Société

Nouvelle crise électorale au CFCM

Rédigé par Bamba Amara | Mardi 15 Février 2005 à 00:00

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) replonge dans les méandres de la politique politicienne. La réélection de son Conseil d’administration déjà reportée au 5 juin est remise en cause par la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF). Son président Mohammed Bechari, estime qu’avant de se focaliser sur les élections du 5 juin le CFCM doit d’abord pacifier la base. Mais pour M. Lhaj Thami Breze, président du l’UOIF, il s’agit simplement d’un recul motivé par « la peur d’aller aux élections ».



Le Conseil français du culte musulman (CFCM) replonge dans les méandres de la politique politicienne. La réélection de son Conseil d’administration déjà reportée au 5 juin est remise en cause par la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF). Son président Mohammed Bechari, estime qu’avant de se focaliser sur les élections du 5 juin le CFCM doit d’abord pacifier la base. Mais pour M. Lhaj Thami Breze, président du l’UOIF, il s’agit simplement d’un recul motivé par ' la peur d’aller aux élections '.

' Dominique De Villepin est très en colère ' nous dit-on. Il y a de quoi, en effet. Le CFCM a connu une première crise sérieuse suite à la menace de la Grande mosquée de Paris (GMP) qui souhaitait la révision du règlement des élections. Le règlement actuel n’est pas favorable à la mosquée dirigée par le Dr Dalil Boubakeur. Il semblait alors admis par les autres membres du Conseil d’administration du CFCM. Il a donc fallu palabrer longuement pour faire entendre raison au Recteur de la GMP et Président en exercice du CFCM. Coup de griffes médiatiques et petites phrases assassines avaient essayé de faire passer le Recteur pour un antidémocrate qui roule pour son propre minaret. La FNMF et l’UOIF, les deux autres poids lourds du CFCM, passaient alors pour les porte flambeau de la volonté d’expression démocratique qui préside à l’institutionnalisation de l’Islam en France.

La FNMF est plutôt confiante

En décidant de rameuter les membres du Conseil d’administration du CFCM vers un report des élections, la FNMF explique que les ' Conseils régionaux ne sont pas prêts pour des élections. Au lieu d’inscrire cette date sur un agenda politique, il faut auparavant répondre au malaise des régions.' Et M. Bechari d’évoquer sa demande d’un observatoire de l’islamophobie qui n’a toujours pas vu le jour, tout comme la situation administrative de ' nombreux imams qui ne sont pas régularisables, ne sont pas expulsables mais sont menacés d’expulsion '. La maigreur du bilan du CA actuel constitue donc l’argumentation officielle avancée par le président de la FNMF pour ' dire que la date du 5 juin ne doit pas figurer dans un agenda politique. Ceci pour écouter le message des régions. Car la question a été posée pour la première fois par le Conseil régional du culte musulman de la région PACA ', un conseil qui n’est pas tenu par la FNMF.

Sur le terrain, M. Bechari s’est engagé dans un vaste mouvement de reforme interne de son mouvement auquel il essaye de donner le caractère national qu’il est loin d’avoir. Vice-président du CFCM, Secrétaire général de la Conférence islamique européenne, M. Bechari âgé de seulement 36 ans souhaite certainement ménager ses atouts pour briguer un mandat à la tête du CFCM. Seulement, au contraire de l’UOIF qui investit le terrain associatif, la FNMF est essentiellement à la tête de mosquées. Elle occupe néanmoins 18 sièges sur les 41 du Conseil d’administration du CFCM, auxquels s’ajoutent quatre postes de personnalités cooptées. Mais la FNMF a encore besoin de se manifester sur le plan national au travers d’autres actions afin de se hisser à la hauteur de la représentativité qu’exige un organe national à caractère politique comme le CFCM. Il lui faut donc du temps. Le colloque qu’elle a tenu le 19 juin 2004 à Paris, sur ' Les conventions et les traités des droits de l’homme entre la théorie et la pratique ' tente une percée dans ce sens. Et dans un riche entretien qu’il accorde à notre confrère sezame.info, M. Bechari est confiant et souhaite faire mieux aux prochaines élections du CFCM.

L’UOIF est contre le report

Pour Lhaj Breze, président de l’UOIF, il n’est pas question de reporter ces élections et cela pour plusieurs raisons. ' D’abord cela ne fait pas sérieux de ne pas tenir des engagements pris ensemble en toute liberté. Mais aussi par rapport à la base, le report serait illégal puisqu’il prolongerait le mandat du Conseil actuel d’environ un an au-delà de son terme '. En effet, passé le mois de juin, les mois de juillet et août sont des mois de vacances. Septembre est celui de la rentrée suivi du mois de ramadan qui précède les préparatifs du Hajj. Tout compte fait ' un report nous conduirait à envisager les élections au mois de février 2006 ! ' s’exclame le Président du l’UOIF qui se dit ' prêt à aller aux élections dans deux semaines s’il le faut '. En attendant, l’UOIF prévoit de demander une convocation d’urgence de l’Assemblée générale du CFCM afin qu’elle se prononce une bonne fois pour toute sur cette question de report. Le CFCM a bien d’autres chats à fouetter.