A cause de la vache folle, Danone, Nestlé et les autres utilisent le cochon. Sans l’indiquer sur les étiquettes. Alertés par « le Canard enchaîné », imams, rabbins et végétariens sont d’accord pour lutter contre ces cachotteries.
Il y a du cochon dans les yaourts. Surprenant pour l'amateur qui les croyait exclusivement composés de lait, de ferments, de quelques grammes de sucre et parfois de morceaux de fruits.
Dans les pots dits « allégés », sous forme de gélatine alimentaire, pour remplacer la graisse du lait, il y a bien de la gélatine de porc. C'est l'une des conséquences de l'interdiction formelle des gélatines d'origine bovine depuis le scandale de la vache folle.
Le président français Jacques Chirac a visité le 25 octobre après-midi le Salon International de l'Alimentation (SIAL), qui a été fortement touché par l'affaire de vache folle à Villepinte, dans la banlieue nord de Paris.
M. Chirac s'est déclaré en faveur de l'interdiction des farines animales, d'un dépistage systématique de la maladie de la vache folle et le respect de normes pour les organismes génétiquement modifiés (OGM).
Histoire cochonne
Le porc a donc remplacé le boeuf comme fournisseur de gélatine alimentaire dans les pays contaminés par la maladie de la vache folle. Un principe de précaution pas totalement farfelu quand on sait que cette année, fin juillet, on comptait 151 cas d'ESB en France contre 274 pour l'ensemble de l'année 2001. On n'a pas fini de trembler devant les vaches.
Mais le porc, non plus, n'est pas exempt de tout soupçon.
Pour preuve, la présence d'hormones contraceptives MPA décelée dans la viande de cochons belges et néerlandais. Une contamination qui, selon le ministère de l'Agriculture, aurait pour origine les eaux résiduelles sucrées d'un fabricant de médicaments, qu'une société irlandaise récupérait pour les revendre frauduleusement à une entreprise belge.
Laquelle, jusqu'à sa fermeture, fabriquait, à partir de ces déchets, du sirop de glucose. Une composition utilisée pour l'alimentation humaine et animale.
Précision utile : cette « contamination » aux hormones est si lointaine et si diluée qu'elle ne présente, semble t-il, aucun danger.
N'empêche: c'est ce qui s'appelle donner de la confiture aux cochons.
Et quand on sait que le cochon donne sa gélatine aux yaourts...
Origine exotique
La guerre de religion autour du cochon dans le yaourt a commencé curieusement à la Réunion l’été dernier. La communauté musulmane de ce département d'outre-mer a été alertée par les révélations de deux cadres de l'usine Sorélait, qui fabrique localement les produits Danone. Remerciés officiellement pour incompatibilité d'humeur avec la direction, ces ingénieurs avaient dénoncé haut et fort le manque de rigueur dans la mise en œuvre de nouvelles machines et la présence de divers éléments dans les produits lactés... dont la gélatine de porc.
“La gélatine, toujours mentionnée sur l’étiquetage, est extraite de la peau de porc”, précise même un responsable de Nestlé, en négligeant de dire que si le mot “gélatine” est bien marqué sur les produits, “de porc” n’y figure pas. Ce vilain mensonge par omission a surpris tant le recteur de la mosquée de Paris Dalil Boubakeur que la chargée de communication du Consistoire central de France et elle ajoute: « La liste des produits licites pour le Juif pratiquant, se trouve dans les publications régulièrement mises à jour du Beth Din de France. »
Et seul le yaourt nature trouve grâce auprès de cet organisme religieux chargé de codifier les us et coutumes juifs: tous deux ont reconnu leur ignorance sur cette question pourtant suffisamment grave pour avoir alerté la communauté musulmane de la Réunion.
'Pour quelques produits où la suppression de toute gélatine était impossible nous avons substitué la gélatine porcine à la gélatine bovine. Une gélatine d'origine végétale manquerait de stabilité.' Ce que confirme le responsable service des consommateurs de Danone.
Les fabricants, s'ils indiquent bien la présence de gélatine sur les étiquettes, mais 'oublient' de préciser qu'elle est à base de porc, comment peut – on leurs faire confiance ? Comment peuvent-ils prétendre qu’ils se conforment à la réglementation française en matière de l’étiquetage ? Et que font-ils de l’alimentation éthique ?
Lors de la visite du Salon international de l'alimentation, Patrick Ollier, président de la commission de l'assemblée nationale a d'ores et déjà annoncé, que la commission qu'il préside, allait commander un rapport d'information sur le sujet afin de trouver des formules satisfaisantes aux exigences d'une alimentation éthique. En attendant les mesures concrètes soyez vigilant à votre alimentation.