien Daniel Bar-Tal de l’Université de Tel-Aviv et du professeur Sami Adwan agrégé à l’Université de Bethlehem.
Le professeur, Bruce Wexler, lui-même juif américain, enseignant à Yale, a conçu le format de cette étude et dirigé les équipes de recherche. Selon lui, il s’agit de l’enquête la plus exhaustive et concrète qui n’a jamais été menée au sujet de livres scolaires : côté israélien, les chercheurs se sont penchés sur 74 manuels, utilisés dans le système laïc et religieux et côté palestinien, ils ont épluchés 94 manuels élaborés par le ministère de l’éducation de l’Autorité palestinienne et employés en Cisjordanie et à Gaza. Les résultats de cette étude sont révélateurs et se résument en quelques points :
1. D’un côté comme de l’autre, les manuels évitent de déshumaniser ou de diaboliser le camp adverse.
2. Les manuels israéliens et palestiniens décrivent le camp opposé, autrement dit l’ennemi sous un angle négatif. Les événements historiques relatés, ne sont pas fabriqués, mais sont présentés de manière sélective pour renforcer la version nationale de chacun.
3. L’absence d’information sur la culture, la religion et la vie quotidienne de l’autre et l’impasse dans les cartes géographiques régionales nie en quelque sorte la légitimité du camp adverse.
4. Les manuels utilisés par les Juifs ultra orthodoxes et par les Palestiniens comportent nettement plus de préjugés négatifs à l’égard du camp adverse que dans ceux employés dans les écoles publiques israéliennes.
L'éducation peut-elle changer la perception du monde alors que les parties restent en conflit ?
Dans l’ensemble, les textes israéliens insistent sur les menaces et les attaques arabes et palestiniennes contre Israël, ainsi que sur la violence contre les Juifs en général. Les textes palestiniens mettent, pour leur part, l’emphase sur le fait que des émigrés juifs ont chassé les Palestiniens des villages où ils vivaient depuis des générations et que l’occupation israélienne qui dure depuis 45 ans, les a privés de leur liberté, de leurs terres et du contrôle de leurs ressources vitales. Israéliens comme Palestiniens se qualifient mutuellement d’ennemis, ayant pour seul but de détruire et de dominer.
Dès le départ, le gouvernement israélien s’est montré réticent envers cette étude alors que l’Autorité palestinienne y était plutôt favorable. Le département d’Etat américain espère que les conclusions de l’étude seront utilisées de manière constructive, dans l’esprit de sa mission qui vise à promouvoir la paix et la tolérance religieuse.
Le professeur Nathan Brown de l’Université George Washington, membre du comité consultatif de l’enquête, a étudié en profondeur les manuels palestiniens et est tout à fait d’accord avec ses conclusions. Néanmoins, il met en doute son utilité. Selon cet expert, les parties étant en conflit l’une contre l’autre n’ont aucune raison de changer leur façon de se dépeindre, il ne voit donc pas l’intérêt d’une telle étude.
Le professeur Wexler et son équipe qui ont recommandé aux ministères de l’éducation israéliennes et palestiniennes de revoir attentivement le contenu des manuels scolaires ne sont pas du tout de cet avis. « L’éducation fait toute la différence et façonne les attentes des uns et des autres et leur perception du monde », affirme le professeur dans une interview accordée au journal The Guardian.
Cette divergence de vues fait penser au paradoxe de l’œuf et de la poule : Est-ce grâce à l’éducation qu’Israéliens et Palestiniens reconnaîtront et respecteront leurs Histoires respectives ou est-ce la solution politique qui leur apportera le respect, la dignité et la coexistence pacifique ? Les dirigeants israéliens et palestiniens savent très bien que l’un ne va pas sans l’autre. Cette étude nous rappelle justement que la société civile exige pour le moins la reconnaissance de l’histoire et du vécu de l’autre.
Le point qui souligne qu’aucun des deux camps ne diabolise l’autre est toutefois vraiment encourageant mais on peut faire mieux en commençant notamment par rectifier les cartes géographiques et reconnaître l’existence de l’autre, en se conformant à une réalité à deux facettes. Une familiarisation à la culture et au quotidien de l’autre permettrait aussi un changement de perception des deux côtés.
Cette étude suggère que les programmes éducatifs destinés à améliorer la compréhension mutuelle peuvent aider des peuples en conflit à lâcher prise et à se détacher de la seule vérité de leur Histoire.
Les responsables israéliens et palestiniens doivent tirer une leçon de cette étude et passer vraiment à l’action. Quand ils le feront, une nouvelle page de l’Histoire sera tournée et s’inscrira dans tous les manuels.
* Michael Felsen est avocat et président de l’association Boston Workmen’s Circle, fondée il y a 110 ans, pour promouvoir la culture juive, la justice sociale et l’éducation laïque.
Dès le départ, le gouvernement israélien s’est montré réticent envers cette étude alors que l’Autorité palestinienne y était plutôt favorable. Le département d’Etat américain espère que les conclusions de l’étude seront utilisées de manière constructive, dans l’esprit de sa mission qui vise à promouvoir la paix et la tolérance religieuse.
Le professeur Nathan Brown de l’Université George Washington, membre du comité consultatif de l’enquête, a étudié en profondeur les manuels palestiniens et est tout à fait d’accord avec ses conclusions. Néanmoins, il met en doute son utilité. Selon cet expert, les parties étant en conflit l’une contre l’autre n’ont aucune raison de changer leur façon de se dépeindre, il ne voit donc pas l’intérêt d’une telle étude.
Le professeur Wexler et son équipe qui ont recommandé aux ministères de l’éducation israéliennes et palestiniennes de revoir attentivement le contenu des manuels scolaires ne sont pas du tout de cet avis. « L’éducation fait toute la différence et façonne les attentes des uns et des autres et leur perception du monde », affirme le professeur dans une interview accordée au journal The Guardian.
Cette divergence de vues fait penser au paradoxe de l’œuf et de la poule : Est-ce grâce à l’éducation qu’Israéliens et Palestiniens reconnaîtront et respecteront leurs Histoires respectives ou est-ce la solution politique qui leur apportera le respect, la dignité et la coexistence pacifique ? Les dirigeants israéliens et palestiniens savent très bien que l’un ne va pas sans l’autre. Cette étude nous rappelle justement que la société civile exige pour le moins la reconnaissance de l’histoire et du vécu de l’autre.
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