Finance éthique

Master Finance Islamique : 'Un marché de l'emploi qui peut se développer assez rapidement'

Entretien avec Michel Kalika*, directeur de l’école de management de Strasbourg

Rédigé par Anissa Ammoura | Jeudi 24 Juillet 2008 à 12:26

A la rentrée universitaire 2008, un master 2 (bac +5) en Finance Islamique sera proposé à l’Ecole de management Strasbourg. En collaboration avec l’Université Robert Schuman, cette formation apportera une spécialisation aux futurs cadres des secteurs juridique, banquier et financier. La création de ce nouveau diplôme intervient alors que les colloques sur ce nouveau marché se multiplient et que la ministre de l'Economie, Christine Lagarde a promis au début de l'été de faciliter le développement de la finance islamique en France. Entretien avec Michel Kalika, directeur de l'école.



La France est en retard en matière de finance islamique, et pourtant un diplôme universitaire va déjà proposer une formation dans ce domaine, quand la création de ce diplôme a-t-elle été décidée ?

Nous avons décidé de la création de cette formation en juin 2008, suite à des colloques qui montraient un intérêt pour ce sujet. Stratégiquement, c’est un sujet important, qui rentre dans le domaine du management. D’ailleurs, nous avons annoncé la création de ce cursus au même moment que l’annonce de Christine Lagarde. Avec Michel Storck, professeur de droit et responsable du programme, une réflexion s’est engagée dès le mois de mai. Il nous semblait important de mettre en œuvre ce cursus assez rapidement. Celui-ci se traduit par trois points importants. D’abord, une équipe de recherche dirigée par Michel Storck, et soutenue par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR). La deuxième, ce sont les étudiants admis en formation initiale dès la rentrée prochaine d’octobre. La troisième est la formation permanente [continue, ndlr]. Il s’agira de lancer un cursus qui s’adresse à des cadres d’entreprises, du secteur des assurances ou du secteur bancaire par exemple. Cet « Executive master » démarrera en janvier 2009. Les éléments de la formation seront essentiellement culturels et juridiques. Ce qui est important c’est de montrer que les outils de management ne sont pas indépendants des valeurs culturelles et religieuses. C’est important de faire intégrer les différences de valeurs à nos étudiants. Actuellement, un certain nombre de grandes entreprises bancaires françaises veulent embaucher des chefs de projets pour étudier cette question. C’est une des raisons pour lesquelles nous avons avancé assez vite. Il y a une vraie demande du secteur bancaire et de l’assurance. Le but est de former des personnes qui puissent aller sur le marché du travail.

Quel sera le profil de l’équipe pédagogique ?

Nous sommes actuellement en train de la constituer. Elle sera assez diverse en matière de nationalité. Il y aura des collègues qui travaillent déjà sur la finance islamique. L’équipe sera mixte, composée à la fois d’universitaires et de praticiens car la formation d’un manager regroupe à la fois une formation académique et une formation professionnelle.

Comment va se dérouler la formation et quels sont les critères requis pour être admis dans cette formation ?

Le cursus comprend environ 400 heures de formation, avec des modules culturels qui aborderont notamment les connaissances du droit musulman. Les enseignements seront de nature culturelle et technique. Pour intégrer, il faut maitriser l’anglais et être titulaire d’un master 1 [anciennement maitrise, bac +4, ndlr] en droit, sciences économiques, finances ou en école de Commerce. Avec ce diplôme universitaire en Finance islamique, on leur apporte une spécialisation.

Pensez-vous que la création de ce diplôme va accélérer l’introduction des produits et des services estampillés « islamiques » dans l’hexagone ? (et donc l’assouplissement du cadre fiscale et juridique français)

C’est un élément parmi d’autres. Le fait qu’il y ait une équipe universitaire au sein de cette formation est un élément qui va faire évoluer les mentalités pratiques et réglementaires.


Ces futurs spécialistes de la finance islamique ne risque t-ils pas de partir ensuite à l’étranger ?

A l’école de management de Strasbourg, nous avons le plus fort taux d’embauche à l’étranger parmi les écoles de commerce à vocation internationale. Nous formons des étudiants à la fois pour le marché français et pour le marché international. Dès que les banques [en France, ndlr] prendront conscience qu’elles sont ignorantes, elles recruteront des personnes qui pourront les éclairer. C’est un marché de l’emploi qui peut se développer assez rapidement.




* Michel Kalika est directeur de l'Ecole de Management Strasbourg depuis mars dernier. Docteur en sciences de gestion, il a notamment enseigné la stratégie d'entreprise à l'Université Paris-Dauphine.

Renseignements au 03 90 41 43 41 ou sur le site de l'Ecole de Management de Strasbourg

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