Monde

Nine Eleven : huit ans plus tard

Politique internationale

Rédigé par Leila Belghiti | Samedi 12 Septembre 2009 à 11:19

Le 11 septembre 2001, ou nine eleven, comme l’appellent les Américains. C’était il y a tout juste huit ans. Un jour qui a bouleversé la face du monde, une tragédie qui engendra des milliers de morts. L’Histoire manquait-elle de piquant à son goût ? Les impacts furent, en tout état de cause, immédiats et durables.



Ground Zero, à New York : la fin de la reconstruction pourrait n'avoir lieu qu'en 2036, le coût total est estimé à 12 milliards de dollars (Photo : Linus Gelber - Flickr)
Barack Obama a choisi, hier, de se recueillir devant le Pentagone pour commémorer le huitième anniversaire des attentats du 11-Septembre, en mémoire des 3 000 victimes de l’attaque terroriste, en compagnie de son épouse et du ministre de la Défense Robert Gates.

À quelques kilomètres de là, à New York, des milliers de personnes écoutaient religieusement l’hommage du vice-président Joe Biden, suivi de la lecture traditionnelle des noms des victimes de l’attentat, non loin du chantier d’où peine à sortir « Ground Zero », en lieu et place des tours jumelles. Peu après les cérémonies, les images du World Trade Center (New York) s’effondrant, puis celles du Pentagone, tous deux percutés par des avions de ligne détournés, défilent encore sur les petits écrans américains.

« Les saisons qui passent ne peuvent pas diminuer la douleur et le manque infligés ce jour-là ; le temps qui passe, le ciel noir ne pourront jamais atténuer la signification de cet instant », a déploré Barack Obama, sous une pluie battante.

Le Président des États-Unis a également réaffirmé son engagement dans la lutte contre le terrorisme : « Nous ne fléchirons jamais dans la défense de notre pays, nous ne faiblirons jamais dans la traque d’Al Qaida et des extrémistes qui lui sont alliés. » « Renouvelons ici notre détermination à combattre ceux qui ont perpétré cet acte barbare et qui continuent à nous vouloir du mal », a-t-il déclaré.

Une occasion, pour le Président, de tenter de rallier les Américains derrière la guerre en Afghanistan, entamée peu après les attaques du 11-Septembre (en novembre 2001), contre Al Qaida et les talibans.

Une guerre de plus en plus désapprouvée par les Américains ; un casse-tête sans pareil pour M. Obama. L’idée d’un renforcement militaire en Afghanistan divise même son propre parti.

L’ONU annonce que plus de 1 000 civils ont été tués dans les six premiers mois de 2009. 76 soldats étrangers, un record depuis 2001, sont morts en juillet. Depuis 2001, les opérations militaires américaines ont coûté plus de 1 000 milliards de dollars en Irak et en Afghanistan.

Musulmans et 11-Septembre

« Hey, Taliban ! », avait été interpellé de la sorte un musulman new-yorkais, alors qu’il se rendait au travail. C’était il y a huit ans. Et huit ans plus tard, les Américains de confession musulmane semblent enfin respirer. Moins pointés du doigt, plus sollicités… L’ère Obama leur est plutôt bien favorable.

Ils ont été des milliers à se rendre à la cérémonie de commémoration des événements du 11-Septembre, drapés des couleurs de l’Amérique. Et pour ceux qui se sont rendus à la mosquée pour les prières rituelles du Ramadan, la cérémonie s’est poursuivie, du haut du minbar.

D’autres ont préféré rester chez eux, comme Kamran Memon, un avocat de l’Illinois, qui confie à l’agence Associated Press ses craintes pour l’avenir : « Les gens sont peut-être moins en colère ou moins hostiles envers les musulmans (aujourd’hui), mais s’il y a une autre attaque, qu’adviendra-t-il de nous ? », s’interroge-t-il, « on va nous placer dans des camps d’internement ! »

Fait étonnant, il y aurait tout de même plus de 10 000 Américains qui embrassent la religion musulmane chaque année, selon un documentaire consacré au 11-Septembre sur la chaîne Arte en 2007.

Les amalgames perdurent

En France, comme partout en Occident, les amalgames assimilant l’islam au terrorisme n’ont pas épargné les citoyens de confession musulmane, leur rendant parfois le quotidien bien difficile. On se souvient de l’affaire des bagagistes à Roissy : toute présence d’un musulman barbu dans un aéroport devenait suspecte.

Climat tendu donc, et quête identitaire pour beaucoup d’entre eux. Le post-11-Septembre aura vu se multiplier la création d’associations et poussé à la gestion autonome accrue des lieux de culte : une communauté plus mûre ? Des paradoxes restent entiers. Une chose est sûre : le 11-Septembre a chamboulé la perception de l’islam, en France et en Europe.

Une contestation… qui rapporte gros

Les premiers à contester la version officielle des attentats du 11-Septembre ont été pour la plupart... Français ! Des contestations condamnées par la classe politique et certains intellectuels, et qui ont valu les excuses immédiates de leurs auteurs. Sur Internet pourtant, les sites qui défendent la théorie conspirationniste pullulent et ont vu leur nombre de visites s’accroître chaque jour.

Parmi eux, celui du très controversé Thierry Meyssan, journaliste français et auteur du livre L’Effroyable Imposture, pour lequel ce ne sont pas des avions qui ont fait s’effondrer le WTC mais bien une bombe déclenchée par les services américains. Sur le Web et en librairie, la guerre des pro- et anti- « théorie du complot » est déclarée. L’ouvrage de Meyssan est ainsi devenu un best-seller, traduit en vingt-huit langues…

Même le cinéma s’y met, avec un documentaire amateur, Loose Change, du réalisateur Dylan Avery, dont le DVD a été distribué à 1 million d’exemplaires dans le monde.

Le business pas mort

Pas moins d’une dizaine de films ont vu le jour après le 11 septembre. Un véritable business pour la production audiovisuelle. La 25e heure (Spike Lee, 2003), Vol 93 (Paul Greengrass, 2006), La Malédiction (John Moore, 2006), World Trade Center (Oliver Stone, 2006)... autant de films qui ont récolté des audiences plus que mémorables, et un chiffre d'affaires plus que satisfaisant…

Lundi soir, France 3 avait diffusé un documentaire inédit rassemblant les vidéos de professionnels ou d’amateurs prises au moment des faits, rassemblant près de 4,2 millions de téléspectateurs, le plaçant au troisième rang des audiences de la soirée.