Religions

Mosquée de Montfermeil : la première pierre posée sans le maire

Rédigé par Merième Alaoui et H. Ben Rhouma | Jeudi 25 Juin 2015 à 19:15



La pose de la première pierre de la mosquée de Montfermeil, en Seine-Saint-Denis, en présence des responsables de l'ACMM, de Claude Bartolone, candidat à la présidence du Conseil régional Ile-de-France (au centre), et de Stéphane Troussel, président du Conseil général du 93 (à g.). Un événement organisé sans le maire Xavier Lemoine.
Un millier de musulmans - entre 1200 à 1500 personnes selon les organisateurs - se sont rassemblés, vendredi 19 juin, sous un soleil de plomb pour assister à la pose de la première pierre de leur future mosquée. Le lieu de culte tant attendu devrait sortir de terre dans deux ans, allée des Hortensias à Montfermeil (Seine-Saint-Denis) et pourra accueillir, selon les prévision, 3 000 personnes.

Avant la cérémonie, l’Association cultuelle des musulmans de Montfermeil (ACMM), propriétaire du terrain, a invité les fidèles à s’y rendre en cortège après la prière de l'après-midi (dohr) dans le pavillon qui fait office de salle de prière provisoire.

Fait marquant, Xavier Lemoine, maire et vice-président du Parti chrétien-démocrate, ne s'est pas déplacé à la cérémonie officielle malgré l'invitation de l'ACMM. « Nous lui avons même proposé d'échanger sur l'organisation de l'événement », sans succès, nous fait part Farid Kachour, vice-président de l'association. Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale et candidat à la région Ile-de-France pour le PS, était lui présent accompagnés de Stéphane Troussel, président du Conseil général de la Seine-Saint-Denis, et d'autres élus, mais également des consuls d’Algérie, de Tunisie, du Maroc et du Mali. Les travaux de la mosquée sont donc bel et bien lancés mais ils interviennent après de nombreux années conflits ouverts avec la municipalité.

La justice s'en mêle

L'absence du maire, élu à Montfermeil depuis 2002, s'explique par des relations houleuses entre lui et l'ACMM. En question, l’espace de prière provisoire actuel qui peut accueillir 600 fidèles comprenait une extension pour accueillir 400 personnes supplémentaires. Mais, en 2012, le maire, ordonne la destruction de cette dernière pour défaut des « normes de sécurité ». Depuis, une passe d’arme s’engage entre la communauté musulmane de la ville et l’édile. Un conflit qui ira jusqu’en justice.

Accusé d'avoir maintenu ouvert la mosquée malgré un arrêté municipal ordonnant la fermeture, le président de l'ACMM est reconnu coupable le 17 avril par le tribunal correctionnel de Bobigny pour « mise en danger d’autrui (risque immédiat de mort ou d’infirmité) par violation manifestement délibérée d’une obligation réglementaire de sécurité ou de prudence » en 2012.

Un nouveau départ espéré

« L’ensemble des membres du bureau de l’ACMM se portent solidaires de cette condamnation et en assument la pleine et entière responsabilité », avait alors indiqué l'association dans un communiqué. Mais l'amende que le président, en tant que personne morale, doit payer - 30 000€ - est moindre par rapport à celle que doit payer l’association, à savoir 100 000€, nous fait savoir Farid Kachour, qui assure que l'ACMM a fait appel de la décision. Celui-ci dénonce de longue date un acharnement.

L'extension de l'actuelle salle de prière a depuis été détruite. Malgré tout, le maire a été invité à la pose de la première pierre de la mosquée qui aurait été l'occasion d'un apaisement des relations. Il n'aura pas pris la peine de se déplacer pour ce moment qui fera date pour l'ACMM. Xavier Lemoine refusant toute solution de lieu de culte temporaire, la situation reste encore bloquée pour les musulmans de Montfermeil le temps des travaux du nouveau lieu de culte.

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