L’information autour de la diffusion du film « Le Message » par Arte a, depuis près d'une semaine, inondé les réseaux sociaux, suscitant un véritable engouement. Pourquoi ? Pour deux raisons, je crois.
La première est que nous, musulmans, aimons follement notre Prophète. C'est une chose sur laquelle nos frères et sœurs d'autres confessions ou sans confession doivent être conscients. Muhammad, paix et salut sur lui, est notre modèle, notre direction, notre gouvernail. Nous l'aimons, l'honorons et lui vouons un respect sans égal.
Quand nous parlons de lui, quelque chose d'indescriptible nous envahit ; il nous procure bonheur et contentement, joie et sérénité. Il est la guérison de nos cœurs affolés et le remède à leurs maux. La simple évocation de son nom éteint les flammes de la colère et apaise les douleurs du corps du croyant. C'est lui, c'est Muhammad, puisse Dieu lui adresser Sa miséricorde et Son salut.
La première est que nous, musulmans, aimons follement notre Prophète. C'est une chose sur laquelle nos frères et sœurs d'autres confessions ou sans confession doivent être conscients. Muhammad, paix et salut sur lui, est notre modèle, notre direction, notre gouvernail. Nous l'aimons, l'honorons et lui vouons un respect sans égal.
Quand nous parlons de lui, quelque chose d'indescriptible nous envahit ; il nous procure bonheur et contentement, joie et sérénité. Il est la guérison de nos cœurs affolés et le remède à leurs maux. La simple évocation de son nom éteint les flammes de la colère et apaise les douleurs du corps du croyant. C'est lui, c'est Muhammad, puisse Dieu lui adresser Sa miséricorde et Son salut.
C'est nous, musulmans, qui, de par notre comportement, salissons son image
Jusqu'à un passé pas très lointain que personnellement j'ai vu et vécu, l'évocation du nom du Prophète calmait les esprits de deux personnes prêtes à en découdre. En comorien par exemple, pour apaiser la douleur ou la colère de quelqu'un, on dit tout bonnement: « Swala mhamadi », mhamadi étant l'adaptation phonétique du noble prénom de la plus bonne créature de Dieu. « Swala mhamadi » est, voyez-vous, synonyme de « Calme-toi ». Ceci n'est qu'un exemple parmi d'autres de ce que le Prophète représente pour nous, musulmans, ce qu'il vaut réellement, afin que les non-musulmans comprennent combien nous pouvons être peinés et torturés dans notre chair quand il est insulté ou caricaturé.
L'autre raison, et c'est aux musulmans que je m'adresse maintenant, est que cela nous plaît au plus haut point qu'enfin, on parle positivement du Prophète dans les médias. Nous souffrons, et c'est normal, de l'image qu'ils en donnent : quelqu'un de dur, de méchant, d'inhumain. Ce qui est tout sauf vrai.
Mais le souci, c'est que c'est nous, musulmans, qui, de par notre comportement, salissons son image aux yeux des gens et les dégoûtons, par notre ignorance, de notre belle religion. C'est une vérité très amère, une pilule très difficile à avaler. Au lieu de nous regarder pour pouvoir nous corriger, nous cherchons des coupables ailleurs.
L'autre raison, et c'est aux musulmans que je m'adresse maintenant, est que cela nous plaît au plus haut point qu'enfin, on parle positivement du Prophète dans les médias. Nous souffrons, et c'est normal, de l'image qu'ils en donnent : quelqu'un de dur, de méchant, d'inhumain. Ce qui est tout sauf vrai.
Mais le souci, c'est que c'est nous, musulmans, qui, de par notre comportement, salissons son image aux yeux des gens et les dégoûtons, par notre ignorance, de notre belle religion. C'est une vérité très amère, une pilule très difficile à avaler. Au lieu de nous regarder pour pouvoir nous corriger, nous cherchons des coupables ailleurs.
L'image que les gens ont de l'islam et du Prophète, c'est nous qui la leur donnons
J'ai vu, au détour d'un échange sur Facebook, un de mes étudiants se plaindre à l'avance des platitudes qu'il allait entendre à la mosquée pendant le sermon du vendredi, alors que la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem est menacée. Il escomptait, à raison, que les gens parlent des injustices et des humiliations que subissent au quotidien les Palestiniens. Mais il oublie que des gens parlent depuis 60 ans et plus de ces injustices, avec les mots les plus durs et les phrases les plus éloquentes, sans que cela ait changé quoique ce soit.
La résistance et la dénonciation doivent en réalité commencer par nous, par notre personne, avant de nous mettre à dénoncer l’autre, ou tout du moins le faire en même temps. Le souci est que parfois, voire souvent, quand on dénonce l'autre, c'est pour éviter de nous dénoncer nous-mêmes.
L'image que les gens ont de l'islam et du Prophète, c'est nous qui la leur donnons. Comme je le dis dans mon prochain livre Épîtres à un jeune français musulman (et d'autres que moi avant moi l'ont dit), les pires caricatures que l'on puisse faire de notre bien-aimé Prophète, nous, les musulmans, en sommes les auteurs.
Se faire aimer des gens est un des objectifs de notre religion, mais où en sommes-nous ? Où en sont certains parmi nous ? Entre bigoterie et je ne sais quel enfermement, ils nous coupent du monde, portent un regard négatif sur la vie et le monde, poussent et invitent à la violence. Quelle image peuvent avoir les gens de celui dont ils disent être les adeptes et de la religion dont ils disent être les croyants ? Soyons un instant honnêtes avec nous-mêmes. Il y a 1234 ans, l’imam Al Shafi'i disait : « Nous critiquons notre temps, alors que le défaut est en nous. Notre temps n'a pas d'autres défauts que nous. Nous injurions notre temps à tort. S'il pouvait parler, il nous vilipenderait. »
La résistance et la dénonciation doivent en réalité commencer par nous, par notre personne, avant de nous mettre à dénoncer l’autre, ou tout du moins le faire en même temps. Le souci est que parfois, voire souvent, quand on dénonce l'autre, c'est pour éviter de nous dénoncer nous-mêmes.
L'image que les gens ont de l'islam et du Prophète, c'est nous qui la leur donnons. Comme je le dis dans mon prochain livre Épîtres à un jeune français musulman (et d'autres que moi avant moi l'ont dit), les pires caricatures que l'on puisse faire de notre bien-aimé Prophète, nous, les musulmans, en sommes les auteurs.
Se faire aimer des gens est un des objectifs de notre religion, mais où en sommes-nous ? Où en sont certains parmi nous ? Entre bigoterie et je ne sais quel enfermement, ils nous coupent du monde, portent un regard négatif sur la vie et le monde, poussent et invitent à la violence. Quelle image peuvent avoir les gens de celui dont ils disent être les adeptes et de la religion dont ils disent être les croyants ? Soyons un instant honnêtes avec nous-mêmes. Il y a 1234 ans, l’imam Al Shafi'i disait : « Nous critiquons notre temps, alors que le défaut est en nous. Notre temps n'a pas d'autres défauts que nous. Nous injurions notre temps à tort. S'il pouvait parler, il nous vilipenderait. »
Se conformer à son désir de liberté, d'égalité et de fraternité
Moralité, le meilleur film que nous, musulmans, puissions faire sur le Prophète et l'islam, c'est nous et notre comportement. Et il n'a besoin ni de budget de production, ni de diffusion. Le scénario est des moins chers qui soient : se conformer à son désir de liberté, d'égalité et de fraternité. « J'atteste que tous les humains sont frères », disait le Prophète après chaque prière.
Par la liberté, nous reconnaîtrons à chacun le droit de vivre comme bon lui semble, dès l'instant où il ne nuit pas à la vie en communauté, de croire ou de ne pas croire, car seul un comportement pharaonard (néologisme de Pharaon) cherche à imposer une foi particulière aux gens et seul un esprit laïcard interdit aux gens de croire ce qu'ils veulent et comme ils l’entendent. Les versets du Coran qui nous résument cela, il en existe une ribambelle.
Par l'égalité, nous ne traiterons personne différemment de nous, en terme de droit et de justice, et nous éviterons de répondre à l'injustice autrement que proportionnellement ou par le pardon, puisqu'il n'est permis à personne d'être injuste. Or aujourd'hui, on voit certains parmi les nôtres rendre pour un coup reçu deux, voire trois coups.
Par la liberté, nous reconnaîtrons à chacun le droit de vivre comme bon lui semble, dès l'instant où il ne nuit pas à la vie en communauté, de croire ou de ne pas croire, car seul un comportement pharaonard (néologisme de Pharaon) cherche à imposer une foi particulière aux gens et seul un esprit laïcard interdit aux gens de croire ce qu'ils veulent et comme ils l’entendent. Les versets du Coran qui nous résument cela, il en existe une ribambelle.
Par l'égalité, nous ne traiterons personne différemment de nous, en terme de droit et de justice, et nous éviterons de répondre à l'injustice autrement que proportionnellement ou par le pardon, puisqu'il n'est permis à personne d'être injuste. Or aujourd'hui, on voit certains parmi les nôtres rendre pour un coup reçu deux, voire trois coups.
Le juge de ce film est Dieu
Enfin, par la fraternité, nous aimerons nos concitoyens comme nous nous aimons nous-mêmes. La bigoterie de ceux qui disent que nous ne pouvons pas souhaiter de joyeuses fêtes à nos concitoyens au motif fallacieux que nous les encourageons à rester dans l'erreur et la mécréance est à bannir une bonne fois pour toutes. Nous sommes d'abord humains avant d'être quoique que ce soit d'autre. Aimer nos proches, nos amis, quelles que soient leurs fois ou leur non-foi, est quelque chose d'humain. S'y opposer, c'est s'embarquer dans le bateau ivre de la schizophrénie, qui transporte, hélas, beaucoup parmi les nôtres.
Quant aux acteurs, c'est nous, musulmans. Les spectateurs ce sont les autres, y compris les non-musulmans. Nous devons travailler à les adopter, pour qu'ils nous adoptent. Le juge de ce film est Dieu. La récompense n'est rien d'autre que les oscars du Paradis. Alors, au travail, amis réalisateurs. Notre film tourne. Soyons-en les réalisateurs, les scénaristes et les acteurs.
*****
Mohamed Bajrafil est imam de la mosquée d’Ivry-sur-Seine, théologien et auteur de l’ouvrage « Islam de France, l’an I ».
Quant aux acteurs, c'est nous, musulmans. Les spectateurs ce sont les autres, y compris les non-musulmans. Nous devons travailler à les adopter, pour qu'ils nous adoptent. Le juge de ce film est Dieu. La récompense n'est rien d'autre que les oscars du Paradis. Alors, au travail, amis réalisateurs. Notre film tourne. Soyons-en les réalisateurs, les scénaristes et les acteurs.
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