En kiosque depuis début mai, sous deux versions (anglophone et francophone), les numéros 2 et 3 du nouveau trimestriel New African Woman sont prévus pour le 15 juillet et le 14 octobre 2009.
Comment est né le projet New African Woman ?
Fériel Berraies Guigny : Afif Ben Yedder, président du groupe de presse britannique IC Publications, caressait depuis quelque temps le projet d’un féminin. Mon adhésion au groupe de IC Publications, datant d’il y a un an déjà, l’a encouragé en ce sens. Un jour il m’a convoqué dans son bureau, alors que j’étais déjà très engagée dans New African, il m’a lâché une bombe et m’a dit : « Je vais créer un magazine pour vous. » Je lui ai répondu du tac-au-tac en disant : « Non, vous allez créer un magazine, car vous avez trouvé la personne qui va le chapeauter » [rires]. Et le reste n’est plus que littérature !
Mais, blague à part, nous avons été encouragés par le fait qu’il y avait véritablement un manque incroyable à combler en Afrique. Nos distributeurs nous l’ont fait remarquer à maintes reprises : un féminin serait potentiellement un best-seller pour IC Publications, si l’on savait comment s’y prendre. À ce jour, il n’y a pas de panafricain féminin digne de ce nom. Un challenge pour nous à relever et une autre façon de montrer l’incroyable versatilité de notre groupe de presse.
Mes expériences, par ailleurs, avec plusieurs maisons de presse en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne, l’ont conforté dans son désir de mettre au monde un nouveau-né féminin pour IC Publications.
Mais, blague à part, nous avons été encouragés par le fait qu’il y avait véritablement un manque incroyable à combler en Afrique. Nos distributeurs nous l’ont fait remarquer à maintes reprises : un féminin serait potentiellement un best-seller pour IC Publications, si l’on savait comment s’y prendre. À ce jour, il n’y a pas de panafricain féminin digne de ce nom. Un challenge pour nous à relever et une autre façon de montrer l’incroyable versatilité de notre groupe de presse.
Mes expériences, par ailleurs, avec plusieurs maisons de presse en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne, l’ont conforté dans son désir de mettre au monde un nouveau-né féminin pour IC Publications.
En quoi le magazine est-il différent de Miss Ebène, Chocolate, Amina ou Gazelle ?
F. B. G. : Nous sommes un panafricain, féminin, engagé ; et nous militons pour un autre genre de presse. Généraliste, oui, nous le sommes, mais nous entrons en profondeur dans les thématiques que nous traitons. Nous privilégions le social, l’humanitaire, la géopolitique, l’environnement, toutes ces thématiques engagées qui doivent amener à nous poser de réelles questions sur les conditions de vie des femmes africaines où qu’elles soient dans le monde.
Nous ne voulons pas faire un magazine de la diaspora, nous ne voulons pas une presse « ethnique » ni « communautaire » Nous faisons une presse pour le « développement durable » des femmes de notre continent. Nous, Africaines de la diaspora, sommes privilégiées d’avoir des acquis que beaucoup de nos sœurs n’ont pas. Et nous voulons partager cela, tout au moins par l’information et le droit à une bonne information. Il est temps de lever le voile sur certains tabous, des non-dits, ou des on-dit qui plongent nos sœurs africaines dans le silence et l’ombre.
Nous voulons parler de l’Afrique par le biais des Africaines, des Afro-descendantes et même de celles qui ne le sont pas, du moment qu’elles apportent quelque chose à l’Afrique. Nous voulons aussi contrer les clichés réducteurs à l’encontre de nos terres d’origine. Non à l’afro- pessimisme et à sa surmédiatisation négativiste de l’Afrique.
Notre miroir à nous n’est pas déformé ! Nous sommes intimement convaincues que l’Afrique mérite une presse digne de ce nom : libre, indépendante, objective et intelligente !
Nous ne voulons pas faire un magazine de la diaspora, nous ne voulons pas une presse « ethnique » ni « communautaire » Nous faisons une presse pour le « développement durable » des femmes de notre continent. Nous, Africaines de la diaspora, sommes privilégiées d’avoir des acquis que beaucoup de nos sœurs n’ont pas. Et nous voulons partager cela, tout au moins par l’information et le droit à une bonne information. Il est temps de lever le voile sur certains tabous, des non-dits, ou des on-dit qui plongent nos sœurs africaines dans le silence et l’ombre.
Nous voulons parler de l’Afrique par le biais des Africaines, des Afro-descendantes et même de celles qui ne le sont pas, du moment qu’elles apportent quelque chose à l’Afrique. Nous voulons aussi contrer les clichés réducteurs à l’encontre de nos terres d’origine. Non à l’afro- pessimisme et à sa surmédiatisation négativiste de l’Afrique.
Notre miroir à nous n’est pas déformé ! Nous sommes intimement convaincues que l’Afrique mérite une presse digne de ce nom : libre, indépendante, objective et intelligente !
Pourquoi le magazine est-il plus présent en Afrique et moins en France ?
F. B. G. : J’ai répondu à cette question dans votre interrogation précédente : ce magazine est adressé à l’Afrique et nous voulons parler de ce qui se passe là-bas et non uniquement de ce qui se passe en France ou en Europe pour les communautés maghrébo-africaines.
L’Afrique est un continent fascinant, c’est un énorme marché en termes de lectorat, mais également en termes de sujets et d’histoires de vie marquantes, de personnalités qui méritent que l’on parle d’elles. Nous voulons faire le lien entre la diaspora et sa terre d’origine certes, mais il est aussi important d’être à l’écoute de l’africaine restée dans sa terre natale, de répondre à ses questions, à ses inquiétudes, de parler de ses combats et de ses victoires.
L’Afrique est un continent fascinant, c’est un énorme marché en termes de lectorat, mais également en termes de sujets et d’histoires de vie marquantes, de personnalités qui méritent que l’on parle d’elles. Nous voulons faire le lien entre la diaspora et sa terre d’origine certes, mais il est aussi important d’être à l’écoute de l’africaine restée dans sa terre natale, de répondre à ses questions, à ses inquiétudes, de parler de ses combats et de ses victoires.
Quelle est la ligne éditoriale de ce magazine féminin qui se veut « panafricain » ?
F. B. G. : Tout ce qui touche l’Afrique dans le monde entier nous intéresse. Les Afriques au pluriel, les diasporas afro-descendantes. Ce magazine est destiné à l’Afrique au féminin, aux femmes noires dans le monde, aux femmes qui sont dans le cœur africaines, même si dans le corps elles ne le sont pas ! Ce qui nous unit toutes ? La matrice originelle : Mama Africa !
Ce trimestriel est-il appelé à devenir, dans un avenir plus ou moins proche, un mensuel ?
F. B. G. : Nous l’espérons, mais nous avançons à pas lents mais sûrs. Le magazine est un nouveau-né. Il faut lui laisser le temps de grandir et de marquer son territoire. Tout dépendra également de la régie publicitaire, les plumes de talents ne suffisent pas, à elles seules, à faire vivre un journal.
L’équipe était-elle exclusivement féminine ?
F. B. G. : Absolument, les hommes ont déjà assez d’« espace » comme cela [sourires] ! Les femmes africaines et même les journalistes africaines n’ont pas toujours la place qu’elles méritent dans leur pays, faute de moyens et d’opportunités. Et notre magazine défend fermement ce droit, qui est encore un privilège pour elles sur le terrain.
Nous avons nos correspondantes sur le terrain et nous tenons à ce que le staff permanent soit composé de femmes africaines. Par ailleurs, les sujets que nous traitons sont ethnoculturels pour la plupart, et ils ne sont pas toujours légers qui plus est ; et il est important, quand on les traite, d’avoir la « mentalité » capable d’aller au-delà des messages !
Du reste, [sourires] je vois mal comment un journaliste africain pourrait aborder la question du viol, de la femme battue ou de l’excision en Afrique...
Nous avons nos correspondantes sur le terrain et nous tenons à ce que le staff permanent soit composé de femmes africaines. Par ailleurs, les sujets que nous traitons sont ethnoculturels pour la plupart, et ils ne sont pas toujours légers qui plus est ; et il est important, quand on les traite, d’avoir la « mentalité » capable d’aller au-delà des messages !
Du reste, [sourires] je vois mal comment un journaliste africain pourrait aborder la question du viol, de la femme battue ou de l’excision en Afrique...
Avec l’avènement d’Internet, n’est-ce pas un pari risqué de lancer une publication papier ?
F. B. G. : Du tout, il n’y a aucune comparaison à faire. Le plaisir d’avoir un magazine entre ses mains, de le sentir, de le toucher, de le chiffonner s’il le faut, on ne l’a pas devant un écran ! Le numérique est froid : il renvoie à une sorte d’anonymat ; et les nouvelles technologies de l’information, Internet et compagnie ont considérablement appauvri le métier.
Nous sommes les derniers dinosaures, férus d’une presse de qualité à l’ancienne, que même la révolution numérique ne pourrait ternir ! Quand vous voyez un beau magazine dans un kiosque, qu’il vous appelle et vous dit : « Achetez-moi car je suis beau », êtes-vous prête à y renoncer ? Non, je ne le crois pas, c’est un privilège qui se fait rare, je le concède, mais il reste irremplaçable.
Nous sommes les derniers dinosaures, férus d’une presse de qualité à l’ancienne, que même la révolution numérique ne pourrait ternir ! Quand vous voyez un beau magazine dans un kiosque, qu’il vous appelle et vous dit : « Achetez-moi car je suis beau », êtes-vous prête à y renoncer ? Non, je ne le crois pas, c’est un privilège qui se fait rare, je le concède, mais il reste irremplaçable.
Un site Internet New African Woman est-il à l’ordre du jour ?
F. B. G. : Non, pas pour l’instant, nous vendons une version Internet du magazine, mais nous tenons à le défendre pour l’instant dans sa version originale. Il ne faut pas brûler les étapes.