Sur le vif

Maroc : 3 mois de prison pour n'avoir pas jeûné pendant le Ramadan

Rédigé par La Rédaction | Samedi 1 Septembre 2012 à 07:45



Pendant le mois de ramadan, il ne fait pas bon de manger ostensiblement en public dans le royaume chérifien. Vendredi 24 août, un jeune homme a été condamné à 3 mois de prison ferme par la justice marocaine. Il avait « été arrêté par la police alors qu’il était en train de manger publiquement dans la médina de Rabat ». « Au cours de son interrogatoire, il a affirmé qu'il avait accompli cet acte par conviction et que cela faisait partie de sa liberté individuelle », a indiqué à l'AFP Abdelhamid Amine, vice-président de l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH).

Une conviction personnelle qui lui faisait courir le risque de 6 mois d'emprisonnement, en vertu de l’article 222 du Code pénal marocain : « Celui qui, notoirement connu pour son appartenance à la religion musulmane, rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le temps du Ramadan, sans motif admis par cette religion, est puni de l'emprisonnement d'un à six mois et à une amende. »

En 2009, un groupe de militants avait fondé le Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI), qui s'était illustré en voulant organiser un pique-nique pendant le mois de ramadan. « Ce groupe n'appelle pas au non-jeûne du ramadan mais défend les dé-jeûneurs comme faisant partie de la société marocaine ayant le droit d'exercer leur liberté de ne pas observer le jeûne. Pourquoi oblige-t-on le dé-jeûneur à se cacher ? Nous voulons sortir de l'hypocrisie sociale dans laquelle nous vivons », avait justifié Mehdi Choukhmane, l'un des fondateurs du mouvement, qui affiche plus de 3 000 sympathisants sur Facebook.

Plus récemment, durant cet été 2012, un groupe se nommant Masayminch (« Nous ne jeûnons pas ») a été créé par de jeunes Marocains pour défendre le droit pour les non-croyants de ne pas jeûner : de manger, de boire et de fumer en public durant le mois du ramadan. Comptant quelque 350 membres sur Facebook, il considère que l'article 222 du Code pénal marocain « constitue une atteinte flagrante à la déclaration universelle des droits de l’homme ».

Mais dans un pays où l'islam est la religion d'Etat et 89 % des Marocains considèrent la religion comme « très importante » dans leur vie, 69 % effectuent leur prière rituelle et 98 % jeûnent durant le mois de Ramadan, selon une récente étude du Pew Research Center, des groupes anti-Masayminch ont rapidement émergé. L'un des principaux sur le réseau social Facebook compte plus 1 200 membres.
Beaucoup sont en effet choqués et, même s'ils ne sont pas tous favorables à des peines de prison, enjoignent les non-jeûneurs à manger dans des lieux privés et non au vu et au su de tout le monde, dans les espaces publics. Un conseil qui conforte l'idée que le jeûne du Ramadan n'est pas seulement un rite individuel en tant que quatrième pilier de l'islam mais est aussi largement une pratique sociale qui se doit d'être partagée. Au risque d'être condamné...

Au Maroc, plusieurs incidents ont émaillé ce mois de ramadan 2012. La presse marocaine rapporte que quatre personnes (deux hommes et deux femmes) arrêtés à Beni Mellal (centre) pour avoir été aperçus en train de manger et de fumer sur la route attendent aussi leur jugement à l'issue de leur prochain procès.

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