Noire et musulmane. Grandir dans la minorité, par Fatima Adamou

Noire et musulmane. Grandir dans la minorité trace l'enfance et l'adolescence, dans les années 1980 et 1990, d'une Française issue de la diaspora comorienne. Elle livre, sous forme de petites chroniques, des bribes de son histoire, de son apprentissage de l’islam avec sa mère, de son vécu des mois du Ramadan en famille, de sa découverte de la diversité des pratiques et des croyances des musulmans ou encore de ses difficultés liées à sa couleur de peau.

Car il n’est pas chose aisée d'être une minorité dans une minorité : d’être Noir-e dans la société française, à l’école où ses cheveux étaient une curiosité (« On me les touchait, on me les coupait, même ! »), mais aussi de l'être au sein des communautés musulmanes, d’ascendance arabe en particulier, où la négrophobie est une sombre réalité.

« Nourrie en partie par la conception de fraternité (...) requise par notre religion », elle dit avoir été « choquée et attristée » des attitudes de certains musulmans vis-à-vis d'elle et de sa famille. « La fraternité ne nous incluait visiblement pas, nous restions noirs. Juste des Noirs. (…) J'ai grandi en sachant parfaitement que le rejet d'une personne à cause de sa couleur de peau n'était pas l'apanage des Blancs. »

Avec la fausse équation « Maghrébin égale islam », « beaucoup considéraient que les comportements des camarades de parents nord-africains était authentiquement musulmans », oubliant de séparer ce qui relevait de la religion de la culture, fait part Fatima Adamou, qui raconte aussi ses interactions avec des camarades d’école avec lesquels elle avait parfois droit au test « Vas-y, récite la Fatiha » pour les assurer qu’elle était musulmane…

Ce sont autant de petites anecdotes qui donnent du relief au vécu que nous livre modestement Fatima Adamou. Toutefois, l’ouvrage en auto-édition, d’une centaine de pages, laisse le lecteur sur sa faim. Parce que peu de livres apportent un éclairage sur la réalité dont elle temoigne, des pans de son récit autobiographique auraient gagné à être davantage développés sur un certain nombre d’aspects qu'elle a d’ailleurs eu l'occasion de développer ces dernières années sur Saphirnews, par une écriture incisive et sans concession, par exemple sur la nécessité pour les musulmans d'affronter les sujets qui font mal, sur les questions liées à l'égalité femmes-hommes en islam, ou encore sur le harcèlement sexuel dans les communautés musulmanes. Le tout avec une mise en perspective de la façon dont elle vit aujourd’hui son identité de Française, Noire et musulmane.

Mais Fatima Adamou affirme d’emblée, dans l’introduction, qu’elle n’a pas la prétention de raconter l'histoire des Noires musulmanes en France mais uniquement son histoire, « celle d'une femme qui a appris à accepter d'être minoritaire en France ».

« Je souhaite, à mon niveau, rappeler la diversité des musulmans en France et la complexité du contexte dans lequel ils ont évolué », nous indique l’auteure, qui déplore, depuis quelques années, l’apparition de groupes tentant « d’imposer un modèle du musulman type » et « une mésentente intergénérationnelle », avec « une jeune génération de musulmans (qui) reprochait à la plus ancienne, ses supposés manquements quant à la transmission de l’islam et la structuration du culte musulman ». Il faut prendre le livre comme il l’est, celui d’un témoignage personnel d’une Française de notre époque qui vit avec sérénité, sans ostentation particulière, ses multiples identités.

Présentation de l'éditeur

Comment c’est de grandir noire et musulmane en France ? Fatima Adamou, avec ce récit autobiographique, nous livre quelques éléments de réponse. Dans la France des années 1980-1990, elle nous raconte avec simplicité l’histoire de son apprentissage de la religion, l’islam et de sa découverte à l’adolescence de la diversité des musulmans tout en étant confrontée aux défis liés à sa couleur de peau. Ce récit s’adresse à celles et ceux désireux de découvrir des musulmans français avec leurs différents héritages.