Une nouvelle fois, les habitants des quartiers populaires ainsi que ceux des zones périurbaines sont les grands oubliés de la démocratie représentative à bout de souffle. A la présidentielle, ils ont voté en masse Union populaire pour les uns, extrême droite de l’autre.
Très prévisiblement, les investitures aux législatives suscitent de l’amertume comme jamais auparavant, surtout dans les cités comme le relève L’Echo Républicain. Elles ne reflètent ni les personnes qui y vivent, ni leurs priorités. « On a appelé à voter Mélenchon parce qu’on n’avait pas le choix et pas mieux », clame haut et fort Mornia Labssi, une habitante de Nanterre auprès d’une assemblée réunie pour s’organiser les forces vives des quartiers populaires en dehors des appareils politiques à Stains dimanche 8 mai, relève Mediapart. C’est donc aussi, dans les banlieues, un vote par dépit.
D’ailleurs, un contre éclairage très intéressant publiée dans La Croix montre que l’électorat de Mélenchon et celui de Macron sont en réalité beaucoup plus proches qu’on ne pourrait intuitivement l’imaginer. Ils sont des Français plutôt mondialistes avec un tempérament plus heureux et pragmatique que la moyenne. Des Français « anywhere » qui aiment et surtout ont la possibilité de voyager à travers le monde. La vie des « Français de partout » semble plus aisée et plus douce. A contrario, les Français du périurbain votant pour l’extrême droite et les habitants des quartiers votant par défaut Mélenchon sont des « somewhere », c’est-à-dire des Français attachés ou enchainés à leurs territoires et à leurs barres HLM. La vie de ces « somewhere » est donc beaucoup plus âpre et difficile mue par un sentiment de stagnation, voire de déclassement social. Ces « somewhere » occupant les emplois dit essentiels ou vivant de minima sociaux n’ont pas la possibilité eux de se déplacer. Ils se contentent aujourd’hui des plateformes vidéos type Netflix, Amazon et, demain, des métavers pour y découvrir d’autres subjectivités et de nouveaux horizons.
Les « anywhere » et les « somewehere » représentent les nouveaux avatars des deux camps qui ont souvent mis sous tension l’histoire de France. Leurs voix sont étouffées par deux autres camps qui saturent tout l’espace politique médiatique pour l’un, et l’espace décisionnel pour l’autre.
L’un regroupe tout ce qui s’apparente au populisme, l’autre à la technocratie. Ironie du moment, c’est que chacun des deux camps regroupe ses propres souverainistes, europhiles et mondialistes. Sans que les solutions concrètes et réalistes aux vies difficiles des habitants des quartiers et du périurbain, dits les « somewhere », ne soient apportées. Ils réclament chacun une certaine forme de protection de l’État, une mobilité émancipatrice mais surtout de la dignité.
Nous tournons en rond et, pendant ce temps, les extrêmes fracturent de toutes parts la nation et les bonnets rouges, les Gilets jaunes et autres avatars surgissent. Il est donc devenu urgent de mettre en œuvre une méthode qui favorise la circulation et le mélange des habitants, des idées, des imaginaires de ce pays. Après tout, n’est-ce pas la vocation de notre République, au travers de ses valeurs « Liberté, Egalite, Fraternité » auxquelles nous devons ajouter Laïcité. Cette méthode de gouvernement doit absolument tenir compte des mutations anthropologiques irréversibles de notre monde, causées notamment par la révolution numérique. Notre jeune président, plus libre par ce second mandat, doit associer au pouvoir la société civile et la diversité non pas par de simples effets d’affichage mais par des mécanismes qui prennent en compte la multitude. A minima en tenir compte et mesurer en temps réel ses attentes par des outils novateurs.
Très prévisiblement, les investitures aux législatives suscitent de l’amertume comme jamais auparavant, surtout dans les cités comme le relève L’Echo Républicain. Elles ne reflètent ni les personnes qui y vivent, ni leurs priorités. « On a appelé à voter Mélenchon parce qu’on n’avait pas le choix et pas mieux », clame haut et fort Mornia Labssi, une habitante de Nanterre auprès d’une assemblée réunie pour s’organiser les forces vives des quartiers populaires en dehors des appareils politiques à Stains dimanche 8 mai, relève Mediapart. C’est donc aussi, dans les banlieues, un vote par dépit.
D’ailleurs, un contre éclairage très intéressant publiée dans La Croix montre que l’électorat de Mélenchon et celui de Macron sont en réalité beaucoup plus proches qu’on ne pourrait intuitivement l’imaginer. Ils sont des Français plutôt mondialistes avec un tempérament plus heureux et pragmatique que la moyenne. Des Français « anywhere » qui aiment et surtout ont la possibilité de voyager à travers le monde. La vie des « Français de partout » semble plus aisée et plus douce. A contrario, les Français du périurbain votant pour l’extrême droite et les habitants des quartiers votant par défaut Mélenchon sont des « somewhere », c’est-à-dire des Français attachés ou enchainés à leurs territoires et à leurs barres HLM. La vie de ces « somewhere » est donc beaucoup plus âpre et difficile mue par un sentiment de stagnation, voire de déclassement social. Ces « somewhere » occupant les emplois dit essentiels ou vivant de minima sociaux n’ont pas la possibilité eux de se déplacer. Ils se contentent aujourd’hui des plateformes vidéos type Netflix, Amazon et, demain, des métavers pour y découvrir d’autres subjectivités et de nouveaux horizons.
Les « anywhere » et les « somewehere » représentent les nouveaux avatars des deux camps qui ont souvent mis sous tension l’histoire de France. Leurs voix sont étouffées par deux autres camps qui saturent tout l’espace politique médiatique pour l’un, et l’espace décisionnel pour l’autre.
L’un regroupe tout ce qui s’apparente au populisme, l’autre à la technocratie. Ironie du moment, c’est que chacun des deux camps regroupe ses propres souverainistes, europhiles et mondialistes. Sans que les solutions concrètes et réalistes aux vies difficiles des habitants des quartiers et du périurbain, dits les « somewhere », ne soient apportées. Ils réclament chacun une certaine forme de protection de l’État, une mobilité émancipatrice mais surtout de la dignité.
Nous tournons en rond et, pendant ce temps, les extrêmes fracturent de toutes parts la nation et les bonnets rouges, les Gilets jaunes et autres avatars surgissent. Il est donc devenu urgent de mettre en œuvre une méthode qui favorise la circulation et le mélange des habitants, des idées, des imaginaires de ce pays. Après tout, n’est-ce pas la vocation de notre République, au travers de ses valeurs « Liberté, Egalite, Fraternité » auxquelles nous devons ajouter Laïcité. Cette méthode de gouvernement doit absolument tenir compte des mutations anthropologiques irréversibles de notre monde, causées notamment par la révolution numérique. Notre jeune président, plus libre par ce second mandat, doit associer au pouvoir la société civile et la diversité non pas par de simples effets d’affichage mais par des mécanismes qui prennent en compte la multitude. A minima en tenir compte et mesurer en temps réel ses attentes par des outils novateurs.
L'avènement de la multitude
La multitude, ce sont en France des millions de citoyens qui ont dans leur poche jusqu’à 100 000 fois la puissance de calcul que celle embarquée dans Apollo 11 conjuguée à un esprit surélevé par l’éducation de masse. La pluralité des parcours de vie, des subjectivités qui habitent ce pays, construisent des relations de pair à pair où la confiance est distribuée horizontalement, d’où la méfiance à l’égard des institutions qui sont ontologiquement verticales. Ces données doivent être prises en considération pour émanciper une démocratie aujourd’hui corsetée par les institutions de la Ve République. Il nous semble toutefois illusoire de changer de République si les responsables politiques ne modifient pas leurs modes de pensée et d’agir.
En effet, il faut avant tout se rendre compte que, paradoxalement, notre monde s’est réduit à deux dimensions. Dans ce monde plat où les reliefs ont disparu, chaque chose est devenue égale à l’autre. Ainsi, une information produite par l’AFP ou Reuters aura la même autorité, sinon moindre, qu’une information fantaisiste diffusée par un obscur compte Twitter. C’est l’environnement idéal pour la diffusion des fake news dont certaines peuvent facilement être diffusées par les services d'intelligence de pays autoritaires dans le but de déstabiliser nos démocraties. Sans parler des dispositifs psychosociologiques liés au complotisme, aux biais de confirmation et, de façon générale, aux récits politiques qui épousent les états d’âme du moment, contribuant ainsi à la banalité du mal au sens d’Hannah Arendt. Les sujets de discorde sont nombreux : Protocoles des Sages de Sion, antivax, Terre plate…
De même, dans ce monde réduit à une feuille A4, il est temps d’acter la mort des partis politiques comme lieu d’émergence d’élites politiques au service de la démocratie représentative. Sans parler des nombreux artistes, écrivains utilisés afin d’essayer d’interfacer le monde politique avec la multitude qui leur échappe. On pense aux Youtubeurs Mc Fly et Carlito durant les années Macron, mais aussi à Faudel ou Doc Gynéco, carrément sacrifiés sous l’ère Sarkozy.
La technostructure vacille. Sombre-t-elle aussi dans la victimisation incriminant le rejet des élites. Pour agir sur le réel, elle use comme elle peut d’outils démocratiques totalement obsolètes tout en continuant d’utiliser des mots dépassés pour décrire les enjeux sociétaux. Les Français et, de manière générale, la multitude ne sont plus « des veaux ». Jusqu’à présent, seuls les GAFAM et les BATX ont su tirer avantage de la multitude.
En effet, il faut avant tout se rendre compte que, paradoxalement, notre monde s’est réduit à deux dimensions. Dans ce monde plat où les reliefs ont disparu, chaque chose est devenue égale à l’autre. Ainsi, une information produite par l’AFP ou Reuters aura la même autorité, sinon moindre, qu’une information fantaisiste diffusée par un obscur compte Twitter. C’est l’environnement idéal pour la diffusion des fake news dont certaines peuvent facilement être diffusées par les services d'intelligence de pays autoritaires dans le but de déstabiliser nos démocraties. Sans parler des dispositifs psychosociologiques liés au complotisme, aux biais de confirmation et, de façon générale, aux récits politiques qui épousent les états d’âme du moment, contribuant ainsi à la banalité du mal au sens d’Hannah Arendt. Les sujets de discorde sont nombreux : Protocoles des Sages de Sion, antivax, Terre plate…
De même, dans ce monde réduit à une feuille A4, il est temps d’acter la mort des partis politiques comme lieu d’émergence d’élites politiques au service de la démocratie représentative. Sans parler des nombreux artistes, écrivains utilisés afin d’essayer d’interfacer le monde politique avec la multitude qui leur échappe. On pense aux Youtubeurs Mc Fly et Carlito durant les années Macron, mais aussi à Faudel ou Doc Gynéco, carrément sacrifiés sous l’ère Sarkozy.
La technostructure vacille. Sombre-t-elle aussi dans la victimisation incriminant le rejet des élites. Pour agir sur le réel, elle use comme elle peut d’outils démocratiques totalement obsolètes tout en continuant d’utiliser des mots dépassés pour décrire les enjeux sociétaux. Les Français et, de manière générale, la multitude ne sont plus « des veaux ». Jusqu’à présent, seuls les GAFAM et les BATX ont su tirer avantage de la multitude.
L’intelligence collective au service de notre République
Désormais, c’est au tour de nos démocraties. Les institutions devront reconquérir leur pouvoir symbolique en proposant d’autres rapports comme la demande de permission, en proposant des choses à faire et en interagissant avec les sollicitations des citoyens. Sans oublier de régénérer leur Deep State en lien toujours avec la multitude.
Sans nécessairement passer à la VIe République, il est donc temps, comme l’a annoncé Emmanuel Macron, le soir de sa réélection de « changer de méthode ». Face à ce monde en pleine mutation, il est nécessaire d’adopter la complexité d’Edgar Morin comme méthode de gouvernance.
Dans ce monde plat, il est désormais devenu indispensable d’élever des méta-niveaux tout en concevant des dispositifs sur un tempo rythmé sur du « en même temps » mais qui, de surcroît, embrassent les aspects contradictoires d’un même phénomène au lieu de les repousser.
Citons un exemple concret où l’articulation de la transcendance à l’immanence du pouvoir a pu stimuler une forme d’intelligence collective qui a été décisive dans le processus en cours de résolution d’un dossier compliqué. Le dialogue entre l’État et l’islam, sujet réputé comme l’un des plus difficiles de ces 40 dernières années, a mis à l’épreuve de nombreuses administrations successives. Après l’échec du CFCM, l’État a enfin compris qu’il était préférable de confier ce sujet très sensible à des musulmans identifiés par le biais du Bureau central des cultes (BCC) et de ses préfets au lieu d’imposer un représentant unique et centralisé. Il s’est contenté de suivre le design de l’infrastructure logicielle nommé FORIF afin de mettre en réseau ces ressources. Libre ensuite à ces acteurs musulmans de définir les contours et le contenu de leur institution indépendamment de l’État, loi de séparation des Églises et de l’État oblige.
La multitude, les citoyens peuvent ainsi redonner des supers pouvoirs à un président souvent considéré par les souverainistes comme un roi nu. Et inversement, le président peut redonner des superpouvoirs aux citoyens selon le fameux principe de rétroaction théorisé par Edgar Morin et que nous pourrions appliquer dans l’exercice du pouvoir.
Ainsi, la rétroaction n’a pas seulement pour but de corriger l’action présidentielle ou gouvernementale d’un côté et l’expérience des administrés de l’autre, mais elle offre également des processus génératifs, c’est-à-dire qu’elle libère et renforce les capacités de chacun. Une formule comme Make.org par exemple nous fait passer d’une communauté de destin à une communauté de dessein ou, autrement dit du « vivre ensemble », c’est-à-dire de simples consommateurs juxtaposés les uns à côté des autres, au « faire ensemble » dans lequel nous produisons ensemble notre futur par le biais de larges consultations populaires avant de bâtir des actions collectives légitimées par la multitude.
Le président devra donc choisir la méthode de gouvernance qui scelle une alliance avec la multitude, selon l’approche des théories de la complexité développées par Edgar Morin. Cette alliance émancipatrice saura ainsi libérer le Mozart qui sommeille en chacun de nous.
Lire aussi :
L’extrême droite au plus haut, l’hiver vient ! La France face à elle-même
Macron doit muscler sa jambe gauche !
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Dans ce monde plat, il est désormais devenu indispensable d’élever des méta-niveaux tout en concevant des dispositifs sur un tempo rythmé sur du « en même temps » mais qui, de surcroît, embrassent les aspects contradictoires d’un même phénomène au lieu de les repousser.
Citons un exemple concret où l’articulation de la transcendance à l’immanence du pouvoir a pu stimuler une forme d’intelligence collective qui a été décisive dans le processus en cours de résolution d’un dossier compliqué. Le dialogue entre l’État et l’islam, sujet réputé comme l’un des plus difficiles de ces 40 dernières années, a mis à l’épreuve de nombreuses administrations successives. Après l’échec du CFCM, l’État a enfin compris qu’il était préférable de confier ce sujet très sensible à des musulmans identifiés par le biais du Bureau central des cultes (BCC) et de ses préfets au lieu d’imposer un représentant unique et centralisé. Il s’est contenté de suivre le design de l’infrastructure logicielle nommé FORIF afin de mettre en réseau ces ressources. Libre ensuite à ces acteurs musulmans de définir les contours et le contenu de leur institution indépendamment de l’État, loi de séparation des Églises et de l’État oblige.
La multitude, les citoyens peuvent ainsi redonner des supers pouvoirs à un président souvent considéré par les souverainistes comme un roi nu. Et inversement, le président peut redonner des superpouvoirs aux citoyens selon le fameux principe de rétroaction théorisé par Edgar Morin et que nous pourrions appliquer dans l’exercice du pouvoir.
Ainsi, la rétroaction n’a pas seulement pour but de corriger l’action présidentielle ou gouvernementale d’un côté et l’expérience des administrés de l’autre, mais elle offre également des processus génératifs, c’est-à-dire qu’elle libère et renforce les capacités de chacun. Une formule comme Make.org par exemple nous fait passer d’une communauté de destin à une communauté de dessein ou, autrement dit du « vivre ensemble », c’est-à-dire de simples consommateurs juxtaposés les uns à côté des autres, au « faire ensemble » dans lequel nous produisons ensemble notre futur par le biais de larges consultations populaires avant de bâtir des actions collectives légitimées par la multitude.
Le président devra donc choisir la méthode de gouvernance qui scelle une alliance avec la multitude, selon l’approche des théories de la complexité développées par Edgar Morin. Cette alliance émancipatrice saura ainsi libérer le Mozart qui sommeille en chacun de nous.
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